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Nouvelle chute du chômage en Allemagne malgré les inquiétudes économiques : les paradoxes d’un succès
©Odd ANDERSEN / AFP

Modèle allemand

Le taux de chômage en Allemagne a connu une nouvelle baisse, démontrant ainsi la résilience du marché du travail. Comment expliquer cette situation ?

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Atlantico.fr : Malgré les effets néfastes du coronavirus sur l'économie mondiale, l'Allemagne semble faire preuve de résilience. En témoigne le score à la baisse de son taux de chômage. Pourtant certains indicateurs empêchent de se montrer tout a fait optimiste.

Même si l'économie allemande reste notamment dynamique à l'export et encaisse bien les dégâts impliqués par le Coronavirus, pour quelle raison sa croissance fait-elle jeu égale avec celle de la France ?

Edouard Husson : Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la crise du Coronavirus. Il n’est pas encore possible de dire si telle ou telle économie a mieux résisté au ralentissement de la production et de la consommation en Chine; ni quel va être l’impact de l’épidémie, qui commence à toucher certaines régions d’Allemagne. En revanche, ce que les bons chiffres du chômage et la légère remontée de la croissance enregistrent, c’est la performance de l’économie américaine, marché important pour l’Allemagne; la stabilité du marché britannique, malgré les incertitudes quant au Brexit, qui n’ont été dissipées qu’à la mi-décembre 2019 ; le fait que l’Allemagne pâtit moins que d’autres membres de l’UE des sanctions vis-à-vis de la Russie; les succès croissants du pays, à l’exportation, en Inde, en Afrique.  

Les bons résultats de son chômage ne proviennent-ils pas directement de sa démographie en baisse constante qui permet de faciliter l'intégration à l'emploi ?

Oui, vous avez raison, l’arrivée sur le marché du travail de classes d’âges moins nombreuses facilite leur intégration. Ajoutons que l’efficacité du système d’apprentissage et de formation professionnelle permet de limiter au maximum le chômage des jeunes. Par ailleurs, le taux d’insertion des immigrés de la phase 2014-2016, qui reste inférieur à 50% (essentiellement par manque de qualification, dans un pays où les emplois sont à fort capital humain), ne représente pas une vraie pression sur l’offre d’emploi. 

Quelles sont alors les perspectives de l'économie Allemande à moyen et long terme ?

A moyen et long terme, elles sont fragiles. La part de l’UE dans les exportations totales n’a cessé de diminuer après avoir connu un pic il y a dix ans. Personne ne peut dire ce que sera le Brexit tant l’Union Européenne semble n’avoir rien appris de ses échecs des quatre dernières années: s’il n’y a pas d’accord de type Canada, l’industrie allemande perdra de sa marge d’exportations. De même, on ne sait pas ce que donneront les négociations entre l’Union Européenne et les USA. Ajoutons que la Bundesbank va tout faire pour freiner la dépense publique; que le secteur bancaire est fragile (non seulement la Deutsche Bank est en faillite dissimulée mais les Landesbanken sont aussi très exposées). Surtout, le facteur le plus important, c’est la crise politique dans laquelle est plongée l’Allemagne: à commencer par celle de la CDU. L’élection de Friedrich Merz à la tête de la CDU serait une bonne nouvelle mais elle est, de mon point de vue, moins probable que celle du médiocre Armin Laschet, le Ministre-Président de Rhénanie du Nord/Westphalie. Certes, Laschet se présente en duo avec Jens Spahn, plus brillant que lui et opposant fréquent d’Angela Merkel au sein du parti; mais cela ne suffira pas pour assurer un gouvernement berlinois qui décide rapidement, qui exerce un véritable leadership en Europe, dans le cas où Laschet serait en tête aux élections pour le Bundestag, en 2021,. 

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