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Bruno Bernard Lyon élections municipales EELV
Bruno Bernard Lyon élections municipales EELV
©JEFF PACHOUD / AFP

Municipales

Le second est évident. Le premier n’a que l’apparence de la vérité.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Emmanuel Macron s’est dit « préoccupé » par le niveau de l’abstention. Cette pirouette sémantique est une méthode connue pour esquiver la réalité. Car c’est en se préoccupant qu’on devient préoccupé. Et quand on est comme le chef de l’Etat, très préoccupé, on n’a pas le temps de se préoccuper de ce qui fait mal : la déroute complète des candidats macroniens aux municipales.

Les uns après les autres, les commentateurs, et surtout ceux qui ne veulent pas faire de la peine à Macron, insistent sur le fait que les élections de dimanche étaient locales et, ajoutent-ils, LREM n’avait aucune implantation locale. Ce qui relativiserait fortement son échec dans un scrutin supposé donner une prime confortable aux sortants.

C’est un peu facile et en même temps en grande partie trompeur. En 2017, lors des élections législatives, les candidats macronistes ont raflé la mise. Pourtant, comme ceux des municipales, ils n’avaient aucune implantation locale et ils étaient tout à fait inconnus des électeurs. Cela ne les a pas empêché de triompher.

J’entends bien que député et maire ce n’est pas pareil. Mais un député a une permanence dans sa circonscription et il y est très souvent. Il reçoit régulièrement ses électeurs, leur serre la main, demande aux mères des nouvelles de leurs enfants. Il est, on le voit, parfaitement implanté localement. Pourquoi ce qui a marché en 2017 ne fonctionne plus en 2020 ?

« Naufrage de LREM » est donc un titre à retenir. S’agissant de la « vague verte » constatée dans nombre de villes il convient d’être plus circonspect. Presque partout où les candidats de Yannick Jadot ont gagné ils étaient à la tête d’un attelage composé d’une locomotive verte tirant des wagons roses. La gauche, ayant compris qu’elle avait perdu toutes ses capacités de séduction, s’est résolue, alors qu’elle fonctionnait habituellement au diesel, à s’immerger dans du carburant non polluant.

Un cache sexe joli, plaisant et utile ! Nombre d’électeurs veulent un air plus pur, de l’eau garantie de source, des arbres, des plantes, des fleurs partout. Mais très peu d’entre eux sont prêts à consentir les sacrifices nécessaires pour parvenir à ce futur paradisiaque. Il est vrai - et Virginie Martin le dit très bien dans Atlantico – qu’entre la doxa écologique et celle de la gauche il y a plusieurs incompatibilités.

Mais le temps d’un dimanche on peut bien les oublier, n’est-ce pas ? Accepter le renfort de la gauche était pour les écologistes une martingale gagnante. S’enrôler sur la banderole verte constituait pour la gauche une bouée de sauvetage inespérée.

Sur le sens de cette élection, le Figaro, journal emblématique de la bourgeoisie française, ne s’est pas trompé. « Macron doit maintenant se tourner plus vers le centre et la droite » écrit Guillaume Tabard son éditorialiste. Le Figaro a bien vu ce qui se cachait sous le vert : la menace vient en effet de la gauche. Sa « une » est encore plus explicite : « la gauche sauvée par les écologistes ». C’est un bon titre. 

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