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Psychose collective : ces énormes progrès environnementaux que ne veulent pas voir les déprimés de la planète
©Reuters

Innovation et évolution

Aucun système dans le monde, ni dans l’histoire n’a été meilleur -ou moins pire- pour l’environnement que le capitalisme adossé aux démocraties libérales. Quels sont les domaines ayant bénéficié de l'innovation apportée par la croissance des économies capitalistes ?

Jacques Brasseul

Jacques Brasseul

Jacques Brasseul est ancien élève de l'École normale supérieure de Cachan, agrégé des techniques économiques de gestion, docteur d'État ès-sciences économiques de l'université de Lyon, et professeur des universités en sciences économiques. Il est notamment l'auteur de l'ouvrage Petite histoire des faits économiques: Des origines à nos jours.

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Marcel Kuntz

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de Physiologie Cellulaire Végétale. Il est Médaille d'Or 2017 de l'Académie d'Agriculture de France

Il est également enseignant à l’Université Joseph Fourier, Grenoble.

Il tient quotidiennement le blog OGM : environnement, santé et politique et il est l'auteur de Les OGM, l'environnement et la santé (Ellipses Marketing, 2006). Il a publié en février 2014 OGM, la question politique (PUG).

Marcel Kuntz n'a pas de revenu lié à la commercialisation d'un quelconque produit. Il parle en son nom, ses propos n'engageant pas son employeur.

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Atlantico.fr : Au regard de l'histoire, le système capitaliste, lorsqu'il est associé à une démocratie libérale, est-il un allié de l'environnement ? Quels domaines ont pu particulièrement bénéficier de l'innovation apportée par la croissance des économies capitalistes ?

Jacques Brasseul : Pour nombre de militants écologistes, le capitalisme est responsable, responsable des dégâts sur l’environnement, surtout bien sûr depuis deux siècles, depuis le grand tournant de la révolution industrielle. Toutes les catastrophes du genre Minamata, Torrey Canyon ou Seveso sont bien sûr liées à l’industrialisation. Sans elle, qui est pourtant aussi responsable de la sortie de la misère de masse pour une partie toujours croissante de l’humanité, sans l’industrialisation donc, pas de ces accidents de pollution abominables, nous serions restés dans un monde rural et champêtre, bien loin de ces risques industriels.

Cette vision cependant mérite d’être nuancée. La bifurcation commencée dans les années 1760 avec la révolution industrielle, une deuxième révolution économique après celle du néolithique (l’invention de l’agriculture) il y a dix mille ans, a certes été à l’origine de toutes ces pollutions, et elle est liée à l’essor du capitalisme de marché en Europe occidentale. Mais plus que le capitalisme, c’est l’industrialisation qui est en cause, car les pays qui sont sortis du capitalisme, les pays du socialisme réel, ont fait bien pire en matière de dégâts environnementaux, il suffit de rappeler l’asséchement de la mer d’Aral, Tchernobyl, les usines chimiques polluantes pourrissant sur pied à travers la Sibérie, ou les déchets radioactifs déversés dans le Grand Nord.

Le capitalisme est donc moins en cause que l’industrialisation. Et même celle-ci est pour certains auteurs à bien des égards un plus dans le traitement de la nature. Ainsi Marian Tupy décrit un monde pré-industriel où les conditions de vie, la pollution de l’air et de l’eau notamment, étaient encore bien pires. Mais il s’agit surtout des villes, or la plupart des gens étaient des ruraux et ils étaient plus proches de la nature, les catastrophes industrielles n’existaient pas non plus. Tandis que dans les villes la situation écologique a fait des progrès gigantesques, par rapport à l’époque préindustrielle, du fait bien sûr de l’enrichissement général et des progrès techniques qui ont permis des mesures d’assainissement, ainsi la qualité de l’air et de l’eau s’est améliorée dans toutes les grandes cités du monde industriel occidental.

Mais pour revenir au présent et au capitalisme, la position des militants radicaux, sortir du capitalisme pour maîtriser l’écologie, est tout à fait curieuse, parce que sortir du capitalisme, cela veut dire adopter le socialisme réel (la collectivisation des moyens de production) qui encore une fois a fait bien pire en matière d’environnement. En fait de nombreux tenants de cette position anticapitaliste partent d’une idée assez floue de ce qu’est justement le capitalisme. Pour beaucoup c’est un mot commode pour désigner tout ce qui va mal sur la planète, l’appât du gain, les conditions de vie terribles des travailleurs et des enfants dans les pays les plus pauvres, les catastrophes industrielles, le recul des forêts tropicales pour le profit, l’écrasement des derniers peuples autochtones, la perte de biodiversité, etc., etc. « Sortir du capitalisme » permettrait un monde meilleur, et d’abord un monde plus soucieux de l’environnement. Le terme ‘capitalisme’ résume à lui seul tout ce qui est contre la nature, pour satisfaire l’égoïsme et l’avidité des puissants.

Mais si on va un peu plus loin, et qu’on définit le terme, on s’aperçoit que ‘sortir du capitalisme’, au sens effectif du terme, ne va pas de soi, y compris pour les écologistes de tout bord. Le capitalisme se définit en effet comme la propriété privée des moyens de production, et peu de ses opposants souhaiteraient un système où il serait interdit à un particulier de créer une entreprise, où toutes les entreprises et les terres appartiendraient au pouvoir central. Autrement dit, si tous les pays sauf deux dans la planète adoptent le capitalisme, ce n’est pas par la suite de complots des puissants, mais simplement parce que les autres systèmes sont pires et donnent des résultats catastrophiques, en termes politiques (tyrannie), en termes économiques (pénuries, famines) et en termes écologiques (cf. supra). En outre, se priver des initiatives individuelles inhérentes au capitalisme, c’est se priver de toutes les innovations, toutes les améliorations possibles, dans des domaines techniques très divers, qui permettent des solutions aux questions environnementales, solutions dont on a des exemples constamment. Comme le disait Abraham Lincoln, les innovations se multiplient « quand le fuel de l’intérêt est combiné au feu du génie » autrement dit la combinaison de stimulant et de talent, et ce n’est certes pas un Gosplan agissant sur des entreprises publiques, dans tous les pays, qui permettait ces innovations et ces progrès, il serait au contraire l’assurance d’une régression massive. En outre, la propriété est souvent la garante des protections environnementales, là où il n’y a pas de propriété les dégradations sont massives, en matière de pêche par exemple, les bancs n’appartiennent à personne et donc ils n’ont bénéficié pendant longtemps d’aucune protection. C’est ce que notait déjà Aristote : « Ce qui est commun au plus grand nombre fait l’objet des soins les moins attentifs car tout individu prend le plus grand soin de ce qui lui appartient en propre, quitte à négliger ce qu’il possède en commun avec autrui ».

De plus, l’économiste Alan Krueger, spécialiste de l’environnement, a montré que si la croissance économique dans un premier temps aggravait les problèmes environnementaux, elle les atténuait passé un certain seuil de développement (environ 8000 dollars de revenu par tête), parce que des mesures efficaces sont prises, parce que lorsque le niveau de vie s’améliore on fait plus attention et adopte des comportements plus écologiques (qui sont évidemment le dernier souci de gens qui doivent avant tout survivre, comme le disait Indira Gandhi, « La pauvreté est le plus grand pollueur »). L’industrialisation provoque certes une hausse des émissions de carbone à court terme, mais à long terme elle est bénéfique à l’environnement parce que les gens vont vers les villes, permettant aux terres agricoles de revenir à la nature, en même temps que la prospérité facilite le passage à des formes d’énergie plus propres et favorise des changements de comportement.

L’environnement peut ainsi être analysé comme « un bien de luxe » auquel on consacre de plus en plus de ressources au fur et à mesure que le revenu s’élève. Krueger donne l’exemple de la Pologne, où le revenu par habitant est passé depuis la chute du Mur de 1600 $ à 15 300 actuellement, et où le taux de mortalité dû à la pollution de l’air, grâce à l’adoption de technologies plus propres, est passé de 109 morts pour 100 000 habitants à 42. Un autre exemple est celui des nappes de plastiques divers qui polluent l’océan Pacifique : alors que les Etats-Unis représentent un quart de l’économie mondiale, du fait de régulations plus strictes et comportements plus responsables, ils n’en sont responsables que de 4%, tandis que la Chine avec 15% de la production planétaire en représente 28%. Enfin le trou d’ozone a été comblé plus vite que prévu par l’arrêt de la production des CFC (chlorofluorocarbures), facilité par le fait qu’ils étaient produits par un petit nombre de firmes.

Ces analyses sont confirmées par l’établissement d’un indice de performance environnementale (EPI) par des spécialistes des universités de Yale et Columbia, qui donne de biens meilleurs résultats pour les pays à revenu élevé, comme les nations scandinaves.

Le développement du capitalisme s’est accompagné récemment d’une évolution technologique peu soulignée, produire plus avec moins, produire en qualité davantage qu’en quantité. La croissance économique ne consiste pas à produire toujours plus de 403 Peugeot, mais de produire davantage de voitures économisant l’énergie et polluant moins, ce que les adeptes de la décroissance, attachés à une vision quantitative du phénomène de croissance, négligent. Les slogans courants, « il ne peut y avoir de croissance continue dans un monde fini », ou bien « pour assurer le niveau de vie occidental à tous les habitants de la planète, il faudrait plusieurs planètes, or il n’en existe qu’une », n’ont à cette aune guère de sens. En effet, s’il serait effectivement impossible d’assurer à 7 milliards d’habitants de la planète le niveau de vie américain à un instant t, avec les ressources et les techniques actuelles, le fait que celle-ci changent constamment, évoluent et s’adaptent, montre bien que cela est tout à fait possible – en économisant les ressources – à un instant ultérieur, t + 10, ou t + 20, ou à plus long terme. Le développement actuel des pays plus pauvres, qui rattrapent progressivement les pays partis les premiers, le montre bien. Les thèmes tiers-mondistes du « fossé grandissant » entre le Nord et le Sud, de « l’écart croissant », martelés des années 1960 à 1980, sont aujourd’hui passés aux oubliettes devant cette convergence progressive.

L’évolution capitaliste depuis quelques décennies a été l’objet d’une dématérialisation progressive de la production, ce que montre l’économiste Andrew MacAfee dans son livre More from Less (2019). Ainsi « les Américains consomment aujourd’hui moins d’acier, d’aluminium, de cuivre, d’engrais, de bois et de papier qu’auparavant, alors même que le PIB a continué à progresser, si bien que la rareté des ressources n’est pas un problème dont on doive se préoccuper. Une canette en aluminium par exemple pèse aujourd'hui six fois moins que les premières. Nous avons maintenant en main un seul outil, le smartphone, qui remplace un téléphone, une calculatrice, un agenda, un ordinateur, un appareil photo, un réveil, etc ».

De même les progrès de la productivité (production par homme) et des rendements (production par ha) dans l’agriculture ont permis de libérer de l’espace pour la nature, ce qui explique la progression des forêts dans les pays développés. Ainsi, « en 1940, les agriculteurs américains produisaient 56 millions de tonnes métriques de maïs en utilisant 31 millions d’hectares. En 2000, ils en produisaient cinq fois plus (252 millions de tonnes métriques) tout en utilisant 6,5 % moins de surface cultivée » (J. Guénette).

Dans un livre récent (Apocalypse Never, Why Environmental Alarmism Hurts Us All, Harper, 2020), Michael Shellenberger, un écologiste de la première heure, se demande pourquoi les activistes verts défendent des politiques qui non seulement ont toutes les chances de nuire aux êtres humains, mais également à la nature elle-même, et prend position pour une nouvelle attitude écologiste appelée écomodernisme. Il résume dans une sorte de pamphlet son livre, qui s’attaque aux principaux thèmes de l’écologie radicale, qualifiés de mythes : il n’y a pas de sixième extinction de masse en cours car seulement 0,001% des espèces disparaissent chaque année. Les baleines n’ont pas été sauvées par Greenpeace mais bien par des entrepreneurs capitalistes qui ont mis au point des substituts meilleur marché à l’huile de baleine (à base de pétrole, puis d’huiles végétales) qui ont mis fin à l’essentiel des tueries, bien avant que les écologistes n’apparaissent. Les plastiques ne restent pas dans les océans pendant des milliers d’années, ils sont détruits par la lumière solaire et d’autres forces. Le changement climatique n’a pas généré plus d’inondations, de sécheresse, de cyclones ou de tornades.

