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Emmanuel Macron : la conférence de presse dont on se souviendra parce qu’il... n’y avait rien de particulier à en retenir
©Zakaria ABDELKAFI / AFP

Gilets jaunes, suite et (pas) fin ?

Des mesures, Emmanuel Macron en a certes annoncées, mais noyées dans le long propos introductif, des mesures qui ont chacune un coût, mais il n'y a pas eu pas une d'annonce phare susceptible de renverser la donne et, en l'occurrence de marquer un coup d'arrêt au mouvement des Gilets Jaunes qui secoue la France depuis six mois.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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La revalorisation des retraites de moins de deux mille euros, la reconduction de la prime de fin d'année défiscalisée, la possibilité pour la CAF de prélever directement les pensions alimentaires impayées, une baisse d'impôts globale de cinq milliards, (- attention, pareille mesure avait déjà été annoncée fin septembre, juste avant qu'éclate le mouvement des Gilets Jaunes!), la multiplication de Maisons de services dans les zones rurales, les créations d'un Conseil der défense écologique, et d'une Convention citoyenne, l'introduction d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée Nationale, la baisse du nombre de parlementaires, l'assouplissement des modalités du référendum d'initiative partagée , la promesse de redéfinir les responsabilités entre l'Etat et les collectivités locales à travers un train de décentralisation ou de déconcentration et une réforme de l'administration, sont sur la table et ne sont pas négligeables.

A l'inverse, si Emmanuel Macron dit avoir beaucoup appris de la crise et pris conscience des inégalités en France, il dit clairement ne pas vouloir remettre en question "les orientations prises durant les deux premières années" de son quinquennat, et il veut maintenir le cap: les" fondamentaux des deux premières années (à savoir "investir, produire davantage ou encore mettre l’école, le mérite, le travail au cœur de notre ambition", modernisation de l'économie, réduction des déficits), doivent non seulement être préservés, poursuivis et intensifiés". Le chef de l'Etat concède qu'on ne pourra supprimer 120.000postes de fonctionnaires d'ici la fin de son mandat en 2022 (- on ne peut pas réduire les dépenses de l'Etat et augmenter les services publics en maintenant une présence humaine...). Autre point positif : Emmanuel Macron s'est montré très clair sur la laïcité et plus précisément contre le communautarisme, mettant nommément l'islam radical en cause. A l'inverse il a clairement dit non à l'instauration du RIC, ( référendum d'initiative citoyenne) réclamé par certains Gilets Jaunes , sans que l'on sache ce que cela changerait dans leur quotidien, au vote obligatoire, au rétablissement de l'Impôt sur la Fortune, dont il assure qu'il n'a pas été totalement supprimé ...,mais re-promet cependant une évaluation de la mesure en 2020. Dans quelques jours le Premier Ministre et la majorité prendront le relais pour la mise en œuvre des mesures, mais surtout leur mise en musique, pour tenter de convaincre l'opinion publique et pas uniquement ses leaders et les Gilets Jaunes présents sur les plateaux de télévision que les mesures annoncées seront efficaces et changeront le cours des choses en matière d'inégalités sociales, territoriales.

Si Notre-Dame n'avait pas brûlé, l'accueil réservé aux discours d'Emmanuel Macron eût-il été différent ? Les mesures contenues dans le discours de dix huit minutes enregistré pendant que l'édifice s'embrasait, auraient-elles davantage marqué les esprits que la redite remaniée et peut-être légèrement amendée sous forme de préambule d'une heure prononcé face à la presse? On ne le saura jamais. Une chose est sûre cependant : il aura fallu le Grand Débat pour qu'Emmanuel Macron mesure l'ampleur des problèmes que connait le pays. Il a tellement apprécié ce moment qu'il veut le prolonger, sous une autre forme, certes, mais pour maintenir le contact avec les Français, qui lui a cruellement fait défaut après son élection. C'est inhérent à la fonction présidentielle qui "enferme" les locataires de l'Elysée. Mais celle-ci comporte d'autres vertus, telles que fixer les orientations et laisser le gouvernement les mettre en œuvre avec l'appui de la majorité. Les observateurs qui étaient à l'Elysée ont trouvé le Chef de l'Etat "mûri". En tous cas désireux de sortir de ce qu'on appelle la crise des Gilets Jaunes, et pas seulement parce qu'il a un agenda, celui de 2015...et qu'auparavant il y a la présidentielle de 2022, et plus près de nous les européennes du 26 mai.

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