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Nouvel espoir dans le traitement du cancer : un nouveau traitement stoppe le développement des tumeurs
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Berzosertib

Un essai mené par l'Institut du cancer (IC) et le Royal Marsden NHS Trust montre les premiers signes d'efficacité du Berzosertib. Plus de la moitié des 40 patients ayant reçu du Berzosertib ont vu la croissance de leurs tumeurs arrêtée.

Nicole  Delépine

Nicole Delépine

Nicole Delépine ancienne responsable de l'unité de cancérologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré à Garches( APHP ). Fille de l'un des fondateurs de la Sécurité Sociale, elle a récemment publié La face cachée des médicaments, Le cancer, un fléau qui rapporte et Neuf petits lits sur le trottoir, qui relate la fermeture musclée du dernier service indépendant de cancérologie pédiatrique. Retraitée, elle poursuit son combat pour la liberté de soigner et d’être soigné, le respect du serment d’Hippocrate et du code de Nuremberg en défendant le caractère absolu du consentement éclairé du patient.

Elle publiera le 4 mai 2016  un ouvrage coécrit avec le DR Gérard Delépine chirurgien oncologue et statisticien « Cancer, les bonnes questions à poser à mon médecin » chez Michalon Ed. Egalement publié en 2016, "Soigner ou guérir" paru chez Fauves Editions.

 

Voir la bio »

Atlantico.fr : Un essai mené par l'Institut du cancer (IC) et le Royal Marsden NHS Trust montre les premiers signes d'efficacité du Berzosertib, un médicament qui empêche les cellules cancéreuses de se réparer elles-mêmes. En effet, plus de la moitié des 40 patients ayant reçu du berzosertib ont vu la croissance de leurs tumeurs arrêtée. 

Qu'est-ce que le Berzosertib  ? En quoi constitue-t-il une avancée médicale dans le traitement des tumeurs cancéreuses ?

Nicole Delépine : Le système de réparation par excision de base (BER) réalise la réparation de bases d'ADN perdues ou mal appariées et constitue la voie la plus courante pour éviter l’accumulation d’ADN endommagées. 

L'absence de BER augmente les dommages à l'ADN et facilite ainsi l’apparition de cancers. 

Le Berzosertib connu aussi sous le nom de VX-970 ou M6620 est un inhibiteur de l'ATR à petites molécules qui bloque de la réparation des dommages à l'ADN. Le Berzosertib supprime la prolifération de certains cancers et induit l'apoptose sur différentes lignées de cellules cancéreuses.

Actuellement, il ne représente pas une avancée médicale, mais seulement l’espoir ou la possibilité d’un nouveau médicament.

Il s’agissait jusque-là d’un essai « phase un » : que faut-il encore vérifier et développer pour que le Berzosertib fasse ses preuves ? 

Les essais de phase 1 ne permettent pas de déterminer la place d’un médicament parmi ceux qui existent déjà. 

Ils étudient les propriétés pharmacologiques du médicament et la toxicité de la molécule chez l’homme Ils recherchent la posologie minimale efficace et la posologie maximale possible (seuil de toxicité).

Les essais de phase II recherchent la posologie optimale.

Ce n’est qu’à partir des essais de Phase III que l’on détermine l’efficacité thérapeutique par des études contrôlées vs placebo ou vs médicament de référence.

Et que l’on mesure les effets indésirables.

Afin de déterminer le Rapport bénéfices risques.

Si ce rapport est favorable le laboratoire dépose un dossier d’Autorisation  de Mise sur le Marché auprès de l’agence nationale ou européenne.

De quelle façon pourrait-il être prescrit ?

Ce n’est qu’à ce moment que se posera peut-être le problème de son éventuelle indication.

Tous les essais (1 à 3) sont réalisés sur des groupes de sujets sélectionnés pour limiter les risques de toxicité ; parfois ces groupes ne reflètent pas la population susceptible de recevoir le médicament et la toxicité rapportée dans un essai sous-estime parfois beaucoup la toxicité réelle dans la population courante.

La Phase IV détermine l’utilité réelle du médicament en population courante et permet enfin d’évaluer la balance avantages/ risques.

Le médicament fait partie des «médecines de précision», qui cible des gènes spécifiques ou des changements génétiques. En quoi ce premier essai est-il prometteur pour les traitements du cancer en général ? De nouvelles avancées sont-elles à venir ?

Cet essai n’est en rien annonciateur de progrès réel. A la date du 25 juin la consultation de la base de données américaine Pubmed (qui recense tous les articles publiés) ne retrouve que trois publications originales sur le Berzosertib dont une seule en utilisation clinique (essai de phase 2).

La publication que vous citez constitue manifestement un article purement publicitaire destiné à faire connaitre le promoteur ou à faire monter son cours de bourse (comme nous l’avons récemment observé pour les publications Remdesevir et Gilead).

Ce n’est qu’en analysant des essais phase 3 honnêtes que l’on peut se faire une idée réelle de l’utilité éventuelle du produit. Beaucoup trop tôt ici.

Les thérapies ciblées qu’on nous a tant vanté depuis les années 2000 ont globalement échoué.  Elles sont incapables d’éviter la chirurgie et les chimiothérapies classiques, ni d’augmenter le taux de guérison des cancéreux, ni à prolonger sensiblement leur survie (sauf pour quelques tumeurs très rares et de rares maladies hématologiques).

Leur mise sur le marché trop précoce permise par des critères substitutifs de décision (stabilisation tumorale de quelques mois) au lieu des critères classiques (taux de guérison, durée de survie globale) a seulement permis aux firmes pharmaceutiques d’engranger des gains considérables grâce à des prix astronomiques (3 à 5 mille euros le mois) que ne justifient ni leur utilité ni leur mise au point. 

Notre livre « médicaments peu utiles, souvent toxiques et hors de prix » le détaille abondamment.

De nombreux articles confirment les faibles progrès engrangés depuis 20 ans par ces thérapies ciblées et pour cette raison les grands laboratoires misent maintenant davantage sur l’immunothérapie encore plus couteuse (et globalement aussi peu efficace). Mais les gains financiers colossaux alimentent une propagande sans limites facilitée par le contrôle quasi-total de la presse médicale (exemples récents du Lancetgate et du NEJMGate sur la chloroquine) et grand public et souvent une corruption des décideurs.

Pour se faire une idée scientifique du Berzosertib, il est urgent d’attendre.

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