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Lettre ouverte à un jeune Français prénommé Youssef
©FRANCK FIFE / AFP

"Belle et grande Histoire"

Il s’appelle Youssef. Il a 19 ans, et vit dans une « cité » à Toulouse. Je ne le connais pas. Youssef m’a adressé un message dans lequel il me partage ses angoisses et ses incertitudes, et me fait part du racisme dont il se sent l’objet. Cette lettre ouverte est une réponse à Youssef, et à tous les jeunes Français qui se reconnaîtront en lui.

Rafik Smati

Rafik Smati

Rafik Smati est Président du parti politique Objectif France. Entrepreneur, Il a publié  « French Paradise » (juin 2014), « Révolution Y : la génération qui va redessiner l'Europe » (2013),  « Eloge de la vitesse : la revanche de la génération texto » (2011),  « Vers un capitalisme féminin » (2010).

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Mon cher Youssef,

Ton message m’a ému. Il m’a ému, car il est tellement révélateur des fractures qui traversent aujourd’hui notre pays.

Tu te sens abandonné, ostracisé, marginalisé. Tu ne crois plus en l’avenir. Tu sais que tu auras le plus grand mal à t’accomplir dans ta vie professionnelle. Tu sais aussi que trouver un logement relèvera du parcours du combattant. Tu as le sentiment que le pays dans lequel tu grandis ne te ressemble pas... Non seulement je comprends ton constat, mais je vais aussi aller plus loin : tu as raison.

Il te faut une explication à cette injustice, et cela est parfaitement humain. Tu imagines donc que le racisme, le rejet de ton origine ou de ta religion, pourraient être l’explication de toutes les épreuves que tu traverses.

Je crois sincèrement, mon cher Youssef, que tu te trompes.

Bien sûr, il y a du racisme en France. Le racisme est un poison qui se distille dans tous les niveaux de la société et dans tous les corps de métier. Parce qu’ils sont aux antipodes de l’universalité des Lumières, le racisme et l’antisémitisme, doivent être combattus, et sévèrement punis.

Seulement, il est de mon devoir de te partager ce qui est pour moi aujourd’hui une certitude : la société française n’est pas raciste. Tu trouveras dans le monde peu de peuples aussi ouverts, tolérants, fraternels que le peuple français.

Faut-il te rappeler que l’Histoire de France a été marquée par des personnages majeurs qui pourtant n’étaient pas de lignée « gauloise » ? Napoléon Bonaparte, devenu Empereur, alors qu’il ne parlait pas un mot de français lorsqu’il quitta sa Corse natale ; ou Marie Curie, venue de Pologne, qui a révolutionné la science ; ou Alexandre Dumas, immense romancier, qui était un métisse ; ou encore Gaston Monnerville, un Guyanais qui fut Président du Sénat, et qui, à quelques semaines près, aurait pu succéder à Charles de Gaulle à la présidence de la République française en 1969... Faut-il te rappeler aussi que récemment encore, un footballeur de génie d’origine algérienne qui à grandi dans une cité de Marseille était en tête des personnalités préférées des Français, tout comme un acteur de cinéma né de père Sénégalais et de mère Mauritanienne ?

Je sais, mon cher Youssef, que mes arguments ne t’ont à ce stade probablement pas encore convaincus, car ils ne répondent pas à ta question fondamentale : « pourquoi suis-je dans cette impasse ? »

Si le racisme n’est sans doute pas la cause des maux que tu traverses, je ne nie pas pour autant la réalité de ton désespoir. Et c’est là où je veux en venir maintenant.

Les injustices, l’absence de perspectives d’avenir, et le sentiment d’abandon sont une calamité. Elles le sont pour toi, comme elles le sont aussi, hélas, pour une grande partie des jeunes de ta génération, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances religieuses. Elles sont notamment très présentes dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler « la France périphérique », celle des villages, des bourgades et des grandes banlieues.

Ce que tu crois être une fracture raciale ou religieuse est en réalité une puissante fracture sociale qui est ancrée dans notre pays, et dont les jeunes Français, dont tu es, sont aujourd’hui les premières victimes. Une fracture sociale qui tue la France à petit feu. Une fracture sociale qui précarise les jeunes comme toi, mais aussi les personnes âgées, les personnes handicapées, et même ceux qui travaillent…

Oui Youssef, tu as raison d’avoir la rage. D’avoir la rage contre tous ceux qui, depuis des décennies ont abandonné la France et les Français ; contre tous ceux qui au lieu de penser l’avenir, ont endetté la France, non pas pour investir, mais pour s’épargner des réformes politiquement difficiles ; contre tous ceux qui ont renoncé à l’esprit de conquête et à la grandeur…

Ce sont eux, Youssef, qui sont responsables de ta situation. Le peuple que tu crois être raciste est en réalité victime au même titre que toi de cet abandon, de ce renoncement, de cette décadence.

Alors oui, tu dois te battre ! Mais s’il te plait, choisis ton combat. Et surtout, choisis tes alliés. N’oublie jamais que tu fais partie d’un peuple. D’un peuple composé d’individus aux histoires et aux cultures différentes. N’entre pas en défiance avec ce peuple : fais corps avec lui ! Il n’y a pas la France d’un côté, et toi de l’autre. Tu es la France !

Ne cherche pas à changer la France, mais à l’enrichir. Ne renie pas son passé, mais contribue à construire son avenir. Fuis les extrémismes sous toutes leurs formes. Respecte les lois et les institutions, travaille avec acharnement, soulève des montagnes, et indigne-toi quand il le faut ! C’est en participant à la construction d’un nouveau futur à la France que tu pourras, toi aussi, ouvrir les portes du futur. Si tu aides la France, alors la France t'aidera.

Parce que l’action est dans ma nature d’entrepreneur, j’ai décidé de ne pas renoncer, et de m’engager pour la France et pour son avenir. Et pourtant, sans doute le sais-tu, je suis né sur l'autre rive de la Méditerranée, en Algérie. Mais la France m'a tout donné, et j’ai décidé de me battre pour elle. Offrir une nouvelle grandeur à ce pays millénaire est un chemin long et difficile, mais il est le seul qui puisse nous mener à la prospérité.

Alors que notre pays traverse une crise historique, c’est ensemble que nous reprendrons le pouvoir face à un monstre technocratique qui a fait sécession avec la France, et qui est aujourd’hui responsable du chaos. De ce chaos qui te sacrifie toi, Youssef, mais aussi tous les jeunes de ta génération : Paul, Hugo, Margaux, Lucas, et les autres...

Il nous appartient, tous ensemble, et toi d'abord parce que le futur t’appartient, d’achever le cycle initié en 1789. Le 19ème siècle a été le siècle de la Liberté. Le 20ème siècle a été celui de l’Egalité. Le 21ème siècle doit être celui de la Fraternité et de notre grandeur retrouvée.

À toi, jeune Français, et à nous tous avec toi, d’écrire cette belle et grande Histoire.

Rafik Smati
Entrepreneur, et président du mouvement Objectif France

Cet article a été publié initialement sur le site de M. Rafik Smati, cliquez ICI 

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