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Quand le simulateur énergétique du MIT montre qu’il demeure possible de limiter à la hausse des températures à 1,1°C sans décroissance tout en se passant des énergies fossiles
©Capture écran

Découverte

Le MIT a réalisé un outil de projection permettant de mesurer l'impact de certaines mesures écologiques sur la hausse de la température moyenne globale jusqu'en 2100.

Jean-François  Raux

Jean-François Raux

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et titulaire d’un DESS de Droit Public Européen, Jean-François Raux a effectué la majeure partie de sa carrière au sein d’Electricité de France et de Gaz de France.

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Atlantico : Le MIT a réalisé un outil de projection permettant de mesurer l'impact de certaines mesures écologiques sur la hausse de la température moyenne globale jusqu'en 2100, mais aussi l'influence de la croissance de l'économie et de la population sur le réchauffement. Nous publions les scénarios que Jean-François Raux, ancien d'EDF-GDF et ex-délégué général de l'Union française de l'électricité, a dévoilé sur les réseaux sociaux, et qu'il commente avec nous. 

Premier scénario : sans changement des paramètres - une hausse de la température de 4,1 °C d'ici 2100.

Deuxième scénario : tous les leviers d'action ont été portés au maximum, notamment un mix énergétique renouvelables-nucléaire. Résultat : une hausse de la température de 1,1°C d'ici 2100 sans que la croissance du PIB ou celle de la population n'ait été changée. 

Equations de Kaya associées à ce deuxième scénario.

Equations de Kaya dans un scénario où tous les élément d'action sont portés au maximum et la croissance (population et économie) au minimum. Deux enseignements : on ne fait chuter la température que de 0,1°C par rapport au scénario 2 et le PIB/habitant baisse dangereusement. 

Atlantico : Vous avez montré à partir d'un outil du MIT que si certains critères sont remplis, la hausse de la température d'ici 2100 pourrait être réduite à 1,1 °C. Quel est cet outil ?

Jean-François Raux : C'est un outil de simulation. Je pense que c'est un excellent outil d'aide à la décision, sur le modèle des modélisations du GIEC, mais cette fois, non plus pour constater un énième problème, mais pour agir. C'est un modèle d'action plus qu'un modèle de prévision pure. Ce qui est intéressant, c'est la comparaison d'un scénario à l'autre.

C'est le premier modèle que je vois, où, entre énergie, transport, construction, émissions industrielles et agricoles, croissance, il y a un équilibre des facteurs assez exhaustif. Je pense qu'il s'agit d'une aide à la décision qui vaut plus par comparaison de jeux d'hypothèses d'action que par ses valeurs absolues. C'est là qu'utilisez le modèle devient passionnant. En fait il permet d'approfondir les recommandations d'action du GIEC et de l'AIE.

Quels sont les efforts consentis dans ce modèle ?

Ce qui m'a intéressé, c'est un scénario dans lequel on ne bougerait pas les paramètres de la croissance de l'économie et de la population, et dans lequel, en revanche, on mettrait le maximum sur tous les autres paramètres. Dans ce modèle, il y a un mix énergétique qui permet d'avoir 0 émission de CO2 d'ici 2040 : un mix présentant énergie nucléaire et énergies renouvelables. 

Il s'agit pour moi de montrer qu'il faut arrêter le folklore écolo-décroissant sans impact sur le climat. Et d'établir des certitudes : sans technologie, on ne passe pas ; sans électrification massive de l'économie, on ne passe pas ; sans travail profond sur la nature (Forêt) on se prive d'un levier plus important que les ENR.

Ce scénario permet aussi de défendre le retour du rationnel après la peur (d'ou mon slogan "après Greta, le MIT") et la nécessité d'obtenir une volonté "politique" mondiale commune rapidement. Les COP doivent muter vite avec l'aide de grands Labos comme le MIT.

Est-ce que ce scénario vous semble réalisable ? 

Ce que j'ai voulu montrer, c'est qu'il faut arrêter la pensée magique sur la décroissance, que ce soit celle de l'économie ou de la population. Le principal problème porte sur le fait de décarboner le mix énergétique et montrer qu'on peut avoir de la croissance, et réduire la hausse de la température. Comme dans les années 1970, quand on a remplacé pas mal de pétrole par de l'électricité en France, en développant le nucléaire, on peut encore le faire au niveau mondial aujourd'hui. Il n'y a pas d'obstacles technologiques à ce scénario. Il y a des usages captifs du pétrole, mais il y a peu d'usages captifs du charbon sauf en chimie. Il y a le problème de l'avion, bien sûr. Sur ce point, je ne peux pas m'avancer.Ce qui est intéressant, c'est aussi que cela permet de porter le regard assez loin. D'ici 2100, on a le temps de changer des parcs (logement, industries, transports, etc.).

Il y a deux variables très stratégiques : la reforestation et la déforestation. Cela a un impact énorme sur le modèle. Je les ai poussées au maximum. Il y a aussi l'émission de méthane et d'autres gaz dont l'influence sur l'effet de serre est énorme. J'ai réduit au maximum les émissions de ces gaz. 

Ce que cela montre, c'est qu'on n'a pas besoin de se mettre à genoux, économiquement et démographiquement, pour le climat. Néanmoins, en creux, le modèle montre qu'il faut beaucoup d'action politique, beaucoup de volonté ! 

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