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Michèle Alliot-Marie : 
"La parité au gouvernement ? 
J’ai toujours été contre les quotas"
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Discrimination positive au gouvernement

François Hollande a promis de respecter une certaine parité dans la composition de son prochain gouvernement. Mais un tel souci des quotas a-t-il vraiment un sens ?

Michèle  Alliot-Marie

Michèle Alliot-Marie

Membre des gouvernements Jacques Chirac puis Édouard Balladur, elle a consécutivement la charge de quatre ministères : la Défense, l'Intérieur, la Justice et les Affaires étrangères de 2002 à 2011.

Elle est tête de liste pour la circonscription Sud-Ouest pour les élections européennes de 2014.

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Atlantico : Il se dit que François Hollande rencontrerait des difficultés à respecter une stricte parité dans les nominations de ses ministres. Vous avez été ministre à plusieurs reprises ; à la lumière de cette expérience, estimez-vous que le pouvoir soit différent qu’il soit exercé par un homme ou par une femme ? 

Michèle Alliot-Marie : Certainement pas ! Je ne crois pas que ce soit différent parce que à la fois, les moyens,  les leçons et les responsabilités sont exactement les mêmes, que ce soit un homme ou une femme qui exerce les fonctions : l’essentiel du travail doit être fait. Les personnes doivent avoir à la fois les connaissances, les compétences voire – pour un certain nombre de postes – l’expérience nécessaire pour remplir correctement ces missions.Le problème est de savoir si le ministre exerce cette fonction avec une spécificité particulière parce qu’il est homme ou parce qu’il est femme. Le genre est secondaire par rapport à la mission et aux compétences elles-mêmes.

On prête aux femmes plus de douceur, de compassion, d’instinct...  Ces particularités ont-elles droit de cité dans l’exercice du pouvoir ?

Il ne faut pas généraliser : toutes les femmes ministres ne sont pas les mêmes. Elles n’ont pas le même cursus. Par conséquent, elles n’ont pas la même approche du rapport avec les personnes avec lesquelles elles travaillent, qu’il s’agisse de leur administration ou des personnes qui dépendent d’elles. Deuxièmement, cela dépend également du ministère : l’Education nationale, ce n’est pas la même chose que le ministère de l’Intérieur ou de la Défense ! Troisièmement et pour plus abonder dans votre sens : la façon dont on vit, d’une façon générale,  rend plus attentif à certains domaines. Je pense, par exemple à l’époque où j’étais ministre de la Défense ou comme ministre de l’Intérieur, j’attachais une importance particulière au contact avec les femmes de militaires, de policiers ou de gendarmes parce que je sais très bien à la fois les contraintes due à l’activité de leurs maris et je sais aussi les attentes de ces militaires qui, en raison de leurs métiers très difficiles, ont aussi besoin d’une vie familiale équilibrée, pour être totalement disponible dans leur activité. Et cela, en effet, était un domaine auquel les hommes qui m’avaient précédée, ne s’intéressaient guère…

Auriez-vous un autre exemple, lors de votre passage au Quai d’Orsay, par exemple ?

J’y suis restée très peu de temps. Mais c’est peut-être plus en tant que femme qu’en tant que ministre que j’ai été très attentive à ce poste au problèmes de carrières, à la détection de hauts-potentiels, à la reconversion des personnes ou bien à tous les problèmes de la promotion sociale… Mais cela était dû autant à mon attachement idéologique, qu’au fait d’être une femme.

Justement, si le genre d’un ministre compte si peu, pensez-vous que la parité soit si importante ?

Il ne faut pas faire de la parité un dogme. Car sinon on risque de commettre des erreurs. J’ai toujours dit que j’étais très en colère quand je voyais une femme compétente écartée au profit d’un homme incompétent. Mais j’étais autant en colère quand je voyais un homme compétent, écarté au profit d’une femme incompétente. C’est toujours la compétence qui doit primer car quand on a la charge et l’honneur d’exercer en tant que ministre, c’est d’abord la compétence qui prime. La parité, quand on nomme une femme juste parce qu’elle est femme, nuit finalement  aux femmes. J’ai toujours été contre les quotas – y compris quand j’étais présidente du RPR !
Il faut également qu’une assemblée ou un gouvernement soit représentatif de la société. Aujourd’hui, je n’imagine pas un gouvernement qui ne serait composé que d’hommes. Ce serait en total décalage avec la réalité où les femmes exercent dans tous les domaines à des postes de responsabilité.
(Propos recueillis par Antoine de Tournemire)

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