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Bruxelles : le désaccord sur les nominations provoque la colère des petits pays de l’Union européenne.
©FREDERICK FLORIN / AFP

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On craignait la montée des forces populistes et identitaires, l’impasse dans les nominations a révélé la colère de la majorité des petits Etats membres qui réclament plus d’Europe politique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En général, « quand les baleines se battent, ce sont les crevettes qui trinquent ». En général oui, mais l’imbroglio dans lequel se sont une fois de plus enfermés les dirigeant européens, pour la nomination des prochains responsables des institutions, a finalement suscité la grogne, puis la révolte des petits pays qui se refusent de voir l’Europe se déliter et qui, au contraire, revendiquent plus d’Europe.

On craignait que l’Europe des petits fasse le lit du populisme d’extrême droite, et c’est vrai que dans tous pays de l’Union, on a assisté lors des dernières élections à une montée importante des mouvements populistes. En Autriche, en Hongrie, en Italie etc.

Cela dit, globalement, ces mouvements sont restés marginaux et surtout incapables d’apporter des réponses cohérentes et globales. Ces mouvements restent très protestataires et éclatés.

En revanche, tous ces petits pays portent en germe une colère, non pas contre l’Europe, mais contre les grands pays de l'Union européenne qui ne contribuent pas suffisamment à la construction européenne.

Cette revendication est partagée par la majorités des populations de l‘Europe du nord, des pays Baltes, de l’Autriche, et même de la Grèce qui considère que les efforts qu’elle a consentis pour rester dans l’Union ne sont pas récompensés. Toutes ces populations sont très attachées à l’Union européenne et à l’euro. Et quand ils ne sont pas dans l’euro, ils le regrettent et commencent à frapper à la porte. C’est le cas des Suédois et des Tchèques, qui ont fait la demande de rejoindre l’union monétaire européenne.

Alors la position de ces populations s’explique évidemment par la nécessité d’obtenir des assurances économiques et des protections contre la concurrence internationale, mais  aussi par l’obsession de se mettre à l’abri des ambitions russes. C’est vrai pour la Pologne, mais c’est aussi vrai pour la Finlande. Cet attachement très fort à l’Union européenne a permis à Michel Barnier de défendre une ligne forte face à la Grande Bretagne qui consistait à lui imposer l’obligation de choisir un accord qui protège les intérêts des uns et des autres avec des droits et des devoirs réciproques. Michel Barnier a été soutenu sur cette ligne par l’unanimité des pays membres de l’Union européenne. Pour tous ces pays, il n’était pas question d’ouvrir la porte à une Europe à géométrie variable.

Ce qui est nouveau, c’est que beaucoup de ces pays « marginaux » sont aujourd’hui vent debout contre les grands pays fondateurs de l‘Union Européenne, qu’ils accusent de laxisme, d’égoïsme et de faiblesse. Dans leur viseur, l’Allemagne et la France, à qui on reproche d’être les premiers à ne pas travailler pour le renforcement de l’Union européenne. Ces deux pays protègent surtout leurs intérêts immédiats.

L‘Allemagne est jugée égocentrique, préoccupée de sa seule puissance économique ; favorisée par la sous évaluation relative de l‘euro dont elle profite, ce qui lui a permis de réaliser des excédents commerciaux records, au détriment parfois des autres pays membres. L’Allemagne, à qui on reproche aussi des positions conciliantes avec la Grande Bretagne ou les Etats-Unis afin de protéger ses marchés automobiles qui constituent sa force.

La France, elle, est accusée de ne pas respecter les règles qu’elle a contribué à mettre en place comme la rigueur budgétaire, et qu’elle continue d’exiger des autres pays européens.

D’une façon générale, la France et l’Allemagne n’auront pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour lancer des projets structurants de l’Union européenne, alors même que la politique monétaire permettrait de financer des grands projets à taux zéro. Plutôt que de financer des investissements, les grands pays matures préfèrent financer leur modèle social et leurs dépenses d’exploitation.

La question des nominations à la tête des grandes institutions européennes comme le Parlement, la Banque centrale et la présidence de la Commission, traduit cette fracture.

Alors que toutes les grandes décisions stratégiques européennes (accords internationaux par exemple) doivent être prises à l’unanimité, ce qui entraine beaucoup de lourdeurs dans les processus de gouvernance, les nominations importantes dans les organisations dirigeantes ne nécessitent que des majorités qualifiées. Or, la majorité qualifiée s’obtient entre la France, l‘Allemagne et les pays du nord Pays-bas, Belgique. Les grandes nominations se jouent au sein même de ce club des riches.

Pour les autres pays européens, plus de 20 états membres, les grands dirigeants ne représentent pas l’Europe et surtout pas les forces de progrès pour une Europe plus forte, plus solidaire, plus politique, c’est à dire plus fédérale.

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