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Retraites : la réforme Macron, une réforme calquée sur les propositions de la CFDT
©Thomas SAMSON / AFP

Bonnes feuilles

Dans "Retraites, la dernière chance" (Editions de l'Archipel), Pascal Perri montre comment la retraite par points, dernière chance de sauver le système a la française, conserve sa dimension solidaire, réactualise le contrat social et favorisera une collaboration juste entre les générations. Extrait 1/2.

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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La réforme Macron est une réforme systémique : on cesse de jouer avec les curseurs pour basculer dans un système à points. L’ambition est double :

a) créer progressivement un système universel dans lequel 1 € cotisé donnera les mêmes droits (c’est aujourd’hui loin d’être le cas) ;

b) assurer le pilotage de cet acquis social pour en assurer la pérennité dans la durée.

Emmanuel Macron veut mettre un terme à la dérive financière de notre modèle social, qu’il s’agisse de sa réforme des indemnités chômage ou de la retraite. Un acquis social n’est pas un acquis s’il n’est pas ou plus financé. C’est dans cet esprit que la règle d’or permettra d’adapter l’âge de départ en fonction de l’évolution mesurée de l’espérance de vie.

Le changement de modèle est adossé à des mesures fortes, mais justes. Ainsi, le système à points implique la suppression progressive des régimes spéciaux. Ils seront fondus dans un grand régime général. La valeur du point sera la même pour tous. Les pensions seront revalorisées sur le taux d’inflation, mais l’équipe du haut-commissaire a formulé la proposition qu’une partie soit indexée sur l’évolution des salaires. Le document de travail issu de très nombreuses rencontres avec les partenaires sociaux et remis au Premier ministre prévoit « un âge de taux plein » à 64 ans avec décotes et surcotes pour les assurés nés à partir de 1963. Le rendement sera ajusté à raison de 5 % par an autour de cet axe pivot de 64 ans.

Les carrières discontinues ne seront pas pénalisées. C’est une des contreparties du passage de 62 à 64 ans. Les taux de cotisation devraient être harmonisés. Ils sont à ce jour très déséquilibrés et c’est probablement la principale injustice du modèle actuel, beaucoup plus que l’âge de départ. L’État employeur cotise à une hauteur très élevée pour ses agents quand on compare avec la situation du privé. C’est sur ce point que le bond en avant risque d’être durement ressenti. Pour adoucir la transition vers un modèle plus égalitaire entre privé et public, les primes des fonctionnaires et des assurés des régimes spéciaux seront prises en compte. Il en résultera pour ces populations une baisse de leur revenu disponible : c’est le prix à payer pour donner les mêmes chances à tous sur la ligne de départ.

L’équité devrait l’emporter sur l’égalité pour les professions exposées. Des exceptions au départ à 64 ans seront mises en œuvre pour tenir compte de la pénibilité. Attention toutefois : le haut-commissaire a eu la main lourde pour 500 000 personnes qui étaient jusqu’alors rangées dans les catégories actives. Seuls les fonctionnaires exerçant des activités régaliennes continueront de bénéficier de départs anticipés (policiers, militaires, gardiens de prison, contrôleurs aériens).

Pour les autres, cheminots ou personnels médicaux, un dispositif de départ avant 64 ans devra être proposé, mais ces personnes ne seront plus associées au statut des catégories actives. Contrairement aux critiques dont elle a été l’objet, la réforme Macron présente un caractère très solidaire. Les périodes de chômage ou d’éloignement du monde professionnel donneront lieu à la distribution de points de solidarité ; les avantages familiaux seront indexés sur le nombre d’enfants par foyer et prioritairement fléchés vers la mère. Enfin, la retraite minimum sera fixée à 85 % du Smic net, contre 81 % aujourd’hui pour les salariés et 75 % pour la population des agriculteurs. Ajoutons que les hauts revenus supérieurs à 120 000 € par an ne seront pas prix en compte dans le calcul des droits, mais devront abonder une cotisation de solidarité de 2,81 %. On ne fait pas plus social !

La réforme Macron vise l’équilibre financier et ressemble à s’y méprendre aux propositions de la CFDT sur la retraite à la carte. Elle doit aussi changer la donne dans le domaine sensible de la gouvernance. Jean-Paul Delevoye défend une formule associant des représentants des assurés, des employeurs et des indépendants dans un conseil d’administration souverain pour apprécier les trajectoires financières et proposer les mesures d’ajustement qui seront nécessaires. Un conseil citoyen pourrait aussi faire des propositions au gouvernement et au Conseil d’administration du régime universel une fois par an.

Extrait de "Retraites, la dernière chance" de Pascal Perri, publié aux Editions de l’Archipel

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