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90% de réussite au bac, 60% d’illettrisme : comment mettre fin à l’un des plus gros mensonges français ?
©FREDERICK FLORIN / AFP

bacchanule

Plus personne ne le conteste en dehors du petit cercle des militants de la désinstruction qui se sont toujours servis de l’école pour faire de la politique, et dont le cas est sans remède : le taux de réussite au baccalauréat est si élevé qu’il ne signifie plus rien.

René Chiche

René Chiche

René Chiche, journaliste depuis près de 25 ans, après avoir travaillé pour les groupes Ayache et Hachette-Filipacchi, a été rédacteur en chef et producteur délégué de magazines pour La Cinquième et France 5. Depuis quelques années, il dirige son agence de presse.

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Plus personne ne le conteste en dehors du petit cercle des militants de la désinstruction qui se sont toujours servis de l’école pour faire de la politique, et dont le cas est sans remède : le taux de réussite au baccalauréat est si élevé qu’il ne signifie plus rien, les autorités elles-mêmes n’osant plus s’en réjouir, pas plus qu’elles ne consentent à avouer que pour connaître le niveau réel de la population, il vaut parfois mieux s’en remettre aux évaluations auxquelles procède l’institution militaire qu’à celles effectuées par ce qu’il reste de l’institution scolaire. Avant de savoir comment remonter de là, si c’est encore possible, il est indispensable de prendre l’exacte mesure du désastre dissimulé par des chiffres flatteurs et pourtant si suspects aux yeux de tous.

Près de 90% de réussite, une explosion du nombre des mentions, des notes faramineuses conduisant même, dans quelques rares et néanmoins curieux cas, à obtenir plus de points que le total des points théoriquement possibles, voilà pour le côté face ; et pourtant, derrière ces records stupéfiants, une réalité catastrophique mais soigneusement tue, un taux d’échec dans l’enseignement supérieur parmi les plus élevés des pays comparables et difficile à dissimuler quant à lui, un quasi-illettrisme d’une grande masse des admis dont on fait semblant de s’accommoder en décrétant que les impétrants ont d’autres compétences, voilà pour le côté pile  ! Des professeurs le disent, et depuis longtemps, mais on ne les entend pas. Aussi, lentement mais sûrement, le niveau continue-t-il de baisser pendant qu’on regarde ailleurs, jusqu’à ce qu’il soit devenu trop difficile de cacher cette réalité et persister dans le déni.  Les observateurs les plus cyniques vont jusqu’à dire que le niveau ne baisse plus parce qu’il n’y a plus de niveau : cette appréciation n’est hélas pas dépourvue de fondement. Elle a d’abord le mérite de révéler la distorsion sans cesse accrue entre le niveau réel et ce qui est évalué ou plutôt surévalué, la valeur certificative du baccalauréat ayant à tel point perdu toute crédibilité qu’on n’hésita pas à dire qu’on allait le « remuscler ». Mais il faut être un peu sérieux ! Si l’on peut réfléchir au format des épreuves, s’il est bienvenu de réduire l’écart délirant entre les coefficients qui permettent à des élèves sachant à peine lire et pas du tout écrire de devenir néanmoins bacheliers et d’accéder à l’université, s’il est souhaitable de supprimer les effets pervers des séries et permettre aux lycéens de composer des enseignements de spécialité à leur guise, tout ceci ne contient pas encore l’once d’une mesure susceptible de remédier aux vraies difficultés, lesquelles proviennent d’abord de ce que des élèves en grand nombre parviennent jusqu’en terminale sans avoir le niveau requis, et obtiennent un diplôme bradé en toute connaissance de cause parce que ni la Cour des comptes ni l’opinion publique ne pourraient supporter qu’on ne l’accorde qu’aux quelques 40% qui le méritent encore !

