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Ce qu’Emmanuel Macron devrait faire pour s’assurer une fin de quinquennat utile
©BENOIT TESSIER / POOL / AFP

Jamais deux sans trois

Nommer les problèmes de la France et changer les hommes sont les deux solutions qui restent à Emmanuel Macron pour changer le cours des événements politiques.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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La signification des résultats des élections européennes fait l’objet de débats. Certains soulignent que si cette élection s’est transformée en référendum « pour ou contre la politique du gouvernement », le résultat est négatif. D’autre estiment pour leur part que l’écart entre les deux premiers partis est limité, et que le parti du Président fait un score honorable compte tenu d’un contexte national et européen difficile. D’autres encore soulignent à bon droit que l’interprétation du résultat est rendue d’autant plus difficile que le score du parti présidentiel inclut les voix du Modem.

Disons-le tout net : le parti du Président de la République aurait sans doute pu faire face à des résultats beaucoup plus sévères. Ses deux premières années de mandats ont été, c’est un euphémisme, difficiles, avec des résultats économiques moins bon qu’escomptés, des couacs à répétition, l’image d’un Président jugé arrogant, un isolement inédit de la France sur la scène européenne, des dysfonctionnements toujours plus inquiétants de l’appareil d’Etat, un Etat qui reste dégradé de nos finances publiques et de notre compétitivité.

Est-ce à dire qu’il faille se contenter de cette situation qui voit la colère sourde des français contre leur classe politique monter ? Faut-il admettre qu’en fait d’exercice de l’Etat le Président, comme il en a à l’évidence la tentation, se contente de « gérer » la France pendant trois ans avec pour seul effet final recherché sa réélection ? A l’évidence non. La France, bien qu’il soit illusoire d’espérer une dissolution (comme Madame Le Pen la réclame sans sérieux) ou un changement profond de la part du Président (un Président est ce qu’il est avec ses qualités et ses défauts) ne peut continuer à faire comme si de rien n’était. Une inflexion est possible et souhaitable. Elle doit concerner l’analyse politique et les hommes.

Le changement doit d’abord concerner l’analyse politique. Comme l’a montré Marc Bloch dans l’Etrange défaite, une mauvaise politique est d’abord le fruit d’une crise intellectuelle qui interdit de nommer les problèmes. Ce gouvernement, sans boussole, mariage de la carpe socialiste et du lapin centre-droitiste constitué des transfuges des Républicains, doit enfin nommer les problèmes de la France. L’Islam, qui n’en finit pas par ses outrances de saper la laïcité, voire, quand il est radicalisé, de menacer la sécurité des français. Les impôts, dont la société et l’économie française crèvent, et dont la France est triste champion. L’école, qui n’est pas sortie de la logorrhée soixante-huitarde et dont le travail de déconstruction peine à être endigué. La paix civile, première mission de l’Etat, que tant de nos compatriotes ne connaissent pas, notamment dans les quartiers minés par l’islamisme, les trafics, l’abandon des services publics. L’insuffisance de nos capacités militaires, dans un monde dangereux, que la Loi de Programmation Militaire commence à traiter mais sur laquelle pèse l’épée de Damoclès d’une clause de revoyure. La désindustrialisation, qui doit être résolument stoppée notre industrie, anémique, étant la colonne vertébrale de notre économie. On pourrait continuer…

Il doit aussi concerner les hommes. Car ce sont eux qui pensent les politiques publiques. Eux qui les mettent en œuvre. Si beaucoup d’erreurs ont été commises par le Président, c’est bien le Premier ministre qui, dans les faits, dirige l’action du Gouvernement et dispose de l’administration. Or que voit-on ? Une administration qui dysfonctionne à la hauteur de la volonté du Premier ministre de contrôler tout – avec comme moyen l’affaiblissement des Ministres, privés de collaborateurs compte tenu de la réduction de la taille des cabinets ministériels – c’est à dire rien. Un Premier ministre qui n’a retenu d’Alain Juppé, son Père spirituel, que les pires travers, pour ne regarder la société française qu’au travers d’un prisme résolument technocratique. Beaucoup l’ignorent, mais la crise des gilets jaunes tient beaucoup à des mesures vexatoires directement décidées et mises en œuvre à l’instigation d’Edouard Philippe, la plus emblématique étant la limitation de vitesse à 80 km/ heure. Sans parler des comportements de petits marquis de ses collaborateurs, qui s’inscrivent certes dans une pénible tradition, mais qui atteignent des niveaux de moins en moins supportables.

Il n’est pas écrit que la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron se termine en capilotades, comme l’a été celle du quinquennat de François Hollande. Il est encore temps de doter la France d’un Premier ministre plus politique au bon sens du terme, au fait des territoires, qui puisse se prévaloir d’un bilan local et/ ou ministériel à hauteur des enjeux. Il est encore temps de changer l’équipe gouvernementale, où l’incompétence, à quelques rares exceptions (éducation, défense, santé), prévaut. Sauf à considérer, comme cela semble hélas la position du Président, qu’on ne change pas une équipe qui perd.

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