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LR : derrière l’effet Bellamy, un effet clarification ?
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Sans Juppé ni Raffarin

Un sondage Elabe/BFM diffusé le 30 avril place François-Xavier Bellamy à 15,5% des voix.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico: Si on peut considérer que le choix de la tête de liste y est pour quelque chose, sa nomination ne parachève-t-elle surtout pas une période de clarification qui s'est effectuée d'abord par le départ symbolique d'Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin ?

Maxime Tandonnet : Dans le déroulement de cette campagne des Européennes, la seule véritable surprise est la bonne tenue de la liste LR. Il y a quelques mois on en était à s’interroger sur sa capacité à atteindre les 8%. Or, les sondages la donnent désormais presque au double et la dynamique est en sa faveur. Plusieurs facteurs expliquent cette remontée. Le départ de M. Alain Juppé et M. Jean-Pierre Raffarin, en désaccord sur la ligne du mouvement et sensibles à la séduction du macronisme, n’est pas seulement symbolique. Il a favorisé un effet unitaire autour de la liste LR. Pour la première fois depuis très longtemps, les leaders de ce mouvement donnent une image de rassemblement et évitent de s’affronter. Même les désaccords entre Mme Pécresse et M. Wauquiez se sont tus. L’unité retrouvée, au moins de façade, est la première explication de ce redressement. Ensuite, la bonne image de la tête de liste, M. Bellamy, exerce un effet évident. Par sa modestie, sa courtoisie, son désintéressement apparent, il est à l’inverse de tout ce que les Français reprochent aux politiques. Enfin, le contexte politique général, l’impopularité présidentielle, les déboires de la liste de Mme Loiseau jouent de toute évidence en faveur de la liste LR.  

L'électorat filloniste a largement été capté par LREM depuis 2017. Un retour au bercail est-il envisageable ? Si oui, quelles conséquences aurait-il ?

D’après les derniers sondages (Figaro Magazine), le retour au bercail de l’électorat filloniste est déjà partiellement engagé. Les ralliés au macronisme représentent désormais environ un quart de cet électorat alors qu’ils étaient majoritaires en 2017. La poursuite de ce mouvement est en effet envisageable. Elle dépend  beaucoup de l’évolution du quinquennat macron. La poursuite de sa chute dans le désordre et l’impopularité se traduira presque mécaniquement par le retour de l’électorat de droite conservateur dans la mouvance LR. On peut aussi s’attendre à une crise politique qui se traduira par le départ des ministres « de droite » du gouvernement, accélérant le mouvement. Maintenant il faut que LR poursuive le redressement de son image dans l’opinion en évitant de retomber dans les querelles de chefs qui sont dévastatrices en termes d’image. Et ce n’est pas forcément gagné…La conséquence d’un retour au bercail de l’électorat filloniste serait d’une part d’affaiblir considérablement le courant LREM, privé de sa jambe droite, et d’imposer une troisième force, républicaine, autour de 20%, entre les partis macroniste et lepéniste.

Une clarification supplémentaire serait-elle souhaitable pour LR ? Quels sont ses points forts aujourd'hui sur lesquels le parti devrait s'appuyer s'il veut progresser encore ?

Il serait naïf et trompeur de laisser penser qu’un score de 15,5% de l’électorat aux Européennes, voire même 17 à 18%, dans le contexte d’une abstention de 60%, marquerait un engouement national pour la liste LR. Pourtant, ce relatif succès serait à prendre très au sérieux. Contrairement au PS, LR a survécu au choc du « nouveau monde ». Un tel résultat ouvrirait la voie à une perspective d’alternance en 2022. Le RN/FN semble certes mieux placé dans les sondages. Pourtant, son rejet viscéral dans les trois-quarts de l’opinion empêche d’y voir une solution de rechange possible au macronisme. C’est un fait, tout simplement. Dès lors, LR est la seule voie d’alternance envisageable et le scrutin européen, suivi de municipales réussies, pourrait le conforter dans ce statut et dans une dynamique positive. Maintenant, rien n’est gagné, tout reste à faire. Même 20% est très insuffisant pour une reconquête du pouvoir. Il faudra rassembler bien au-delà. La clé d’un éventuel succès futur en 2022 consiste à savoir s’adresser aux 60% d’abstentionnistes et à l’immense majorité des Français aujourd’hui écœurés par la vie politique. En finir avec toute forme de mégalomanie et d’obsession narcissique des dirigeants politiques, refonder la politique sur le service modeste du pays et de l’intérêt général, un discours simple de vérité, sans démagogie, une reconquête de la démocratie par la réhabilitation de la représentation parlementaire et du referendum pour lutter contre la fracture entre la classe dirigeante et le peuple, la priorité donnée aux sujets de préoccupations fondamentaux des Français, l’autorité de l’Etat, l’école, la lutte contre la violence et l’insécurité, la maîtrise des frontières. A ce prix, mais à ce prix seulement, l’alternance en 2022 pourrait bien avoir lieu.


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