Pourquoi l’organisation d’un Grenelle des violences conjugales est une mauvaise réponse à une bonne question<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Pourquoi l’organisation d’un Grenelle des violences conjugales est une mauvaise réponse à une bonne question
©BERTRAND GUAY / AFP

Mauvaise stratégie

Marlène Schiappa demande à organiser un Grenelle pour lutter contre les violences conjugales.

Anne-Marie Le Pourhiet

Anne-Marie Le Pourhiet

Anne-Marie Le Pourhiet est professeur émérite de droit public.

 

Voir la bio »

Marlène Schiappa compte organiser un Grenelle des violences conjugales. La secrétaire d'Etat n'est pas fermée à une nouvelle loi à la suite de ce Grenelle. Se trompe-t-elle de stratégie ?

Les constitutionnalistes et le Conseil d’État ont beau dire et répéter depuis des décennies que l’on ne doit pas légiférer sous le coup de « l’émotion » médiatique provoquée par des faits divers, notre classe politique, médiocre et clientéliste, ne cesse cependant de tomber toujours plus bas dans la malfaçon législative. 
Que l’on trouve pendu dans son jardin un Albanais qui vient de tuer sa femme à coup de marteau et aussitôt on annonce un inutile « Grenelle » des violences conjugales. C’est assez risible. Les chiffres que les médias répandent pour 2019 sont véhiculés par des associations militantes dont on ne sait jamais d’où elles les sortent. C’est d’ailleurs pareil pour les actes antisémites, homophobes ou islamophobes qui sont  recensés par des lobbies subventionnés qui ont tout intérêt à grossir ou déformer leurs statistiques. Seuls les chiffres officiels des ministères de l’intérieur et de la justice sont crédibles et encore faut-il les lire objectivement et dans le détail.

Selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, ils étaient 7136 hommes à souffrir de violences volontaires de leur conjointe en 2013. S'agit-il de violences physiques ou verbales ?  Peut-on se demander s'il y a une sorte d'animosité à l'égard des hommes ?

La violence physique est, pour des raisons anatomiques et biologiques évidentes, très largement l’apanage des hommes qui ont incontestablement « le dessus » dans ce domaine. Les chiffres du ministère de l’Intérieur pour 2017 font cependant état d’un pourcentage non négligeable de meurtres conjugaux commis par des femmes et l’on s’abstient généralement de faire état de la violence à l’intérieur des couples homosexuels qui est pourtant très répandue. Sur la violence verbale et psychique, le dénigrement et l’humiliation du conjoint,  en revanche, les femmes ne sont pas en reste, de Richard Burton ou de Liz Taylor, difficile de dire lequel était le plus violent.
Mais surtout, le problème du militantisme féministe est qu’il range sous le même vocabulaire absurde de « féminicide »  des hypothèses n’ayant rien à voir les unes avec les autres et qui ne peuvent évidemment pas être appréhendées de la même manière. Le slogan sans cesse répété « une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon » n’a pas sens car il omet de préciser de quels « coups » il s’agit.  Il n’y a rien de commun entre un homme violent qui bat périodiquement sa femme avec ses mains et qui finit par la tuer sans l’avoir voulu et un homme qui n’a jamais battu sa compagne, qui n’est pas spécialement violent,  mais qui la tue un jour à coup de fusil ou de couteau dans un moment de grande dépression. Ceux-là souvent vont retourner l’arme contre eux et se suicider ensuite, il arrive même que le carnage soit total et qu’ils tuent aussi les enfants ou toute autre personne présente au domicile au moment de la crise (voisin, parent, etc). 
Autant il est possible de faire de la prévention dans le cas des hommes violents qui cognent habituellement leur compagne, autant le drame familial soudain par crise dépressive ou désespoir est imprévisible et rend donc la prévention impossible.  On ne va pas mettre un bracelet électronique à un homme qui n’a jamais battu sa femme. Il faudrait que la recherche en psychiatrie s’empare du sujet et que des enquêtes soient menées, malgré le suicide de l’auteur, pour déterminer s’il existe des structures psychiques plus sensibles et réactives aux grandes situations d’échec (maladie, chômage, échec professionnel et/ou conjugal, abandon, séparation …). Certaines « cultures » semblent également plus exposées aux meurtres conjugaux.  Le cas espagnol est bien connu, mais les cours d’assises antillaises en traitent aussi  beaucoup, et les crimes d’honneur sont également fréquents dans les milieux musulmans ou mafieux.
Sachant que les familles mono-parentales fabriquent des hommes immatures potentiellement  violents, qu’aucune image paternelle n’a détaché de leur mère, Mmes Schiappa et Belloubert seraient bien inspirées d’y réfléchir à deux fois avant d’ouvrir la PMA aux femmes homosexuelles et célibataires : « Père manquant, fils manqué »,  c’est là que devrait se situer la prévention.   

Le terme "féminicide" est très employé par les féministes mais évoque aussi les meurtres de filles à la naissance, les sélections prénatales,  les tueries de masse, crimes d'honneur, les femmes tuées par leurs conjoints ou par des inconnus dans la rue… N'est-ce pas juridiquement dangereux de traiter les femmes comme des êtres humains différents des autres ? 

Comme tous les militantismes communautaires le féminisme ne voit pas plus loin que son nombril et ne s’intéresse qu’à une partie de l’humanité, faisant fi des principes de liberté et d’égalité inscrits dans notre Constitution. Elles ont même exigé deux révisions constitutionnelles pour imposer la parité.  Il suffit, aujourd’hui, qu’un individu fou-furieux, présumé musulman, tue une personne juive, pour que l’on crie aussitôt au crime antisémite et que les associations juives « exigent » que les magistrats le qualifie comme tel. C’est pareil pour les femmes : que la victime d’un acte violent soit une femme et les féministes vont aussitôt la comptabiliser dans la rubrique du crime aggravé commis « à raison du sexe » … Il n’est évidemment pas conforme à l’universalisme républicain de punir davantage les coupables selon que les victimes appartiennent à telle ou telle catégorie de la population. La Déclaration de 1789, inscrite dans notre constitution indique : « La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Mais le multiculturalisme et le féminisme se moquent des principes républicains et le Conseil constitutionnel a malheureusement déjà laissé passer beaucoup d’entorses à ce principe.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !