La timidité dans la lutte concrète contre les dérives communautaristes masque-t-elle une peur du "trop nombreux, trop tard" ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La timidité dans la lutte concrète contre les dérives communautaristes masque-t-elle une peur du "trop nombreux, trop tard" ?
©MARTIN BUREAU / AFP

Attention question taboue

Une manifestation en soutien à Mikaël Harpon, l'auteur de l'attaque à la préfecture de police de Paris, prévue à Gonesse ce jeudi, a été annulée sur ordre de Christophe Castaner. L'attitude du gouvernement souligne-t-elle une certaine frilosité sur ces questions ?

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

Voir la bio »
Vincent Tournier

Vincent Tournier

Vincent Tournier est maître de conférence de science politique à l’Institut d’études politiques de Grenoble.

Voir la bio »

Atlantico.fr : Une manifestation en soutien à Mickaël Harpon, le tueur de la Préfecture de Police, a été annulée sous ordre de Christophe Castaner. Le préfet n'avait pas jugé encore utile de l'annuler sans l'intervention du ministre. En quoi cette anecdote est-elle révélatrice d'une forme de frilosité des autorités publiques quant aux réactions des quartiers dits "sensibles" ?

Vincent Tournier : Cette hésitation sur l’autorisation ou l’interdiction de la manifestation de soutien à Mickaël Harpon est assez troublante. Il faut probablement y voir un mélange d’attentisme, de complaisance et de crainte, notamment la crainte de déclencher de nouvelles émeutes, mais aussi la crainte de se retrouver cloué au pilori pour cause d’islamophobie ou de racisme. Dans un contexte d’extrême pression morale et idéologique, tout le monde est tétanisé et préfère sortir le parapluie en demandant au ministre de prendre ses responsabilités. 

Cela dit, on peut quand même se demander si l’interdiction de cette manifestation était bien la meilleure option. Il y a en effet un argument qui aurait pu justifier de laisser faire, c’est justement de mesurer l’écho dont bénéficie le djihadisme en France. Cela aurait permis de faire sortir le loup du bois, de faire tomber les masques, notamment de la part de ces leaders de quartiers qui sont présentés comme des gens honnêtes et modérés, et sur lesquels les responsables politiques locaux s’appuient volontiers pour tisser leurs réseaux de soutien. Pour l’instant, concernant l’écho du djihadisme, on est dans un certain flou. Ce flou est la conséquence indirecte de la surveillance qui s’est renforcée depuis les attentats de 2015. Le résultat, c’est que les sympathisants de l’islamisme se taisent ou restent discrets. Or, ceux-ci existent, et pas qu’un peu. On en avait déjà eu la démonstration lors de la minute de silence organisée après l’attentat contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher : à l’image de Michaël Harpon, nombre d’élèves étaient visiblement acquis à l’idée que « c’est bien fait ». En raison de la surveillance, il est aujourd’hui plus risqué d’étaler en public son admiration pour les djihadistes. Mais du coup, cela crée un effet trompeur. Cela peut donner l’impression que les actes de violence sont le résultat d’une minuscule minorité d’individus isolés et déséquilibrés.Si on était dans un régime plus libéral, où les gens avaient la possibilité de s’exprimer et de manifester comme ils l’entendent, alors l’ampleur du problème deviendrait certainement plus visible. Il serait alors plus difficile dejouer les naïfs ou de fermer les yeux. 

