Vers une surprise Michael Bloomberg ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Vers une surprise Michael Bloomberg ?
©Mandel NGAN

Milliardaires contre milliardaires

Michael Bloomberg entre officiellement dans la course pour les élections présidentielles américaines. Le candidat à l'investiture démocrate va affronter les autres candidats mercredi soir lors de son tout premier débat télévisé. L'ancien maire de New York est attaqué par ses rivaux et est critiqué notamment sur ses atouts sur le plan financier.

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide. Son dernier livre s'intitule Géopolitique des Etats-Unis (Puf, 2022).

Il est également l'auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d'une Amérique divisée (Privat, 2017),  1968: Quand l'Amérique gronde (Privat, 2018), Et s’il gagnait encore ? (VA éditions, 2018), Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama (VA éditions, 2019) et la biographie de Joe Biden (Nouveau Monde, 2020). 

Voir la bio »

Atlantico.fr : Jusqu'alors Michael Bloomberg ne s'était rendu à aucun débat et n'avait participé à aucune primaire. Pourtant, il a annoncé qu'il participerait au débat organisé entre les candidats à la primaire démocrate, à Las Vegas. Celui qui ne s'est lancé dans la course à l'investiture démocrate qu'en novembre dernier, est-il réellement en train de dépasser ses rivaux ?

Jean-Eric Branaa : C'est un véritable coup de semonce qui tombe sur la campagne. En effet, personne ne s'attendait à ce que Michael Bloomberg sorte aussi dans les sondages à ce moment de la campagne d'autant plus qu'il n'est pas candidat dans le Nevada et qu'il a sauté les primaires et débats précédents afin de se concentrer, et de créer un effet de surprise, lors du Super Tuesday, le 3 mars prochain. 

Maintenant, une fois que l'effet de surprise est passé, on s’aperçoit que depuis le départ on a à peu près la même configuration, c'est à dire qu'environ 40% des électeurs démocrates - lors des primaires ou dans les sondages - soutiennent les candidats radicaux progressistes et 50% soutiennent les candidats modérés. Ceci montre qu'il y a donc deux courses : celle qui oppose les modérés aux radicaux et celle qui a lieu à l'intérieur de chaque camp. Du côté des radicaux, Bernie Sanders prend l'ascendant sur Elizabetth Warren. En revanche, personne ne se détache réellement chez les modérés. Pete Buttigieg s'est mis en avant dans l'Iowa, Amy Klobuchar a fait une forte percée dans le New Hampshire, Joe Bidden devrait séduire largement l'électorat des Etats du Sud et Michael Bloomberg est désormais donné à 19% d'intentions de vote dans les sondages. L'électorat n'a donc pas l'air particulièrement satisfait des candidats en lice pour ces primaires démocrates, et ce bien que 27 candidats s'y sont présentés. Les électeurs démocrates modérés ne sont donc pas encore prêts à se ranger derrière une candidature unique d'autant plus que les candidats ont tous le même message, c'est-à-dire qu'il faut "virer" Donald Trump. 

Dans le camp des progressistes on observe une forte dynamique derrière Sanders qui réunit des dizaines de milliers de personnes lors de ses meetings mais il paraît incontestable que s'il venait à gagner la primaire il perdrait l'élection face à Trump à cause de son étiquette trop radicale qui effraie les électeurs modérés. 

Dans l'autre camp, l'électorat papillonne et ne parvient pas à se décider. La montée brutale de Bloomberg me conforte dans cet idée-là, ce qui le distingue des autres candidat c'est sa stratégie inédite et les moyens financiers extraordinaires qu'il met dans sa campagne (il aurait déjà dépensé environ 500 millions de dollars). En dehors de sa campagne de communication, son programme n'est pas très différent de celui de Buttigieg ou de Klobuchar. 

Si l'électorat démocrate modéré est encore indécis, Michael Bloomberg peut-il réellement remporter le Super Tuesday et gagner sa place face à Trump ?

Le pari fou de Bloomberg - sauter les premières primaires pour se concentrer sur le Super Tuesday - semble bel et bien gagnant. Aujourd'hui, de plus en plus de commentateurs et spécialistes sont convaincus - à la vue du récent sondage notamment - que l'ancien Maire de New York peut remporter les scrutins le 3 mars prochain.

Il a jusqu'alors déjà dépensé plus que de 400 millions de dollars, de sa fortune personnelle, en publicité. Sa campagne de communication marche très bien et il pourrait donc faire un excellent score lors du Super Tuesday. Tout cela est d'autant plus surprenant que personne ne connaît réellement Bloomberg, on ne l'a pas entendu dans des grands meetings, il n'a pas fait de grand discours non plus. Pour l'instant il s'est imposé en misant tout sur des slogans. Sa force, c'est donc sa communication et la faiblesse de ses concurrents.

Si Bloomberg venait à remporter les primaires, quelles seraient ses chances de victoire face à Donald Trump ?

On est un petit peu en terrain inconnu : on n'a jamais vu un candidat dépenser autant d'argent - issu de sa fortune personnelle - dans une campagne. Il est d'ailleurs très probable que la question de l'argent pose problème à un certain moment. Effectivement, on est face à un électorat démocrate, lequel pourrait donc questionner l'utilité de dépenser de telles sommes - Bloomberg a annoncé qu'il pourrait dépenser jusqu'à un milliard dans sa campagne - pour sa campagne personnelle d'autant plus lorsque cet argent pourrait être investi dans des causes jugées "nobles". 

Face à Trump, il a de véritables chances de réussite. Tout comme Trump il n'a pas peur d'attaquer personnellement ses adversaires, de rentrer sur un terrain plus personnel. Joe Bidden avait essayé de partir bille en tête face à Trump mais il s'est rapidement essoufflé. Si l'on cherche quelqu'un capable d'affronter frontalement Donald Trump, alors le candidat idéal est Bloomberg. Il semble ne pas céder, il a l'air solide et donc, tous ceux qui supportent l'idée d'une revanche sur Trump se reporteront sur lui. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !