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Comment un bon maire peut faire la différence pour sa ville
©LUDOVIC MARIN / AFP

Echéance prochaine

La campagne des élections municipales qui auront lieu en 2020 est déjà lancée. Si les maires ont opéré un retour en grâce depuis la crise des gilets jaunes, les candidats vont devoir redoubler d'efforts dans cette course.

Jean-Luc Boeuf

Jean-Luc Boeuf

Jean-Luc Bœuf est administrateur général. Auteur de nombreux ouvrages, son dernier livre : les très riches heures des territoires (2019), aux éditions Population et avenir. Il est actuellement directeur général des services du conseil départemental de la Drôme (26)

 

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Atlantico : La campagne des élections municipales qui auront lieu en 2020 est déjà lancée. Les candidats aux municipalités vont devoir redoubler d'efforts dans cette course. Comment se démarquer et faire la différence ? Que peut faire un bon maire au niveau local ?

Jean-Luc Boeuf : La première différence provient tout d’abord de la position de départ : est-on sortant ou challenger ? Faut –il d’abord convaincre un appareil de parti ou en passer par des primaires militantes ? En effet, les moyens d’action d’un maire sont très reliés à la place de sa ville dans l’intercommunalité à laquelle il appartient. Une large part des dépenses d’une mairie provient des dépenses de personnel, avec ses inévitables questions et critiques sur la place actuelle et future de ces agents publics ? En n’oubliant pas que, sur le terrain, les querelles philosophiques cèdent vite la place à cette question des demandes d’embauche, propres à tout climat de campagne auxquelles les candidats n’échappent que très difficilement… La fonction symbolique du maire est capitale, à travers son image. Comment en effet ne pas prendre en considération le fait que les projets financiers lourds relèvent de l’intercommunalité… mais qu’il faut d’abord être élu maire…

La question fiscale est traditionnellement un enjeu fort des scrutins municipaux. Pour 2020, la taxe d’habitation est en voie d’extinction. La taxe professionnelle est supprimée depuis près de 10 ans maintenant. Le foncier bâti relève des départements et intercommunalités… pour l’instant. Le sujet des dotations occupera une place moindre qu’en 2014. En effet, l’actuel président de la République a décidé de maintenir les dotations, au contraire du quinquennat 2012-17, qui avait vu la principale dotation de l’Etat aux collectivités passer de 40 à 30 milliards par an ! Bon, il reste toujours les polémiques sur le tarif de la cantine ou des centres de loisir… s’ils ne relèvent pas de l’intercommunalité

Quel peuvent-être les moyens d'action du maire ?

Les maires ont opéré un retour en grâce depuis la crise des gilets jaunes. Il convient pour cela de se projeter quelques mois en arrière. Au début de l’actuel quinquennat, les métropoles ont eu le vent en poupe. Le contexte était celui des intercommunalités de taille dite « XXL », suite à la disparition de plus d’une communauté de communes sur deux, dans l’élan de la loi relative à la nouvelle organisation territoriale de la République de 2015, dite loi NOTRe. Il était en outre question de faire élire au suffrage universel direct les conseillers métropolitains. Le Sénat n’y était pas vraiment favorable. Mais surtout, le mouvement des gilets jaunes a remis sur le devant de la scène la figure du maire qui écoute, qui apaise et qui se fait le relais des doléances de ses concitoyens. En outre, le président de la République voulait faire disparaître les conseils départementaux sur le territoire des grandes métropoles (Toulouse, Bordeaux, Lille, Nantes…). Il s’est vu opérer une fin de non-recevoir des élus, quelle que soit d’ailleurs leur sensibilité politique.

Les moyens d’action des maires sont d’abord budgétaires. En effet, près de la moitié des budgets de toutes les collectivités locales (communes, intercommunalités, départements, réguisons) provient des mairies. Certes, dans les plus petites, les moyens d’action sont limités mais ils sont présents. Au total, cela représente chaque année plus de 110 milliards d’euros. Naturellement, les projets les plus significatifs se réalisent aujourd’hui dans le cadre des intercommunalités, lesquelles représentent un peu plus de 40 milliards d’euros par an.

Les moyens d’action des maires sont ensuite collectifs. Au sein des intercommunalités, sur un bassin de vie qui relie les habitants, ils font émerger les projets d’ensemble tels que l’eau et l’assainissement, les zones d’activité, les équipements d’envergure significative…

Les moyens d’action des maires sont enfin symboliques. Dans nos sociétés ouvertes, désenchantées et en manque de repères, le maire en constitue l’un d’eux. Il est en quelque sorte un « lieu de mémoire » bien vivant.

Gérard Larcher organise une convention pour la droite afin de structurer un projet local. S'il y avait une seule bonne idée pour sauver les maires Les Républicains, quel serait-elle ? 

En portant un regard sur les élections municipales depuis la Libération, on notera deux choses. D’une part, elles sont rarement favorables à la majorité en place et d’autre part la sensibilité joue davantage que l’étiquette.

Premièrement en effet, l’exemple le plus frappant est incontestablement les élections de 1947, avec un raz de marée gaulliste, quelques mois après le départ du général de Gaulle. Mais il faut citer également les municipales de 1977, très favorables à la gauche, en plein milieu du septennat de Valéry Giscard d’Estaing (1974-81). Plus près de nous, les municipales de 2014 se sont traduites par une défaite sans appel de la gauche. À l'issue de ce scrutin, la droite détient 572 des villes de plus de 10000 habitants contre 349 à la gauche. Après cette défaite de la gauche, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault démissionne. Pendant la composition du gouvernement dirigé par Manuel Valls, aucun des ministres battus, retirés au second tour ou élu dans l'opposition ne sont reconduits au gouvernement. Comme quoi, la bonne vieille langue de bois selon laquelle il s’agit d’élections « locales » avec des enjeux « uniquement locaux » ne tient pas nécessairement la rampe.

Deuxièmement, la sensibilité politique est plus importante que l’appartenance partisane stricte. C’est la raison pour laquelle, dans les comptabilisations officielles de votes effectuées par le ministère de l’intérieur, la notion de « divers droite » ou « divers gauche » est beaucoup plus utilisée que pour les élections législatives.

Les maires étiquetés « LR » vont donc avoir tout intérêt à jouer de leur équation personnelle sur le terrain, davantage que leur appartenance politique. C’est la raison pour laquelle le départ d’un parti a moins d’importance pour une municipale que pour une législative. Sur le terrain, le poids de la tête de liste est particulièrement important, dans un sens positif ou négatif d’ailleurs. Ceci est l’une des différences fondamentales avec les élections départementales où les conseillers élus qui vont siéger au conseil départemental sont tous… vainqueurs de « leur » élection, dans « leur » canton.

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