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Le système de santé allemand, privé et concurrentiel, fait beaucoup mieux que les systèmes publics français et anglais
©Thomas KIENZLE / AFP

Comparaisons

Alors que l'Europe est confrontée à la crise du Covid-19, Eric Verhaeghe revient sur le système de santé allemand qui donne une leçon impressionnante aux systèmes publics d'Europe.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Le système de santé allemand donne une leçon impressionnante aux systèmes publics d'Europe, à l'occasion de la crise du coronavirus. Non seulement, la stratégie allemande de dépistage, très anticipée, a permis d'endiguer efficacement la contamination, mais l'agilité des hôpitaux privés montre comment un service public est, en matière de santé, un boulet couvert de bureaucrates que les citoyens doivent traîner. 

Le système de santé allemand fait ses preuves aujourd'hui. Cité en exemple par la gauche pour son nombre de lits de réanimation, ce système se situe en réalité aux antipodes de tout ce qui est présenté en France comme la solution miracle. Les assurés sociaux allemands cotisent à des caisses en concurrence et sont soignés dans des hôpitaux dont beaucoup ont été privatisés durant ces dix dernières années. 

Un exemple à méditer. 

Le système de santé allemand est-il le meilleur du monde ?

Lors d'une récente allocution télévisée, Angela Merkel a déclaré, non sans fierté, que le système de santé allemand est désormais le meilleur du monde. Cette affirmation a beaucoup agacé les défenseurs des grandes machines publiques en France, mais elle est pourtant assez fondée. 

Alors que la France, pour une population de moins de 70 millions d'habitants, déplore 8.000 décès à ce stade, que la Grande-Bretagne en affiche plus de 5.000 sans avoir atteint le pic de contamination, l'Allemagne n'en dénombre que 1.600, pour une population de plus de 80 millions d'habitants

Cette faible mortalité s'explique peut-être par une différence de souche virale. Mais la capacité de l'Allemagne à mettre en oeuvre une véritable politique de dépistage de la maladie (à grande échelle) et à offrir 15.000 lits de réanimation joue un rôle important dans la sérénité relative des autorités face à l'épidémie. Au fond, l'Allemagne est en mesure de délivrer un vrai système de santé à ses habitants. Ce que les systèmes publics français et britanniques ne sont plus capables de faire. 

Un système hospitalier largement privatisé

Si l'Allemagne est en capacité d'offrir ce service, c'est très largement parce que, depuis une trentaine d'années, elle a accepté de prendre des décisions difficiles et impopulaires. La première d'entre elles a consisté à privatiser ses hôpitaux peu rentables. L'an dernier, ce choix suscitait encore la désapprobation des médias mainstream français

Le système hospitalier allemand connaît un vaste phénomène de privatisation amorcé dans les années 1990, après la réunification. Entre 2000 et 2016, l'Allemagne a perdu 30% de ses hôpitaux publics. Sur cette même période, le nombre de cliniques privées a augmenté de 45%. Une hausse spectaculaire, alimentée par l’appétit de grands trusts hospitaliers comme Rhön, Asklepios, Helios ou Sana.

Cette stratégie urticante pour la gauche française et pour tous les obsessionnels de la nationalisation porte ses fruits aujourd'hui. Elle fut pourtant combattue de façon étrange par certains de ceux qui défendent le service public, en accusant la tarification à l'activité d'avoir mis le système public en faillite...

C'est précisément cette tarification à l'activité qui fait les beaux jours de la bureaucratie sanitaire que nous pointons régulièrement du doigt sur ce blog. 

Une sécurité sociale concurrentielle

Parallèlement, dès les années 90, c'est-à-dire dès la signature du Traité de Maastricht, l'Allemagne, berceau du modèle "bismarckien" de sécurité sociale, dont la France s'est en partie inspirée, a fait le choix de mettre ses caisses primaires d'assurance maladie en concurrence, en supprimant l'adhésion obligatoire des assurés.

Le système allemand n'est pas privatisé comme en République Tchèque, où des groupes financiers se sont créés pour concurrencer l'ancien groupe public. Dans la pratique, l'Allemagne s'est contentée de laisser à chaque assuré social le libre choix de sa caisse primaire d'assurance maladie, proscrivant l'affiliation obligatoire jusque-là en vigueur. Sur tous ces points, le descriptif du CLEISS est de bonne facture, même s'il est très orienté vers la défense de la sécurité sociale à la française. 

Toujours est-il que là où la France mise sur le monopole de la sécurité sociale, l'Allemagne a fait, il y a vingt-cinq ans, le choix inverse, et les Allemands s'en portent très bien !

Des dépenses de santé plus efficaces qu'en France

Cette vague de libéralisation, pour reprendre les termes de nos amis socialisants n'a en rien conduit à une ruine de la dépense de santé. L'Allemagne dépense à peu près autant que la France, en termes de part de PIB, pour sa santé (aux alentours de 11%). Cet investissement se traduit, compte tenu de l'importance du PIB allemand, par une dépense annuelle par habitant supérieure de 600 € : 4.500€ par an et par habitant environ en Allemagne, contre 3.900€ par an en France.

Ces choix stratégiques ont conduit à dégager, en Allemagne, plus de moyens pour les lits de soins aigus.

Preuve est donc faite qu'on peut améliorer l'efficacité d'un service économique d'intérêt général en le privatisant, en l'ouvrant à la concurrence et en le gérant bien. 

Cette leçon mériterait d'être méditée en France et en Grande-Bretagne où la bureaucratie étouffent la qualité de service. 

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