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Pedro Sanchez ou l'ébauche de renaissance du PSOE : la gauche française devrait-elle chercher son inspiration au-delà des Pyrénées ?
©JAVIER SORIANO / AFP

élections en Espagne

Le PSOE, mené par le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, s'est imposé aux législatives espagnoles avec 29% des voix. Le parti d'extrême-droite Vox fait une perçée en obtenant 24 sièges.

Bernard  Bessière

Bernard Bessière

Bernard Bessière, professeur émérite d'Aix-Marseille Université, est spécialiste de l'histoire et de la culture de l'Espagne contemporaine. Il a publié récemment avec Bartolomé Bennassar : Espagne : histoire, société, culture, Paris, La Découverte, 2017,[3e édition mise à jour]

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Atlantico : Comment s'explique le regain de popularité du PSOE en Espagne alors qu'un parti comme Podemos n'a pas su convertir les nombreux soutiens dont il disposait ?

Bernard Bessière : Ce regain s'explique d'une part par la perte de crédibilité du PP [Partido Popular, droite] qui a été chassé du pouvoir par une motion de censure inattendue en juin de l'année dernière, motion qui entraîna la démission de Mariano RAJOY, suite à la condamnation pour corruption généralisée de son parti affectant un certain nombre de ses cadres condamnés à des peines de prison [entre 4 ans et... 51 ans !]. D'autre part, l'absence totale d'esprit de dialogue du pouvoir central avec les partisans de l'indépendance catalane avait bloqué la situation. Mais le bon résultat électoral du PSOE s'explique aussi par la stature d'homme d'Etat de Pedro SANCHEZ, qui n'aura pourtant profité que de 10 mois de pouvoir, ces mêmes catalans n'ayant pas voulu voter sa loi de finance en février dernier. Pendant son bref mandat il donna l'impression d'être un leader sérieux, solide, à la fois acceptant de dialoguer avec les indépendantistes catalans mais également ferme sur son refus de permettre la tenue d'un nouveau référendum [illégal] d'autodétermination. De plus, la politique "de gauche" qu'il a brièvement mise en place [lois sociales, revalorisation de 20% du SMIC, accueil des immigrants perdus en Méditerranée, etc.] a réconcilié un électorat populaire parfois désabusé avec une social-démocratie espagnole jusque là souvent taxée de dérive néo-libérale. En contraste, l'autre gauche, plus radicale, incarnée par la coallition Unidas Podemos [leader Pablo IGLESIAS], a connu de graves problèmes internes [guerre des chefs et manque de rigueur dans l'approche catalaniste]. Quant au parti "centriste" Ciudadanos, dirigé par Albert RIVERA, il s'est progressivement droitisé, au point d'envisager une alliance de gouvernement avec le PP et même avec Vox, le nouveau parti néo-franquiste.

Alors que l'Espagne avait jusqu'à là été épargnée par la montée de l'extrême-droite, le parti Vox a réussi une vraie percée lors des élections. Le PSOE peut-il se placer comme alternative "progressiste" contre l'extrême-droite ?

Alors qu'entre 1977 et 2014, les nostalgiques du franquisme s'étaient repliés sur le PP de José Maria AZNAR puis de Mariano RAJOY, elle a créé un nouveau parti en 2014 qui n'avait pourtant obtenu aucun succès électoral jusqu'aux élections autonomiques d'Andalousie de 2018. A ce moment-là, afin de chasser le PSOE du pouvoir à Séville [accusé lui aussi le corruption à travers le scandale du détournement de fonds publics par deux présidents socialistes successifs] la coallition Ciudadanos-PP s'était alliée à Vox qui remporta 13% des voix et se vit offrir plusieurs postes de ministres régionaux. Depuis cette défaite locale, le PSOE, au niveau national, s'est clairement affirmé comme le seul rempart crédible contre le danger d'un retour de la droite extrême, insistant sur le programme électoral de Vox : remise en cause de l'autonomie des régions, haine contre les "rouges" de tout poil, démantèlement des lois progressistes, annulation du mariage pour tous, supression des mesures visant à lutter contre la violence machiste, etc.]

La stratégie de Pedro Sanchez peut-elle servir d'inspiration pour la gauche française ?

Le cas du PSOE est diamètralement opposé à celui du PS français qui a sombré depuis l'élection d'Emmanuel MACRON. En France, aucun leader socialiste ne semble incontestable, et l'effondrement du PS semble durable, alors que SANCHEZ s'est affirmé comme "l'homme de la situation" avec une politique claire, cohérente. Il bénéficie de surcroit d'une bonne image à gauche même si Podemos ne l'épargne pas, mais la situation n'a rien à voir avec la stratégie de guerilla que la France Insoumise mène contre les reliquats du socialisme français.

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