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Il y eut une période heureuse quand on ne parlait pas d’identité nationale…
©BERTRAND GUAY / AFP

Le bon temps ?

C’était il y a quelques dizaines d’années. On a l’impression que des siècles se sont écoulés depuis.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Pendant près de cent ans, la France, bienveillante, a accueilli des millions d’étrangers. Ils y venaient pour travailler. Ou parce qu’ils trouvaient que c’était un très beau pays. Des Italiens tentaient d’échapper à la dictature de Mussolini. Des Espagnols ne voulaient pas vivre sous Franco. Des Portugais refusaient le joug de Salazar. Des Arméniens fuyaient les couteaux des assassins turcs. Et les Juifs fuyaient tout.

Aucun de ces immigrés ne détestait la France. Et leurs religions ne posaient aucun problème puisqu’ils acceptaient les lois et les coutumes de la République. Certains Français ne les aimaient pas. Ils leur arrivaient parfois de crier "à bas les métèques !" et "mort aux Juifs !". Mais d autres voix plus fortes et plus nombreuses couvraient la leur. 

Certes pendant quelques années - de 1940 à 1944 - on n'entendit qu’eux : mais leurs vociférations devaient tout à la présence des chars allemands. Il est à noter que pendant cette période (pas celle de Vichy bien sûr) révolue, les mots "identité nationale" étaient absents du vocabulaire courant. La France allait de soi. Le drapeau tricolore était légitimement respecté. Et tous - y compris ceux dont les accents étrangers écorchaient sauvagement notre langue - chantaient la Marseillaise. 

Vinrent d’autres temps et d’autres immigrés. Ils étaient de pays que nous avions colonisés naguère. Ils avaient traversé la Méditerranée pour trouver ici une vie décente et pour y obtenir des salaires qu’on leur refusait chez eux. Ils étaient chez nous. Et ils y étaient bien. 

Puis - première génération, deuxième génération…- petit à petit s’installa chez une partie d’entre eux un sentiment destructeur. La France cessa d’être le pays qu'il les avait accueillis pour devenir le pays qui les avait colonisé. Colonisatrice un jour, colonisatrice toujours…. Haïssable donc ! 

Les élites médiatiques et intellectuelles volèrent au secours de ce ressentiment mortifère. Le "beauf", caricaturé par Cabu ("con, Français et fier de l’être !") fut jugé méprisable et ringard. Seuls les Noirs ou les Arabes étaient beaux selon les canons esthétiques de la rive gauche. Ils étaient chez nous ? Non, chez nous, ça devait être chez eux !

La préférence immigrée devint la norme. Tout ce qui s’en écartait fut insulté, stigmatisé et condamné pour racisme et fascisme. Ainsi piétiné le "beauf se rebiffa. On lui enlevait son pays. Il comprit alors qu’il en avait un. 

Et il se mit à revendiquer, avec tous les excès dû à une révolte brouillonne et passionnée, "l’identité nationale". Pendant longtemps, il n’avait pas semblé nécessaire de la revendiquer tant elle allait de soi. Mais le fait d’être bafouée lui assura une résurrection inespérée. C’est ainsi qu’aujourd’hui on parle beaucoup d’"identité nationale". Mais il parait que c’est un gros mot.

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