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Opération détox : janvier vegan, une bonne idée… Vraiment ?
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Bonnes résolutions

Après les fêtes de fin d'année, de plus en plus de personnes adoptent un régime, une diète ou le veganisme pour changer d'alimentation après les excès et les nombreux repas du mois de décembre. Quels sont les principaux effets sur le corps de ce changement et est-ce véritablement recommandé ?

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

Voir la bio »

Atlantico.fr : En ce début d'année, de nombreuses personnes suivent des régimes, basculent dans une alimentation vegan ou s'imposent des diètes après les bons moments passés à table lors du repas de Noël ou à l’occasion du repas de la Saint-Sylvestre et des fêtes de fin d’année.

Les régimes et les choix de restrictions alimentaires (la mode du "veganuary", les diètes ou les décisions radicales sur le plan de l'alimentation lors des bonnes résolutions en début d’année) sont-ils si répandus en France ? Faut-il vraiment "culpabiliser" après les fêtes sur la question du poids, de l’alimentation et du régime en cas de repas trop excessifs ?

Catherine Grangeard : C’est évidemment néfaste de passer d’un excès à un autre !

Plus on se restreint, plus l’envie de se lâcher s’exerce. Comme des soupapes de sécurité qui s’ouvriraient, et ça fonctionne dans l’autre sens aussi. On a trop mangé, trop bu alors vite se reprendre en mains. Mais le corps n’aime pas ça. Ça casse l’ambiance !

La culpabilité peut être au rendez-vous si l’on estime que l’on a exagéré. Autoévaluation très subjective. Un même comportement pouvant être vécu comme grave ou anodin, selon les personnes et même selon les moments. Alors, est-ce bien utile de s’en vouloir ? Si ça s’est bien passé, pourquoi gâcher son plaisir ? Dans le cas inverse, pourquoi aggraver l’insatisfaction ?

En partant de ces deux réflexions, on comprend qu’il vaut mieux réguler tranquillement son alimentation plutôt que prendre des mesures drastiques qui vont entraîner des frustrations.

Le choix de l’alimentation devrait relever de la liberté individuelle. Quand on opte pour un comportement, en principe, on a ses raisons. Aussi, en s’appuyant sur de réelles motivations, les choses peuvent se faire en douceur, en cohérence interne et non pour suivre les modes.

Ce qui serait bien ce serait d’arrêter de prendre des résolutions qui ne sont généralement pas suivies bien longtemps. Se souvenir des dernières fois, des efforts, des regrets et des reproches que l’on a reçus ensuite, éventuellement des autres et à coup sûr de soi-même. A quoi servent ces résolutions si ce n’est à se flageller ? En revanche, changer les comportements qui sont jugés mauvais demande une préparation. Ainsi, bien étayées, ces modifications deviennent de nouvelles habitudes de vie, stables, durables. Efficaces.

Quel est l’impact sur le plan de la santé et pour le corps de tels régimes et de tels choix de se restreindre sur le plan alimentaire après les agapes de fin d’année ? Y-a-t-il des risques de changer ou de faire évoluer son alimentation et de se restreindre en hiver si soudainement après les fêtes de fin d'année ? Quels seraient les besoins idéaux à cette époque de l’année sur le plan alimentaire.  

L’impact est néfaste à la fois sur le corps physique et sur la psyché. Un effet de manque se produit. Un glissement vers une nourriture plus saine et raisonnable a l’intérêt de ne pas créer de frustrations. Rééquilibrer est l’objectif. Le corps se sent mieux rapidement. L’apaisement est apprécié après les déchainements des agapes. Quand on est à son écoute, quand on est relié à ses propres ressentis, une diète est bienvenue. Mais il ne s’agit pas de crier famine, vous voyez. On a besoin d’alléger les apports quand le corps a eu trop à faire dernièrement.

Ainsi, en hiver, il n’est pas question de restreindre des apports nécessaires mais d’éviter ceux qui sont inutiles, fatigants pour cette raison. Les besoins sont ceux qui permettent de faire face aux microbes, au froid, à la marche à pieds pour les Parisiens en ce moment… D’ailleurs, se dépenser physiquement est plutôt une bonne chose pour éliminer les excès ! Selon notre activité, les dépenses doivent s’ajuster.

L’idéal, c’est l’équilibre. C’est de se donner à soi-même ce qui fait envie mais pas uniquement pour le goût mais pour la vitalité que la nourriture apporte. Ou les boissons. La différence entre un soda et un jus de fruit pressé est une évidence nutritionnellement parlant. Pour se désintoxiquer de certains sodas, ce que votre corps appréciera, il est intéressant de faire l’expérience des jus de fruits frais. Ils offrent une résistance grâce aux vitamines et on en a besoin en ce moment. Après les éventuels abus d’alcool, mettre son foie au repos lui fera le plus grand bien et vous constaterez retrouver une énergie bienvenue. Sauf si l’alcool a pour objet de résoudre des problèmes, s’il n’est pas que festif. Alors, mieux vaut régler ces problèmes qui ne vont pas se dissoudre dans les alcools. « Avoir le culot » (je cite un patient) de se libérer de fausses bonnes solutions, quand elles deviennent le problème, c’est ce que je peux vous conseiller pour bien démarrer l’année et la décennie même !

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