Les énergies renouvelables ne peuvent remplacer les énergies fossiles et hydro-électriques, spécialement dans les pays pauvres, et elles causent des dommages environnementaux bien plus graves (grandes surfaces requises, atteintes à la faune et à la flore), tout en consommant énormément de ressources (construire une éolienne par exemple requiert 900 tonnes d’acier, 2500 tonnes de béton et 45 tonnes de plastique), et les matériels s’usent, doivent être mis progressivement au rebut, ce qui produit encore des millions de tonnes de déchets. Quand l’électricité vient du solaire ou du vent, chaque unité d’énergie produite demande bien plus de matériaux que les ressources fossiles, une rangée d’éoliennes ou un champ de panneaux solaires s’étendant à perte de vue pourraient être remplacés par un équipement à base de gaz d’une taille réduite. Finalement le passage de l’énergie du bois aux hydrocarbures, puis au nucléaire permet de réduire les émissions de carbone, ainsi que les morts accidentelles.

Pour terminer, on peut donner comme explication à l’activisme écologique, surtout présent d’ailleurs dans les pays riches, beaucoup moins dans les pays en développement ou les pays autoritaires comme la Chine, le fait que les religions et les idéologies du XXe siècle, notamment le socialisme, sont en perte de vitesse, et bien des gens ont trouvé dans l’écologie une sorte de refuge pour exercer leur militantisme, une nouvelle occupation où dépenser leur énergie, pour le bien de la planète et de l’humanité, comme le dit très bien John Tierney, rendant compte du livre :

For him and so many others, environmentalism offered emotional relief and spiritual satisfaction, giving them a sense of purpose and transcendence. It has become a substitute religion for those who have abandoned traditional faiths, as he explains in his concluding chapter, “False Gods for Lost Souls”. Its priests have been warning for half a century that humanity is about to be punished for its sins against nature, and no matter how often the doomsday forecasts fail, the faithful still thrill to each new one[1].


[1] Pour lui et bien d’autres, l’écologie a fourni un secours émotionnel et une satisfaction spirituelle, donnant un but à la vie et un sens de transcendance. Elle est devenue, pour ceux qui avaient abandonné les croyances traditionnelles, une religion de substitution, explique-t-il à la fin de son livre, dans le chapitre Faux dieux pour âmes perdues. Ses prêtres ont annoncé depuis un demi-siècle que l’humanité allait être punie pour ses crimes contre la nature, et peu importe le nombre de fois où la prédiction de fin du monde échoue, les croyants frémissent encore à chaque nouvelle annonce.

Il y a quelques mois, des nombreux agriculteurs manifestaient partout en France contre "l'agri bashing" . Le discours des écologistes d'EELV sur l'agriculture est-il en décalage avec la réalité de l'évolution du métier agricole ? 

Marcel Kuntz : Au sortir de la seconde guerre mondiale, jusqu’aux années 60, la mission de l’agriculture était de nourrir la population, à un prix abordable pour le plus grand nombre.  Les agriculteurs se sont acquittés de cette mission. Ils estiment pouvoir en être fiers, et ils ont raison ! Ils l’ont payée par une réduction importante du nombre d’exploitations (c’est la loi d’une économie ouverte). Puis on leur a demandé de produire tout en réduisant leur impact sur l’environnement. Ce qu’ils ont encore fait, souvent accablés de règlements et de normes… Que l’on ne porte pas à leur crédit ce nouveau succès leur apparait évidemment injuste.

L’écologie politique ne veut pas d’une approche réformiste de l’agriculture. En réalité ce sont, pour nombre d’entre eux, des révolutionnaires anti-capitalistes. L’approche réformiste de l’agriculture moderne leur est insupportable. Les écologistes non-extrémistes s’alignent généralement sur les positions des plus radicaux. Il ne faut pas chercher plus loin leur rejet dogmatique et sans distinction des OGM. 
Une autre obsession des écologistes ce sont les pesticides de synthèse (excluant ceux utilisés en agriculture biologique, curieusement épargnés par les campagnes anti-pesticides…). Pourtant là aussi, le réformisme a été un succès notre modèle de société, mais les citadins n’en sont pas informés, ce qui est un échec de ladite société. Pour mettre un pesticide sur le marché, il faut aujourd’hui réaliser plus de 300 études. La toxicité et les doses épandues à l’hectare ont diminué de manière importante depuis les années 50. 75% des molécules utilisées avant les années 90 ne sont plus utilisées. Divers dispositifs permettent de réduire les pollutions. Le résultat : 97% des fruits et légumes sont dans les normes (très strictes) de résidus de pesticides. 

On peut bien sûr encore progresser, mais il conviendrait d’abord de reconnaitre les points positifs, avant de vouloir encore et toujours interdire, et culpabiliser les agriculteurs.

Comment explique l'écho que connaît ce discours culpabilisant ?

Marcel Kuntz : Les écologistes politiques sont des émules d’Antonio Gramsci qui a théorisé au début des années 30 le concept d’ « hégémonie culturelle », qui prône de changer la façon de faire les révolutions. Plutôt qu’une révolution violente pour prendre le pouvoir, c’est le système culturel qu’il faut faire évoluer. Autrement dit, le pouvoir passe par un patient travail d’influence idéologique exercée sur la société civile. Il faut arriver au consentement, conquérir les esprits et installer les valeurs que l’on défend afin de s’assurer d’une hégémonie culturelle. 

Gramsci était communiste et souhaitait la révolution communiste par cette hégémonie, la meilleure méthode selon lui dans les démocraties occidentales (qui n’ont pas réalisé la révolution prévue par Marx). Là où Gramsci s’est aussi trompé, c’est que les démocraties n’ont pas non plus succombé à cette bataille culturelle néo-marxiste. En réalité, il faut des facteurs facilitateurs additionnels. 

Ces facteurs ont été réunis par ce qu’on peut appeler la déconstruction postmoderne. C’est-à-dire un ensemble de rejet de ce qui a fait la base civilisationnelle de l’Occident. Pour simplifier : les valeurs des Lumières, elles-mêmes issues du christianisme. La déconstruction de ces Lumières, dont la croyance au Progrès, à la Raison, s’est  accompagnée d’une culpabilisation très forte du passé occidental, vu tout en noir. Sur fond d’une « fatigue de l’Europe », il n’est donc pas surprenant que cette culpabilisation touche également des domaines techniques, qui précédemment étaient du domaine de la Raison. Celle-ci vous montrait que vos conditions de vie s’amélioraient grâce aux avancées techniques. 

Les choses ont basculé à partir des 70. Et depuis une vingtaine d’année, cette idéologie postmoderne, son pessimisme, et son volet pseudo-scientifique, l’écologisme, ont gagné leur bataille culturelle. Un évènement d’importance a été la participation des écologistes à des gouvernements depuis la « gauche plurielle » de Lionel Jospin. Être présents dans les rouages de l’Etat leur a permis de le noyauter petit à petit, et leur bataille culturelle a pu se mener à divers niveaux non-accessibles avant : l’éducation nationale, la formation des élites, les faiseurs d’opinion… Aujourd’hui, même le monde scientifique baigne souvent dans la culpabilisation et la repentance.

En ce moment de formation d’un nouveau gouvernement, quoi de plus illustratif de la victoire culturelle des écologistes que la présence systématique de leur vision idéologique à la tête du ministère de l’écologie, et la place élevée de ce ministère dans l’ordre protocolaire (devant l’Intérieur ou l’Economie dans une République aux « territoires perdus » et au bord de l’abime économique !). On me dira : ce n’est que démagogie électorale ! Certes, mais elle conforte les discours catastrophistes.

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