Guylain Chevrier : On craint par-dessus tout que s’enflamment certains quartiers sensibles qui sont déjà en état de flottement sinon largement hors de contrôle, que l’on résume par la formule « zone de non droit ». Ce qui est bien réel, avec tout un trafic qui sévit derrière et des territoires où les règles sont établies par les caïds des trafics. Cela étant, le bisness passe avant tout, et on préfère en général le garantir en ne faisant pas de vagues, plutôt que de déclencher des heurts qui y nuiraient. C’est sans doute le paradoxe d’un Etat qui n’assure plus toujours la sureté, la sécurité dans certains quartiers mais qui a peu de travail de maintien de l’ordre ici, vis-à-vis d’enjeux inversés au regard du respect de la loi. C’est ce paradoxe qui pourrait un jour nous sauter à la figure. Il se manifeste de temps à autre par ces guet-apens tendus aux forces de l’ordre ou aux pompiers dans des cités. Interrogé par RT France, le porte-parole de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI), une association de policiers, a exprimé son désarroi. « On sait très bien que les mafieux achètent la paix sociale en payant les responsables religieux musulmans, puisque leurs trafics se concentrent parfois autour des mosquées, alors que le trafic de drogue n'est pas du tout bien vu dans l'islam. Tout le monde ferme les yeux contre de l'argent. Le plus petit réseau brasse au moins 8 000 euros par jour…» On voit aussi ici comment les choses peuvent parfois se combiner, de façon inquiétante. Du côté de l’islamisme on rêve de la prise du pouvoir politique, mais là aussi, on préfère pour l’instant travailler dans le silence des murs du communautarisme un rapport de force de l’islam politique qui se joue plus à travers le clientélisme électoral et la conquête des espaces, par provocations, comme avec le burkini ou le voile des mères accompagnatrices lors des sorties scolaires, en faisant reculer la République vis-à-vis de la foi sur le terrain du droit. Cela étant, jusqu’à quand ? On sait aussi que les réseaux salafistes sont en première ligne sur le plan de la radicalisation.

Hadama Traoré a appelé à cette manifestation en présentant le terroriste comme n’en étant pas un mais une victime de discriminations, avançant qu’il était« discriminé parce qu’il était sourd. » pour menacer : «  « On a le bras long !  Toutes les communautés persécutées, on va faire la guerre ensemble, aux politiques et aux médias. Et on commence ce jeudi… J’ai la haine… » Il reprend-là un des thèmes, les discriminations, favoris de l’indigénisme, des militants de l’islam politique, auquel il sert à justifier leur demande permanente de reconnaissance juridique de « l’islamophobie » pour faire taire toute critique de l’islam en leur donnant les coudées franches. C’est aussi l’élément nourricier du CRAN et d’une Rokhaya Diallo, qui en ont fait un commerce politique, avec en toile de fond la mise en accusation d’un Etat français « raciste ». Un discours haineux qui s’inscrit dans une logique de victimisation qui nourrit l’idée d’un complot de la République laïque contre la diversité, alors qu’il est simplement question de gouverner au nom de la raison et donc, selon un Etat séparé du religieux, avec la loi commune comme bien premier et ensuite chacun sa différence, pour peu qu’elle ne vienne pas s’opposer aux libertés des autres. Un élément du discours des endoctrineurs qui cherche par-là à convaincre certains musulmans de l’idée que la République serait contre leur religion, à laquelle cette première devrait s’adapter, reconnaitre l’ensemble des revendications d’un islam rigoriste sinon intégriste, d’un autre âge. Une thèse susceptible de faire basculer dans la haine et la radicalisation. Le discours de cet individu ne tombe donc pas dans le vide mais vient faire écho à une idéologie multiforme du déni, du rejet de toute idée de vivre ensemble, qui traverse certains esprits dans les quartiers. Les discriminations, c’est aussi une culture de l’excuse que l’on rencontre chez beaucoup de délinquants qui prennent prétexte de leurs propres délits pour mettre en accusation de racisme la police, l’Etat et sa justice, parfois habillée d’un discours identitaire sur lequel on souffle régulièrement. Ils y sont même aidés par bien des éditorialistes qui se font eux-mêmes les diffuseurs de ces idées, parce que, acquis au multiculturalisme dans le sens duquel converge ces cris contre les discriminations. 6000 affaires devant les tribunaux en France à ce sujet et 9% de condamnations, ce qui malgré le caractère inacceptable de la moindre discrimination, est dans un ordre de proportion qui n’a rien  voir avec les élucubrations d’un Hadama Traoré et ses coreligionnaires. On rappellera qu’Hadama Traoré, « candidat des banlieues » aux dernières élections européennes, sur une liste dite « Démocratie représentative »,n’avait pas dépassé 0,02%. Il se présentait pourtant comme « le porte-voix de la minorité silencieuse » d’Aulnay-sous-Bois et d’ailleurs…

Il y aussi le phénomène des Black blocs, né avec le conflit autour de la loi travail, qui en dit long, ajoutés les affrontements réguliers avec les Gilets jaunes, et une police qui n’est pas non plus toujours tendre, où nous en sommes de la banalisation de la violence dans notre société. Autant d’éléments qui montrent que l’équilibre est fragile, voire très fragile.

L'Institut Montaigne révélait en 2016 que 28% (ou 12% selon les méthodes de calcul) des musulmans français auraient adoptés un mode de vie contraire aux lois de la République. Si l'on croise ces données avec les estimations du nombre de musulmans en France, à combien peut-on évaluer le nombre de personnes qui sont en rupture ?

Vincent Tournier : Il est difficile de répondre pour deux raisons : d’abord, personne ne sait combien il y a de musulmans en France ; ensuite, on manque de données sur les caractéristiques et les opinions de cette population. Ces deux lacunes résultent en grande partie du manque de volonté de l’Etat, lequel a préféré rester dans une prudente cécité volontaire. Les organismes publics n’ont donc pas cherché à financer des études ou à collecter des données. Il faut dire aussi que les universitaires sont très réticents à l’égard des investigations de ce type, notamment chez les sociologues et les démographes. Résultat : ce sont des fondations privées (l’institut Montaigne,la Fondation pour l’innovation politique, la fondation Jean Jaurès) qui ont pris le relai et sont devenues les principaux pourvoyeurs de données sur les musulmans.

Cette absence des universitaires n’est pas sans conséquence sur la qualité des données. L’enquête de l’Institut Montaigne est certes très intéressante, et on doit même lui rendre grâce pour avoir été la première en France à tenter de chiffrer l’islamisme, mais les auteurs n’ont pas publié l’intégralité de leurs résultats et ils n’ont pas précisé leur méthodologie, ce qui rend leurs conclusions fragiles, notamment ce chiffre de 28%. Cela dit, il ne faut pas se leurrer : les quelques données dont on dispose n’ont rien de rassurant. Les études auprès des jeunes musulmans montrent en particulier qu’une partie très importante d’entre eux adhère à une approche fondamentaliste de la religion, ce qui se traduit par des attitudes dogmatiques, intolérantes, sexistes, antisémites, et parfois compréhensives à l’égard de la violence. 

Guylain Chevrier : Autour des rapports du Sénat sur la radicalisation, on estime difficilement le nombre de radicalisés en France. On en recense en 2018, près de 20.000 au ministère de l’Intérieur, avec une augmentation entre 2015 et 2017 de 60%. En réalité, on sait parfaitement qu’un individu repéré signifie que bien d’autres qui sympathisent avec les thèses islamistes pourraient potentiellement en arriver à une radicalisation violente, mais sont hors des statistiques. Le communautarisme n’aide pas non plus en cela, parce qu’il monte des murs avec notre société derrière lesquels il devient bien difficile de savoir le sort des uns et des autres au regard de ce problème majeur, l’endoctrinement y étant facilité par cette situation de fermeture. Il n’est pas un hasard qu’il soit identifié comme le premier terreau de la radicalisation.

Concernant le nombre de musulmans en France, si on prend l’ordre de grandeur habituellement retenu, et bien qu’il y ait des évaluations du simple au double selon les sources, on considère qu’ils représentent 4 à 5 millions de personnes. L’Institut Montaigne parlait effectivement de 28% des musulmans qui portaient la charia à un titre ou  un autre, au-dessus de la loi commune, et le même pourcentage qui considéraient l’islam comme un instrument de révolte contre la société, pour différents motifs. Mais surtout, il nous était dit que le groupe le plus rigoriste religieusement et le plus autoritaire, passe « d’environ 20 % de la population des plus de 40 ans à près de 50 % chez les cohortes les plus jeunes. » Dans le dernier rapport de l’Institut Montaigne sur le sujet, on alerte sur la dégradation de l’islam de France pour souligner "la progression de l'idéologie islamiste chez les musulmans. Les salafistes "gagnent du terrain à l'intérieur de la communauté", es-il expliqué, surtout chez "les jeunes moins de 35 ans", qui prônent une application littérale du Coran, de la charia, et s’opposent à toute adaptation. Il s’agirait selon lui d’un « monopole intellectuel ». C’est ce phénomène générationnel auquel il faut s’attacher dans les analyses, reflété aussi par le jeune âge des djihadistes partis pour la Syrie, et qui doit inquiéter. Car, cette frange plus jeune et très déterminée, l’est à la mesure d’une origine souvent fantasmée, qui n’ont parfois jamais été dans le pays de leurs parents ou grands-parents qui ont émigrés en France, mais le mythifie avec un discours qui s’appuie sur le sentiment entretenu d’une double peine. Partis d’un pays qui a vaincu la domination coloniale, on développe l’idée que ce serait pour s’être retrouvés sous la domination d’une société des anciens colons, créant un sentiment de révolte et de retour identitaire très puissant, très fragilisant, capable d’épouser un islam intégral sinon intégriste de tous les dangers. Analyse que l’on retrouve chez certains penseurs de la radicalisation qui frise la justification de celle-ci.

On peut craindre des risques de convergence entre groupes radicalisés, pour différents motifs, religieux, d’origine ou de couleur, sociaux. Cela commence il est vrai à faire beaucoup de monde, mais des courants de pensées aussi différents ont bien du mal à se fédérer. Il y a bien un projet dit « intersectionnel » en France de rassembler tous « les dominés », des féministes favorables au droit à la différence et donc au voile (Sic !) aux militants de l’islam politique, en passant par les tenants de la création d’un pouvoir noir en France, jusqu’à une frange islamogauchiste du NPA. Cela ne représente en réalité à ce jour que quelques milliers d’individus, mais très actifs et donc à ne pas négliger. Ce qui est sûr, c’est que de plus en plus nombreuses franges de notre société, à commencer par les musulmans radicalisés, les intégristes et rigoristes de tous poils, convergent dans un rejet de l’Etat et de notre pays, qui peut conduire au pire, et que face à cela, il faut une cohésion sociale forte. Mais on ne peut que constater qu’elle est très perturbée aujourd’hui par une politique de réformes à marche forcée qui conduit à fragiliser le corps social,  et  fracturer encore un peu plus le rapport des citoyens à la politique, qui ne se porte pas bien dans toutes les enquêtes d’opinion, enjeu cardinal pour notre démocratie face à ces risques.

Quel est le seuil numérique pour lequel un comportement "révolutionnaire" ou de rupture avec une société devient ingérable pour les autorités ? Y est-on ou il y a un affolement sur ces questions ? 

Vincent Tournier : C’est une question qu’il faudrait poser aux responsables de la police. Mais si on regarde les précédents, on a de quoi rester optimiste. Après tout, la République française a su « digérer » un Parti communiste qui représentait 20 à 25% des voix avec tout un éco-système à son service. Inversement, on doit relever que les guerres de religion se sont déclenchées alors que les protestants représentaient 10% de la population. Mais ces deux situations sont évidemment très différentes. 

Globalement, on peut quand même observer que les pouvoirs publics ont toujours su affronter les périls révolutionnaires, que ce soit les anarchistes à la fin du XIXème siècle, les ligues d’extrême-droite dans les années 30 ou les attentats d’extrême-gauche dans les années 1970-1980. Il reste que la situation actuelle est inédite : jamais la France n’a eu à gérer une population musulmane si importante sur son territoire, population qui devrait encore augmenter dans les années qui viennent, et qui présente des caractéristiques problématiques en termes d’intégration nationale. De plus, pour surmonter les difficultés, certaines conditions sont nécessaires : il faut qu’il existe une ferme volonté politique et, accessoirement, une acceptation d’utiliser des moyens peu orthodoxes, ce qui nécessite aussi d’avoir une idée claire sur la nature et la réalité du danger. Dans le cas de l’islamisme, il n’est pas évident que la perception de la menace soit bien installée dans les esprits des dirigeants. Certes, les attentats de 2015-2016 ont permis de déciller un peu les yeux, maison a malgré tout l’impression de rester au milieu du gué. A chaque attentat, on découvre que des failles énormes ont permis aux islamistes de prospérer ; et, entre les attentats, l’intérêt retombe, et la priorité semble alors moins de prendre le problème à bras-le-corps que de savoir comment faire taire Eric Zemmour, quitte à dire la même chose que lui par ailleurs. 

