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Le chômage et le français. Une histoire passionnelle qui n’est pas prête de s’arrêter
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Les Français aiment le chômage. Plus qu’ils n’aiment le travail. Ce n’est pas totalement de leur faute. Et c’est récent. Une question de génération. Il y a aussi de bonnes raisons. Bref, c’est compliqué. Comme tout dans notre pays.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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A l’heure où le chômage affiche son plus bas score depuis 2009, nous devrions d’ailleurs dire son « taux le moins haut depuis 2009 » pour être plus proche de la réalité, il serait temps de se poser de bonnes questions, avant que le royaume de l’algorythmie ne s’emparent des emplois qui restaient ouverts.

Les Français aiment le chômage, plus que le travail. C’est vrai. Nos grands-parents ne voyaient pas le travail comme un esclavage, mais comme une libération. Ils avaient du courage, le sens de l’effort, parfois contre leur plein gré, mais le sentiment que leur travail servirait, au pire, à élever la génération qui les suivrait. Aujourd’hui, le français, a retenu de ses manuels scolaires, impressionné par les écrits de Zola, repris par nombre de candidats de gauche, dont une partie écrivent toujours ces mêmes manuels scolaires, que le travail était à proscrire, qu’il était immoral, et ne profitait qu’aux plus puissants, qu’il était définitivement la preuve que le capitalisme était la source d’exploitation de l’homme par l’homme (et le communisme le contraire, comme disait Coluche). Le Français est victime d’une éducation communiste, et fait tout pour profiter du système, et c’est normal, on l’a élevé ainsi, il ne voit pas le mal. Il cotise pour avoir un droit à l’abus.

Le français ne supporte plus l’effort physique, il est un signe d’échec. L’apprentissage, les métiers manuels, c’est pour nos immigrés, par pour nous. Au pire, il peut souscrire à un métier manuel qui l’amène dans un concours télévisuel, un top chef, un top pâtissier, mais uniquement si il faut travailler de jour, être bien payé de suite et se reposer le plus vite possible sur des ouvriers sous-payés. Pas un hôtel, un restaurant, un boucher, un couturier, un boulanger, qui ne peine à trouver un employé, même bien payé. Le blanc ne supporte pas les tâches sur son habit. Ca fait pas chic, et le français…. est très chic.

Le Français, à sa décharge, a compris au fur et à mesure du « génocide » sur les seniors, que même les mieux payés, considérés, chouchoutés, par les « patrons », ne l’étaient que jusqu’à 50 ans et qu’au delà, ils étaient priés d’aller briller au chômage, alimentant ainsi un « dépotoir » à ciel ouvert de compétences et d’idéaux brisés par des dirigeants de boîtes du CAC, plus âgés qu’eux, mais ne trouvant pas naturel, sauf pour eux, de continuer à payer si cher des compétences glissantes. En oubliant au passage, que pour arrêter de les former après 45 ans, ils programmaient l’obsolescence qui permettait de les accuser de la rage. Leurs enfants ont vu cela, et partant d’un terreau peu favorable au travail à priori, ils ont ainsi décidé, que la fidélité et le travail étaient bien mal récompensés et sur ce point, on doit leur donner raison.

Le Français aime que le travail vienne à lui. Pas aller le chercher. Plus de 10 départements en France, cherchent travailleurs (cadre, agents, ouvriers..) désespérément. Pendant que 8 millions de personnes, dont une partie qui se plaignent sur les ronds points d’être mal traité et hurle au pouvoir d’achat, elles esquivent dans le même temps, le pouvoir d’acheter. Des centaines de milliers de postes, et d’entreprises, qui sont prêtes à payer, parfois très cher, des compétences pour se développer, mais doivent renoncer à leur croissance, faute de bras. C’est à pleurer. De honte. Quand les polonais, roumains et autres, se précipitent sur nos emplois vacants, les mêmes qui refusent de prendre ces emplois, viennent s’opposer et s’offusquer de ces travailleurs « illégaux » qui viennent manger le pain de ceux qui le laissent pourrir sur le sol. Un américain est prêts à faire 5000km pour trouver un job meilleur pour sa famille. Un français considère que 30km est une frontière inacceptable.

Alors au lieu de profiter d’un peu de croissance, nous devons nous contenter d’une baisse humiliante du chômage. Passé de 8,8% à 8,1%, entre 2009 et 2019. 10 ans pour une misère. Une paille. Une poussière. Et surtout une chimère ! En effet, les applications algorithmiques vont commencer à débarquer et tuer ou réduire nos emplois, avec application et détermination. Pour- c’est la promesse, de dupe selon moi- nous ramener une productivité perdue. Perdue de vue pour reprendre le titre d’une émission passée au panthéon de la télé française ! La productivité sur laquelle nous comptons pour préserver notre modèle. En réalité, une dernière contraction d’un muscle flétri, qui oui profitera à l’économie à court terme, pour créer plus de pauvreté, et de désespoir à long terme. L’avantage pour la France, c’est qu’on ne pourra plus lui reprocher de ne pas aimer le travail, et de ne pas aller le chercher. Il n’existera plus. Notre chômage, plus que tous les autres pays du monde, grimpera en flèche, et viendra se cogner sous la cloche d’habitude réservée au boxeur groggy.

8,1% ! le triple à peu près de la Grande-Bretagne, des USA ou de l’Allemagne. On appelle cela, côté gouvernement, un succès, côté réalité, un échec cuisant. Une déculottée !

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