Retour au bon vieil e-mail: comment Slack en est venu à affecter la productivité des salariés<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Retour au bon vieil e-mail: comment Slack en est venu à affecter la productivité des salariés
©Reuters

Corporate

Le logiciel de collaboration d'entreprise Slack va entrer en bourse. L'occasion de revenir sur un outil en pleine expansion mais que certains ont banni de leur entreprise.

Marc-Eric  Bobillier-Chaumon

Marc-Eric Bobillier-Chaumon

Professeur du CNAM - Titulaire de la Chaire de Psychologie du Travail at Conservatoire National des Arts et Métiers. Il tient une page professionnelle et scientifique : http://psychologie-travail.cnam.fr/marc-eric-bobillier-chaumon-1041323.kjsp?RH=pst_psycho.

Voir la bio »

Pour certains chefs d'entreprise, la plateforme Slack est jugée trop "distrayante" et nuirait à la productivité en entreprise. Quel est le problème soulevé par ce logiciel ?

Marc-Eric Bobillier-Chaumon : Il faut déjà réfléchir à l'usage du dispositif. L'usage prescrit est que Slack est amené comme un outil qui va favoriser la collaboration. Toutefois l'outil n'est pas utilisé dans cette finalité mais plus comme un outil de coordination, là où effectivement on discute de manière synchrone.

C'est un outil d'ajustement et de régulation. Concrètement on utilise Slack quand on a besoin d'avoir rapidement une réponse au sein d'un groupe éclaté, réparti sur plusieurs zones géographiques, des services ou des organisations différentes. Dans cette optique là c'est une ressource dans le travail.

En revanche si c'est présenté comme un outil censé valoriser la participation de chacun à une œuvre collective, ce n'est pas le bon outil. Pour pouvoir définir quel est le bon usage d'un dispositif il faut définir le besoin des gens.

Là où il y a un besoin d'organisation, l'outil peut très bien ne pas être accepté par les travailleurs ou les chefs d'entreprises car il peut désorganiser le collectif de travail qui existait et donc l'affaiblir. L'outil en lui-même ne permet pas le dialogue de vive voix et ne permet pas de construire le sentiment d'appartenance à une communauté, une entreprise ou un projet.

Est-ce là le symptôme d'une américanisation des entreprises françaises ou au contraire d'une résistance ?

Si l'usage et les fonctions de l'outil sont contestés, c'est qu'il ne correspond pas aux usages de l'entreprise. Il est des entreprises qui ont cette culture de la réunion, un besoin de se retrouver, d'échanger par rapport aux objectifs.

Il y a aujourd'hui un vrai déterminisme technologique où l'on pense que l'usage de l'outil va induire des formes de collaboration, va l'optimiser. Or le raisonnement est pris à l'envers. Il faut d'abord réfléchir à la culture de l'entreprise pour ensuite établir un jugement quant à la pertinence de l'utilisation de cet outil qui peut ensuite être adopté dès lors qu'il y a une démarche en amont.

 Pour que ces outils soient acceptés il faut d'abord la mise en place du projet dans une démarche collaborative et il faut également que l'outil soit suffisamment flexible. Sur Slack on peut à la fois parler des problèmes au travail mais on peut aussi l'utiliser comme un dispositif qui va garder en mémoire toute la production du groupe. Il ne faut pas que les outils soient trop rigides pour être adoptés.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !