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La gestion du coronavirus montre que la Chine assume désormais pleinement son statut de grande puissance mondiale.
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

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Au delà des effets économiques qui risquent d’être catastrophiques, la gestion du coronavirus a donné au gouvernement chinois l’opportunité de devenir une grande puissance mondiale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que l’économie mondiale et les marchés financiers de toute la planète commencent à évaluer les effets catastrophiques de l’épidémie, le gouvernement chinois continue de démontrer qu’il assume toutes ses responsabilités. Son ambition est évidemment de conforter ses chances de devenir une grande puissance mondiale.

En Chine, le mot crise signifie « opportunité ». Depuis plus d’un mois le gouvernement chinois s’est saisi de la crise du coronavirus comme une opportunité à conforter son ambition de s’inscrire dans la mondialisation.

La réaction de Xi Jinping a surpris beaucoup de dirigeants à commencer par les Américains qui ont trop souvent considéré que la Chine était restée un pays émergent, uniquement préoccupé de son développement sans s’inquiéter des réactions mondiales.

Or, Xi Jinping a changé beaucoup de choses. Il a d’abord repris en main la gestion centrale de l’empire chinois, et surtout fixé des objectifs très ambitieux de s’incruster dans la globalisation. Pour les dirigeants chinois, l’avenir de la Chine n’était pas seulement de devenir l‘usine du monde occidental, mais un partenaire à part entière avec les mêmes droits et sans doute les mêmes contraintes. La position chinoise dans la lutte contre le réchauffement climatique s’est révélée lors de la COP 21 beaucoup moins ambiguë que beaucoup le croyaient. Les dirigeants chinois se sont révélés parfaitement conscients de leurs responsabilités ; considérant qu’il en allait de leurs intérêts. Dans la guerre commerciale avec les Etats-Unis, Pékin a aussi mis en évidence son potentiel de devenir un partenaire à part entière, et pas seulement des manufacturés au service du consommateur occidental.

En dix ans, la Chine a tout fait pour s’inscrire dans la mondialisation en exigeant sa part de responsabilités dans la gestion des affaires internationales et de tenir une place à la mesure de son poids économique dans la gouvernance mondiale.

Cette affaire du coronavirus vient de lui donner une opportunité spectaculaire de tenir ce rang de grande nation.

On se souvient encore que, lors de l’épidémie de SRAS, le gouvernement chinois n‘avait pas été à la hauteur. En avril 2003, le ministre de la Santé chinois déclarait publiquement « qu’il n’y avait aucun risque d’aller travailler, de vivre et de voyager dans le pays».  En réalité, l’épidémie de SRAS progressait très rapidement et bloquait une partie de l’économie.

Avec le coronavirus, 17 ans plus tard, les réactions officielles ont été très différentes. Alors les autorités locales de Wuhan, là où est apparu le virus, ont un peu tardé à communiquer, mais elles ont été très rapidement sommées par Pékin de faire toute la transparence sur le virus - ce qui a été fait très vite - et de prendre toutes les mesures de confinement qui s’impose. La réaction a été spectaculaire, tant par la construction d‘hôpitaux supplémentaires que par la mise en confinement de 60 millions de Chinois et l’interdiction de toute mobilité possible. Le résultat est que plus du tiers du PIB chinois est rayé de la statistique par l’arrêt des usines, et beaucoup pensent que le gouvernement chinois va être obligé d’isoler la totalité des populations chinoises et par conséquent l’arrêt des créations de richesses.

D’ou l effondrement des marches financiers asiatiques et sans doute mondiaux.

La réponse de Pékin à la gravité de cette catastrophe n’est sans doute pas parfaite, mais disons qu‘elle ne suscite pas trop de critiques. Les mesures prises ont été radicales pour feinter et même empêcher la propagation de la maladie. Elles ont été tellement radicales qu’on se demande si un pays occidental lié par les contraintes de la démocratie aurait pu obtenir une mobilisation aussi massive et aussi efficace.

Cette réponse légitime le projet du gouvernement chinois d’appartenir à l’espace mondial à part entière. Le coronavirus va faire des dégâts dans le monde entier mais le gouvernement chinois en a déjà tiré beaucoup de leçons dans sa gouvernance interne.

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