Des preuves valant mieux que de longs argumentaires, il faudrait que tous ceux qui se permettent de parler de l’école, d’écrire des rapports, de citer des études et de concevoir des réformes dans le confort de leur bureau prennent le temps et la précaution de lire un échantillon de copies de baccalauréat afin de savoir enfin de quoi ils parlent. Contraints par l’obligation de discrétion, les professeurs n’ont pas coutume, et c’est heureux, de rendre publiques les copies qu’ils lisent, mais lorsqu’un système est parvenu à un tel degré d’hypocrisie et que la désinstruction a atteint un tel niveau, on est davantage coupable de continuer à entretenir l’omerta et garder étroitement closes les portes sur un désastre dont on prive ainsi le public de la possibilité de mesurer l’ampleur. Voici donc, et dans son jus, le début d’une copie écrite par un candidat au baccalauréat ES en juin 2019, issue d’un lot de copies dont elle est hélas assez représentative, et dont, loin de s’en moquer tant sa lecture cause à tout professeur normalement constitué une profonde tristesse et une immense colère contre ceux qui en sont les vrais responsables, il est d’abord effarant de se dire que l’auteur est parvenu jusqu’en terminale, ce qui s’explique entre autre et de façon non limitative par la suppression du redoublement d’une part (dont l’absence fait que tout élève peut passer dans la classe supérieure et repousser toujours davantage le moment d’affronter des difficultés devenues entre temps de véritables lacunes), par la diminution constante des heures d’enseignement disciplinaire au profit d’heures de rien d’autre part, par des conditions de travail des professeurs de plus en plus détériorées à tout point de vue, enfin par la prétendue bienveillance dont l’institution ne cesse de se gargariser pour mieux se disculper de sa lâcheté et de la trahison quotidienne des principes qui la fondent. Assurément, ce qu’on a fait à ces jeunes gens est impardonnable, soit qu’on ne leur ait pas appris pas ce qui devait leur être appris, soit qu’on n’ait pas repris et redressé ce qui devait être repris et redressé, soit qu’on n’ait pas exigé d’eux ce que devait être exigé, soit qu’on n’ait pas osé prendre à temps les décisions qui devaient être prises. Les causes de cet état de fait sont nombreuses, quoique le régime de réforme permanente auquel est anormalement soumis l’institution en soit probablement la principale, et il est ridicule de continuer à prétendre, comme le font ceux qui persistent dans ce déni et y trouvent sans doute avantage, que ces jeunes n’avaient pas jadis accès à l’enseignement secondaire et supérieur, comme s’il fallait se réjouir de leur faire passer une quinzaine d’années sur les bancs de l’école pour un si piètre résultat ! Que toute une génération, voire plusieurs, soient à ce point entretenues dans le mensonge et en un sens sacrifiées constitue un scandale moral ! Cet effondrement du niveau, et singulièrement du niveau de maîtrise de la langue et de l’écriture, est au moins aussi préoccupant, toutes choses égales par ailleurs, que le réchauffement climatique et la fonte des glaciers ! Quant au coût de la désinstruction, on devinera qu’il est immense et bien plus alarmant que celui de la dette publique, car son coût réel n’est pas seulement financier, il est aussi économique au sens propre du terme, il est social évidemment, il est politique également comme on ne tardera pas à s’en apercevoir, mais par-dessus-tout il est humain : savoir à peu près lire étant la même chose que ne pas savoir lire, écrire aussi mal étant la même chose que ne pas savoir écrire, laisser en état de quasi-illettrisme des cohortes d’élèves sous prétexte qu’ils ont d’autres compétences, les priver, en accablant sans cesse l’école de missions nouvelles et qui ne sont pas les siennes, de la possibilité d’acquérir l’usage correct de la langue, cet irremplaçable instrument à penser qui est l’outil de la connaissance du monde aussi bien que de soi, ce n’est pas digne d’une société qui se prétend moderne, et ce n’est pas non plus conforme à ce qu’exige sa conservation. L’instruction ne peut cesser d’être un devoir de l’Etat sans qu’il ne perde par là-même sa forme républicaine. Et comme on ne fait pas son devoir à moitié, il n’y a pas non plus de demi-instruction, du moins en droit. Dans les faits, c’est autre chose :

« Le travaille divise-t-il les hommes ?

Aujourd’hui, 65% des hommes agés entre 18 ans ou plus vont travailler, dont la moitié de ces hommes sont heureux au travaille, d’aller travailler mais l’autre moitié pas du tout au contraire ils se sentent éloigner du monde et se sentent malheureux d’après la source travail – bonheur.

Le travail est d’abord un moment d’expression car au travail on échange avec les collègues de travaille pour produire donc travailler. Le travail est aussi une obligation car elle t’oblige a respecter certaines contraintes comme se lever à 6 heure du matin. Le travaille vient du latin dit « Tripalium » se qui veut dire instrument de torture romaine. Toute fois, l’homme est une création de dieux il a pour but de se différencier de l’animal. Puis l’homme doit prendre les reignes dans la nature pour créer un monde non naturel mais artificielle grâce aux activité humaine qui se traduise par le travail. L’homme doit devenir maître de son monde où ils est crée, tout en agissant ensemble et restant unis. D’après l’Insee « la plupart des hommes pensent que aller au travaille nous éloigne de notre foyer, de notre famille ». Cette théorie n’est pas totalement juste car l’autre moitié intègre le travaille sans son quotidien, un moment de liberté, changement d’air. Le travail nous éloigne-t-il de la société et notre famille ? Le travail est elle un moment de raprochement et la fondation de cohésion sociale entre les hommes ? Comment le travail qui a la base definissait un instrument de torture peut aujourd’hui être le but et le devoir de chaque homme ? Pour répondre aux analyse donné par l’Insee et travaille-bonheur nous allons nous poser la question suivante. Esque le travail divise-t-il vraiment les hommes ? Pour étudier cette question, nous organiserons notre plan en trois axe. Nous verrons dans un premier temps le travaille de soi-même puis dans un second temps nous verrons l’alénation du travail et pour finir le travaille loisir […] ».

Au lecteur d’apprécier, à l’aune de cet échantillon si représentatif d’environ 40% des copies du baccalauréat général où l’on peut trouver encore bien meilleur certes, mais aussi bien pire, s’il vaut mieux, comme d’aucuns le réclament encore inconsidérément, « enseigner » le réchauffement climatique plutôt que la grammaire, les médias et le décryptage des « fèqueniouzes » plutôt que la démonstration de mathématique, initier à la philosophie dès la maternelle par des débats plutôt que lire les chefs d’œuvres et donner le goût de la langue. Qu’au pays de Descartes, de Molière et de Hugo, la langue française soit devenue une langue presque étrangère devrait en tout cas nous alerter sur l’ampleur du mal et l’urgence de reconstruire l’école, en la mettant pour ce faire à l’abri des lubies des uns et des autres auxquels on a si légèrement confié jusqu’à présent le soin de saccager cette institution de la République sous couvert de la réformer. Au lecteur enfin d’apprécier si, pour « remuscler » le baccalauréat comme prétend le faire le ministre de l’éducation, il était si indispensable d’introduire un « grand oral » et si pertinent de le doter d’un coefficient qui est le double de celui de la seule épreuve écrite de quatre heure rescapée des épreuves terminales, « grand oral » qu’un rapport remis récemment à Jean-Michel Blanquer osait qualifier de « levier pour l’égalité des chances » ! Puisse telle tartufferie cesser avant qu’il ne soit trop tard ! Puissions-nous nous aviser pendant qu’il en est encore temps de ce que la pensée doit à la langue ainsi qu’à l’écriture, et qu’une langue dont on ne se servirait que pour persuader et communiquer deviendra très vite inutile car, pour de tels usages, des grognements pourront suffire. 

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