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Comment le pôle de centre-droit du gouvernement prépare son avenir
©LUDOVIC MARIN / AFP

Avec ou après... Macron ?

Un petit groupe du centre-droit, déçu par les résultats des Primaires de la droite en 2017, influence très efficacement le quinquennat d'Emmanuel Macron.

Ludovic Vigogne

Ludovic Vigogne

Ludovic Vigogne est journaliste politique au quotidien L'Opinion. Il a publié en 2019 Tout restera en famille, Fayard, livre qui décrit l'influence d'un groupe de centre-droit sur le quinquennat d'Emmanuel Macron. 

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Atlantico : Dans votre livre vous décrivez cette partie de la droite qui a rallié Emmanuel macron, tout d'abord autour du Premier Ministre mais dans laquelle Gérald Darmanin joue un rôle décisif. Intégré dans la galaxie macroniste, à quel point ce pôle de centre-droit peut-il chercher à trouver une certaine autonomie ?

Ludovic Vigogne : C'est un petit groupe qui, lors du quinquennat précédent, a manœuvré ensemble dans la perspective de la primaire. Même s'ils avaient des champions différents, ils avaient pour but de se retrouver au lendemain de la désignation du vainqueur pour se faire "la courte-échelle" et se répartir les postes. L'histoire a été écrite différemment, c'est Emmanuel Macron qui a été élu. Ce groupe essaye de peser, il l'a montré ces dernières semaines avant les conclusions du Grand débat et il a obtenu sur certains points gain de cause. Ce courant a un avantage, c'est qu'intrinsèquement Emmanuel Macron est plutôt de droite et il va naturellement de lui-même sur des terrains et des sujets plutôt de droite. On l'a remarqué lors de sa dernière conférence de presse : il a mis en avant la famille ou la politique migratoire.

Vous brossez le portrait des relations particulières qu'entretiennent par exemple Gérald Darmanin et Nicolas Sarkozy ou Xavier Bertrand. Peut-on voir une patte sarkozyste gagner du terrain au sein de la macronie aujourd'hui ?

Oui, on peut voir une influence de Nicolas Sarkozy dans ce nouveau quinquennat. Il existe une relation assez complice entre le chef de l'État et Nicolas Sarkozy qu'il consulte régulièrement. Lors de la crise des Gilets jaunes, il est vrai que Nicolas Sarkozy peut avoir une expertise plus approfondie qu'Emmanuel Macron puisque les Gilets jaunes c'est un peu la France qui se lève tôt, frange de la population qu'il visait en 2007.

Au sein du gouvernement, il y a un ministre proche de Nicolas Sarkozy, c'est Gérald Darmanin mais on peut aussi penser à Sébastien Lecornu. C'est donc l'occasion pour eux de pousser certaines idées qu'a pu défendre par le passé Nicolas Sarkozy comme la défiscalisation des heures supplémentaires.

A lire : le livre de Ludovic Vigogne, Tout Restera en famille, aux éditions Fayard.

Ce groupe semble avoir raflé un certain nombre de postes importants. Quelle relations ces personnalités entretiennent-elles dans la façon de percevoir leur avenir dans la macronie ? A quel point les ponts existent-ils encore avec certaines personnalités de LR comme Xavier Bertrand ?

Cette tendance de droite au sein de la majorité a un avantage sur les autres, elle sait faire de la politique dans une famille où ce n'est pas la qualité première. Pour simplifier le tableau, on peut dire qu'il y a d'un côté de nombreuses personnes issues de la société civile et il y a des ministres de droite de l'autre. Lorsqu'il faut faire entendre sa voix ou peser, ils sont davantage organisés. C'est un atout particulier et cela explique le poids qu'ils ont.

Ils ont un autre avantage, le premier ministre est issu de cette famille-là. Parfois Edouard Philippe laisse Gérald Darmanin monter au créneau quand il ne peut pas le faire, en bonne intelligence entre eux. Gérald Darmanin et Edouard Philippe ont rappelé les conséquences que pourrait avoir un retrait de cette frange dans le gouvernement face à certains députés de gauche qui la remettaient en cause.

On observe qu'il y a quelque chose de non-naturel, qui n'a pas encore pris. Cela s'est révélé lors de la succession de Gérard Collomb qui a été l'occasion d'un vrai affrontement entre macronie et sensibilité de droite. Mais actuellement le candidat pour 2022 reste Emmanuel Macron et c'est ce qui maintient cet équilibre. S'il n'était pas en mesure de se représenter, les liens privilégiés que peut avoir par exemple Xavier Bertrand avec certains représentants de cette tendance comme Gérald Darmanin pourraient revenir en première ligne.

Dans son allocution jeudi, le Président a beaucoup insisté sur le rôle du gouvernement de l'application des mesures annoncées. Qui parmi les ministres "de droite" peut voir sa place mise en avant dans l'optique de ce nouvel "acte" du quinquennat ?

Par définition ça sera le Premier ministre. D'abord parce qu'il a été mis en avant par le Chef de l'Etat lors de la conférence de presse. Ensuite parce qu'il sort renforcé de cette séquence, il y a plusieurs mois on imaginait que son départ de Matignon était possible, aujourd'hui la question ne se pose plus. Ensuite sur la ligne, il est plutôt en accord avec le chef de l'Etat alors que la tendance gauche de la majorité est plutôt désavouée par ce qu'a dit le président. De plus il bénéficie en la personne de Darmanin d'un relais efficace pour plaider ce qu'il défend.  

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