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Au revoir Sibeth, tu vas nous manquer !
©ludovic MARIN / POOL / AFP

L’adieu aux armes

Ton départ est – quasiment - acquis. Mais c’est contrainte et forcée par ton employeur que tu vas sans doute rendre ton tablier.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Je te dis « tu » car, comme Eluard, je dis tu à tous ceux que j’aime. Oui, Sibeth, nous t’avons aimée. Sur la mer plate et ennuyeuse de la macronie tu faisais des vagues belles et tumultueuses. Sans toi ce quinquennat, dont il est à craindre que tu ne vois pas la fin, n’aurait été que ce qu’il est : une étendue d’eau croupissante.

Nous avons aimé tes robes multicolores qui auraient fait pâlir de jalousie un kaléidoscope. Nous avons adoré que tu aies apporté une tache vivifiante de couleur au sein d’une équipe de mâles blancs. Oui, tu as fait preuve d’une fougue juvénile qui tranchait avec la langue empoulée de ton boss.

Nous avons été subjugués par tes sorties et saillies rafraîchissantes. Seule toi, oui toi seule, avais eu le courage de dire que tu mentirais pour protéger ton employeur. On s’est alors moqué de toi alors qu’il aurait fallu saluer ton dévouement sans failles. Tu étais un soldat fidèle et ton chef en a profité pour s’abriter derrière toi. Aujourd’hui, cet ingrat, ce goujat, ce misogyne, ce raciste a préféré écouter les conseils de Gilles Le Gendre, un autre suprémaciste blanc, qui t’a rayé de la liste des candidats pour un remaniement ministériel.

Nous étions tristes et tu as réussi à nous redonner le sourire. Nous avons frémi de joie quand tu as dit que tu étais de tout cœur avec les Parisiens qui souffraient de la grève du métro et que toi tu étais obligée de prendre ta voiture de fonction. Nous avons été éblouis quand tu as déclaré que les enseignants qui ne foutaient rien pouvaient aller travailler à la campagne. Nous avons été subjugués par ta franchise quand tu as dit que tu ne savais pas mettre un masque. Et nous avons écrasé de notre mépris les connards qui ont ricané en prétendant que, eux, n’avaient pas de masques.

Tu vas, nous le craignons, nous laisser seuls avec ton chef. Nous lui ferons chèrement payer son ingratitude à ton égard. Mais tu pars avec panache. A peine le boss avait-il dit qu’aucun nom ne serait effacé de l’histoire de France, tu t’es dressée contre cet outrage fait aux minorités dont tu es si proche.

Ainsi  tu as demandé que la plaque avec le nom du maréchal Bugeaud soit enlevée. Une façon de dire à celui que tu avais si loyalement servi « va te faire f… ». Toutes nos banlieues ont alors vibré pour toi, avec toi.

Dans le temps, sous la IVe République, quand un ministre sentait venir l’heure de partir il s’arrangeait pour « tomber à gauche ». C’était chic, bien vu et prometteur pour l’avenir. Toi, tu as décidé, l’époque ayant changé, de « tomber du côté du 93 ».

On te comprend, Sibeth. Mais quand même, qu’est- ce qu’une jeune femme de bonne famille sénégalaise irait faire dans des territoires contrôlés par les imams et les dealers ? Sais-tu que là-bas tu ne pourras plus mettre les robes qui font tout ton charme. Non, Sibeth, nous ne voulons pas te voir en burqa !

Ps : Nous allions oublier l’essentiel. Tu as demandé à ce que les statistiques ethniques soient légalisées en France. Bien sûr que ce n’était pas pour compter le nombre de Noirs dans les prisons. Mais pour corriger à la hausse le nombre scandaleusement insuffisant de Noirs au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à l’Académie française. Ca n’a pas plu à ton patron. Et il a envoyé Le Maire et Darmanin dire que ta suggestion était idiote. Ainsi tu mourus avec courage. 

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