Car le problème que vous évoquez sur la perte de contrôle ne se pose pas à la société française dans son ensemble ; en revanche, elle peut se poser au niveau local, dans certains endroits, dans ces lieux que Bernard Rougier appelle « les territoires conquis par l’islamisme ». Le risque est que les pouvoirs publics s’accommodent de cette situation. Le fait que le président de la République ait lancé un appel à créer une « société de la vigilance », signifiant par là que chacun doit veiller aux « petits gestes » qui peuvent attester de la radicalisation, n’incite pas à l’optimisme car cela peut être interprété comme un renoncement : cela signifie que le pouvoir s’en remet aux citoyens, alors qu’on attend de l’Etat qu’il assume sa mission, y compris en expliquant clairement ce qu’est la radicalisation, et quelles mesures il entend prendre pour l’éradiquer. 

Guylain Chevrier : C’est une question bien difficile car il n’est pas question que de nombre mais de détermination, car quelques individus ayant entre les mains des armes de destruction massive peuvent faire d’énormes dégâts s’ils ne sont pas arrêtés, et ainsi créer un chaos favorable à un basculement vers le désordre. C’est sans aucun doute ce que cherchaient les terroristes des attentats de novembre 2015 en tirant dans la rue sur tout le monde à tort et à travers, avec des bombes prévues d’exploser un peu partout dans des endroits stratégiques, et le caractère symbolique de l’attaque du Bataclan. Mais ça n’a pas marché, on n’appuie pas sur un bouton pour cela. Pour autant, il y a de fortes chances qu’ils recommencent dans un climat plus favorable, car le lien social continue de se dégrader et bien des groupes sont sur les rangs pour en jouer le moment venu, ne serait-ce que pour négocier leurs propres revendications. Il y aussi une inconnue, c’est le comportement face à tous cela, de nos concitoyens de confession musulmane le moment venu d’un danger imminent, encore largement majoritaire à s’inscrivent dans les lois de la République, et que l’on n’entend pas. Il faut dire que le Conseil français du culte musulman ou la Fondation de l’islam de France, ne sont pas représentatifs de l’ensemble des musulmans de ce point de vue, dont beaucoup silencieux ne se reconnaissent pas dans ces institutions, même si elles parlent en leur nom.

On se rappellera les paroles de l’ex-ministre de l’intérieur, Gérard Colomb, qui lors de son départ de la place Beauvau y est allé d’une sorte de cri d’alarme : « c'est plutôt la loi du plus fort qui s’impose (dans ces quartiers), (celle) des narco-trafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République ».Il ajoutait, « La situation s'est très dégradée » dans certains territoires, listant : « Les quartiers Nord de Marseille, au Mirail à Toulouse, à la périphérie parisienne, Corbeil, Aulnay, Sevran... » Pour conclure : « On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face. Nous sommes en face de problèmes immenses. »

Ce qui doit plus nous inquiéter, c’est l’absence de projet politique, avec des discours illisibles comme celui du président de la République qui, par exemple, peut déclarer dans le cadre du Grand débat devant un parterre d’associations et d’élus des quartiers qu’il veut amender la loi de séparation des Eglises et de l’Etat pour l’adapter à l’islam, pour ensuite y renoncer après bien des manœuvres pour faire soudain, contre toute attente, une dénonciation des dangers du communautarisme. Sans compter encore avec les propos du président de la République au Collège des Bernardins en avril 2018 devant les évêques de France, pour dire qu’il faudrait réparer un lien abimé avec l’Eglise catholique, alors que de lien politique, il n’est plus censé en avoir. Le discours de l’Etat c’est celui de la France et s’il elle ne s’y reconnait plus parce qu’elle ne peut s’y reconnaitre en raison des confusions qui y dominent, cela devient un énorme problème. Cela a des incidences importantes jusque dans les franges de la population, les classes moyennes de la France périphérique par exemple, qui font tampons et contiennent par leur unité économique et sociale, certaine velléités de désordre. Si ces dernières reculent, se désorganisent en raison des politiques menées au sommet de l’Etat, nul ne peut dire dans ce contexte de montée des dangers voire des périls, ce qui peut en advenir. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !