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Preston, modèle ou contre-modèle ? Focus sur la ville britannique déshéritée qui mise tout sur le localisme en économie
©Oli SCARFF / AFP

The Corbyn Way

Le modèle économique de Preston viser à pallier le manque notoire d'investissement de la Grande-Bretagne au-delà de Londres. Preston est définie comme "laboratoire des Corbynomics", en référence aux politiques économiques proposées par Jeremy Corbyn.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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Atlantico : Persuader les institutions publiques locales de dépenser une plus grande partie de leur budget au niveau local peut-il constituer un modèle économique viable ?

Sophie Loussouarn : Le gouvernement local britannique est très complexé. Le Royaume-Uni est divisé en 9 régions et dispose de 27 conseils départementaux (county councils) et de 10 000 conseils municipaux. Les institutions publiques locales sont subventionnées par l’Etat et par les impôts locaux. Dépenser une plus grande partie de leur budget au niveau local permet d’améliorer le fonctionnement des écoles, le service de santé et les infrastructures et en cela de remédier aux politiques d’austérité mises en œuvre depuis 2010. Mais cela ne peut constituer un modèle économique viable et risquerait de conduire à un endettement des institutions publiques locales.

Preston est considérée par certains comme le laboratoire des « Corbynomics ». En quoi les politiques économiques menées à Preston sont-elles en cohérence avec les idées de Jeremy Corbyn et du Parti Travailliste ?

Les politiques économiques menées à Preston encouragent l’intervention des institutions publiques dans l’économie au lieu d’inciter les entreprises privées à investir. Les mesures adoptées à Preston évoquent les renationalisations prônées par Jeremy Corbyn pour les chemins de fer, l’eau et l’électricité. Les coopératives créées à Preston  se font l’écho des politiques marxistes mises en avant par le chef du parti travailliste depuis son élection à la tête du parti le 12 septembre 2015 et n’encouragent pas l’initiative privée. Cette intervention des pouvoirs publics crée toujours plus d’Etat, augmente les dépenses publiques et la dette publique.

En laissant se développer un protectionnisme municipal, la Grande-Bretagne ne risque-t-elle pas à terme de se transformer en une île de villes-État ?

Le protectionnisme municipal est très dangereux dans le contexte du Brexit et remet en question la tradition libérale britannique. Le Royaume-Uni est composé de 36 grandes métropoles qui pourraient devenir de plus en plus autonomes. Londres est jusqu’à présent la seule ville à disposer d’un Maire élu et d’une assemblée élue. Le gouvernement conservateur a encouragé la décentralisation en faisant voter le Localism Bill en décembre 2010, mais davantage de décentralisation pourrait à terme mener à un démembrement du Royaume-Uni et à des velléités d’indépendance. Les Londoniens qui ont voté en masse contre le Brexit ont même envisagé la possibilité de faire sécession du Royaume-Uni et de se constituer en ville-Etat pour rester dans l’Union Européenne.

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