Ce que l’accord de libre échange signé en Afrique change pour le continent (et pour le reste du monde) <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Ce que l’accord de libre échange signé en Afrique change pour le continent (et pour le reste du monde)
©Capture d'écran // Le nouveau magazine littéraire

Révolution

La Zone de libre-échange continentale, la Zlec, marquera le début de la coopération économique renforcée entre 54 des 55 pays africains.

Xavier Lepage

Xavier Lepage

Xavie Lepage est diplômé de l'Ecole de Guerre Economique (EGE), d’Assas et de l’Essec. Il est aujourd'hui responsable de l'intelligence économique chez PwC. 

Voir la bio »

Atlantico : Comment jugez-vous l'opportunité économique de former une zone de libre échange composée des 55 pays d'Afrique continentale ?

Xavier Lepage : Le projet de la ZLEC doit s'étendre sur les 55 pays africains mais pour l'instant l'Erythrée n'a pas encore signé. La création de la ZLEC, c’est 54 pays africains et un ensemble de 1,2 milliard de personnes. A terme, ce sera le plus grand marché commun du monde. C’est donc indéniablement une opportunité pour le continent qu’il faut saluer. Ce changement majeur ne se fera évidemment pas sans un certain nombre de challenges, que ce soit sur le plan règlementaire ou sur le plan politique.

Quels seraient les gagnants et les perdants de cette zone de libre-échange ?

Le libre échange profite théoriquement à tous. Un coup de boost de l’ensemble des économies du Continent, lié à la hausse des échanges intra-africains est d’ailleurs anticipé par les acteurs et les observateurs.

Dans la pratique, les disparités entre les différents pays doivent être prises en compte et un certain nombre de défis doivent être appréhendés afin que la mise en place progressive de ce marché commun se fasse dans de bonnes conditions.

Par exemple, la mise en place de mécanismes de compensation entre pays doit être envisagée pour accompagner les économies les plus fragiles. Des sujets comme celui la de solidarité entre les pays africains, peu évoqué jusqu’à présent – ou du maintien provisoire de mesures protectionnistes afin de permettre aux pays de se muscler sur le plan économique dans un contexte de libre échange, arriveront nécessairement à l’ordre du jour. 

Quels sont les principaux obstacles à la bonne implémentation de ce projet ? Pensez-vous que l'objectif de libéralisation de 90 % des produits sur une période de 5 à 10 ans est réalisable ?

Pour de nombreux observateurs, il est nécessaire de  « laisser du temps au temps ». La construction de l’Union européenne ne s’est pas faite en 10 ans et un certain nombre de défis devront être relevés.

On peut tout d’abord penser à la vitesse à laquelle les droits de douane seront abaissés. Il faut cependant garder en tête que certains pays bénéficieront de presque 15 ans de délai pour se mettre en conformité. La question de l’harmonisation des règlementations est également importante : en matière de transport, de douane, de droit commercial et des sociétés, en somme de tout le cadre normatif existant, qui facilite ou freine le développement des affaires. 

Il convient aussi d’évoquer le classique renforcement de la gouvernance ou la réduction des « tracasseries administratives » et les pratiques de fluidification commerciales que l’on peut pudiquement qualifier d’informelles.

En outre, il n’est pas possible de dissocier l’efficacité de la Zlec avec la nécessité de réaliser des réformes structurelles en lien avec la libre circulation des marchandises. Par exemple les infrastructures de transports à l’intérieur du Continent ou la mise en place de mécanismes de règlement des litiges. 

Quelles seraient les conséquences économiques de la zone de libre-échange continentale pour l'Union Européenne ? Notamment pour la France qui est un partenaire commercial important de l'Afrique ? 

Au-delà de la question « gagnant/perdant », c’est la question de la coexistence – et de la compatibilité - de ce nouvel accord de libre-échange avec les accords commerciaux bilatéraux déjà existants comme les accords avec l’UE ou ceux avec les Etats-Unis. Ceux de la Chine vont aussi se poser très prochainement…  

Grâce à ce nouvel accord, on peut anticiper un nouveau marché avec de 1,2 milliard de consommateurs. On peut également s’attendre à un essor de l’Afrique dans la chaine de valeur mondiale et une redistribution des cartes avec la montée en puissance d’entreprise africaines. 

Dans tous les cas la question de confiance entre les potentiels nouveaux partenaires commerciaux va devenir essentielle. En effet, il s’agira de se donner les moyens de sécuriser ses futurs investissements au sein de ce nouvel ensemble prometteur.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !