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Coronavirus : et voilà ce qui se serait passé si on n’avait rien fait contre l’épidémie
©Piero CRUCIATTI / AFP

Hécatombe

Selon une étude de l’Imperial College of London, 40 millions de personnes auraient pu mourir du coronavirus en cas d'inaction totale des autorités et des gouvernements. Les mesures de confinement ont un impact et une action réelle sur l’évolution du virus.

Bruno  Falissard

Bruno Falissard

Bruno Falissard est directeur du CESP/INSERM U1018 (Centre de Recherche en Epidemiologie et Santé des Populations).

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Atlantico.fr : Selon une étude publiée par l’Imperial College of London, l’inaction des gouvernements aurait pu être fatale et aurait pu causer la vie de plusieurs millions de personnes. Les mesures de confinement ont un impact et au regard des chiffres elles ont une action réelle sur l’évolution du virus. 

Comment les chercheurs de l’Impérial College of London sont-ils arrivés à établir un tel chiffre ? Quelles auraient été les conditions qui auraient amené le virus à causer tant de morts ?

Bruno Falissard : L’article n’est pas très complexe dans sa conception, il a cependant le mérite de rassembler un nombre considérable de données pour proposer des scenarios à l’échelle de la planète et non pas à l’échelle d’un seul pays. Ca n’était pas si simple car la gravité de l’infection varie en fonction de l’âge des patients, des maladies qu’ils peuvent avoir par ailleurs et de la qualité du système de soin,  en particulier du soin de réanimation. Or les pays riches bénéficient de systèmes de soins performants, mais ont une population vieillissante alors que c’est le contraire pour les pays émergents.

Le premier modèle proposé dans l’article repose sur l’hypothèse du « laisser faire ». Dans un tel cas l’épidémie flambe, tout va très vite, mais les systèmes de soins sont complètement saturés et ne peuvent plus prendre en charge les malades graves qui décèdent. Ils estiment ainsi que sur les 8 milliards d’habitants de la planète, 7 milliards seraient touchés (au-delà d’un certain nombre de sujets contaminés le virus a beaucoup de difficultés pour se propager davantage et l’épidémie s’arrête). Avec un taux de mortalité global qu’ils estiment à 0.5% tous âges confondus cela conduirait à 40 millions de morts. Bien sûr, ce taux de 0,5% est spéculatif car il y a de nombreux sujets infectés par le virus qui ne présentent aucun symptôme, on ne connaît donc pas très bien le véritable risque de mortalité de la maladie. Mais ces 40 Millions sont tout à fait plausibles. On peut se demander alors pourquoi certains responsables politiques ont pu envisager de laisser filer l’épidémie ? Ils ignoraient peut-être ce résultat. A moins que ce ne soit parce qu’un tel scénario serait susceptible d’avoir un impact plus limité sur l’économie…

À quel moment peut-on considérer que l’épidémie est-elle stoppée afin que nous puissions établir un bilan réel. Les épidémiologistes sont-ils capables de prévoir avec exactitude une fin au conflit de l’humanité face au virus ? 

Il est très difficile de faire des prédictions dans une telle situation car une épidémie de ce type est un phénomène non linéaire. Un patient peut infecter 3 personnes qui à leur tour vont infecter 3 autres personnes et etc. Le nombre de personnes infectées obéit donc à une loi exponentielle et une petite erreur sur le paramètre « 3 » va changer complètement le nombre de malade finalement atteints en un temps donné. 

Ce chiffre de 40 millions représente-t-il celui de la défaite des systèmes de santé face à la bataille contre le virus ? Le confinement permet-il de gagner des batailles ? 

C’est le message qu’e les auteurs veulent faire passer. Ils proposent dans un premier temps de limiter les contacts entre les gens (par exemple en arrêtant de se serrer la main, de se retrouver trop proche dans le bus, etc.), l’épidémie se propage alors moins vite, les systèmes de soins sont moins vite saturés et, selon leurs calculs, le nombre de morts serait divisé par 2.

Par contre, en adoptant une stratégie brutale et massive de détections et d’isolement de tous les cas, en imposant des mesures de confinement draconiennes (et ce à l’échelon de la planète), ils estiment qu’entre 30 et 38 millions de vies humaines pourraient être sauvées.

Tout cela est bien sûr très théorique et peut être sujet à discussion, comme tout travail scientifique. Mais voilà qui nous invite en tous cas à réaliser combien nous devons faire le maximum d’effort en ce moment. L’enjeu est vraiment de taille. 

L’article n’est pas très complexe dans sa conception, il a le mérite cependant de rassembler un nombre considérable de données pour proposer des scenarios à l’échelle de la planète. Ca n’était pas si simple car la gravité de l’infection varie en fonction de l’âge des patients, des maladies qu’ils peuvent avoir par ailleurs et de la qualité du système de soin,  en particulier du soin de réanimation. Or les pays riches bénéficient de systèmes de soins performants, mais ont une population vieillissante alors que c’est le contraire pour les pays émergents.

En simplifiant à l’extrême, leurs modèles étudient 3 attitudes possibles, un peu comme dans la gestion d’un feu de forêt. 

Soit tout simplement vous laissez faire et en peu de temps tous les végétaux susceptibles de bruler brulent, seuls ceux qui résistent bien subsistent. Ils estiment ainsi que sur les 8 milliards d’habitants de la planète, 7 milliards seraient touchés (le virus ne peut plus se propager quand trop de sujets sont contaminés). Avec un tôt de mortalité global qu’ils estiment à 0.5% du fait de systèmes de soins saturés par le flot brutal de patient cela conduirait à 40 millions de morts.

En limitant les contacts entre les gens (par exemple en arrêtant de se serre la main, de se retrouver trop proche dans le bus, etc.), l’épidémie se propage moins vite, les systèmes de soins sont moins vite saturés et selon leurs calculs le nombre de morts serait divisé par 2.

Par contre, en adoptant une stratégie brutale et massive de détections et d’isolement de tous les cas, et en imposant des mesures de confinement draconiennes (et ce à l’échelon de la planète) ils estiment que entre 30 et 38 millions de vies humaines pourraient être sauvées.

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