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La demande chinoise de pétrole explose : en voilà les gagnants et les perdants à l’échelle mondiale
©Thomas COEX / AFP

Impact important

La Chine est devenu le premier pays importateur de pétrole de l'Histoire en termes de flux globaux. Une situation en voie de transformer les équilibres géopolitiques mondiaux.

Emmanuel Lincot

Emmanuel Lincot

Professeur à l'Institut Catholique de Paris, sinologue, Emmanuel Lincot est Chercheur-associé à l'Iris. Son dernier ouvrage « Le Très Grand Jeu : l’Asie centrale face à Pékin » est publié aux éditions du Cerf.

 

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Atlantico : Quels sont les principaux fournisseurs de pétrole de la Chine ? 

Emmanuel Lincot : La Russie et l’Arabie Saoudite. Viennent ensuite des pays tiers tels que l’Angola ou l’Iran ; la Chine contournant vis-à-vis de ce dernier pays les sanctions appliquées par Washington. La diplomatie du pétrole explique pour partie les prises de position défendues par Pékin dans ces différentes régions du monde. Et réciproquement. Ainsi, les sanctions occidentales ont conforté Moscou dans ses choix de rapprochement avec Pékin en matière énergétique. Ryad n’a absolument réagi ni emboité le pas aux critiques américaines concernant les répressions chinoises à l’encontre des musulmans Ouïghours. L’Angola et plus généralement l’Afrique subsaharienne constituent des zones prioritaires pour la Chine. Au même titre que l’Iran, il s’agit là de théâtres de rivalités entre la Chine et les Etats-Unis.

Quelles relations entretient la Chine avec le Moyen-Orient ? Quelle stratégie déploie-t-elle pour protéger ses approvisionnements ?

Ce sont des relations très anciennes. Le monde arabo-persan dès le Moyen Age a été l’un des tout premiers à envoyer à la Cour de Chine ses émissaires. Et réciproquement. Pour la période contemporaine, la chute de l’URSS et l’opération Tempête du désert (1991) ont alerté la Chine sur deux faits : la nature ayant horreur du vide, le retrait partiel de Moscou devenait une opportunité pour Pékin tandis que le formidable déploiement de forces engagé par Washington afin de libérer le Koweït faisait prendre conscience aux dirigeants chinois de leur retard en matière de technologie militaire. Laboratoire donc que ce Moyen-Orient où la Chine s’adresse à tous les interlocuteurs de la région, sans exclusive. On se souvient en janvier 2016 de la tournée diplomatique entamée par le Président Xi Jinping qui le conduisit successivement en Arabie Saoudite puis en Egypte et en Iran. Politique d’équilibre privilégiée par Pékin et ce au nom aussi d’une certaine défiance que partagent l’ensemble des élites de ces pays vis-à-vis de l’Occident. Le pays tiers qui conduit à cette région vitale du Moyen Orient n’est autre que le Pakistan que Pékin entend privilégier dans les choix de sa politique sur les Nouvelles Routes de la Soie avec l’aménagement du port de Gwadar et à terme un réseau de pipelines ; autant de réponses au dilemme stratégique que pose Malacca.

La Chine cherche-t-elle à se libérer de cette dépendance au pétrole ? Sa politique en faveur des énergies renouvelables est-elle efficace pour réduire celle-ci ? 

Oui comme alternative au charbon notamment. Mais la Chine reste une puissance énergivore. Ses besoins restent colossaux et son économie est très largement dépendante des marchés extérieurs bien qu’étant dotée elle-même de gisements pétroliers. Cette dépendante l’a conduit à déployer toutes sortes d’initiatives et d’innovations diplomatiques comme l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS); cette dernière étant non seulement ouverte à des pays de l’Asie centrale mais aussi ceux du subcontinent indien voire du Moyen Orient ; Téhéran étant candidat comme membre à part entière de ladite organisation. Cette dépendance rend la Chine vulnérable et sera source de tensions accrues au niveau international. D’où sa volonté de développer une économie verte pour acquérir une plus grande autonomie. Mais celle-ci n’est pas pour demain et nous allons de toute évidence traverser de fortes zones de turbulences… 

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