L’enracinement civilisationnel ravivé par l’incendie de Notre-Dame éclairera-t-il les débats bioéthiques à venir ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
L’enracinement civilisationnel ravivé par l’incendie de Notre-Dame éclairera-t-il les débats bioéthiques à venir ?
©Reuters

GPA

L’incendie qui a ravagé Notre Dame de Paris s’est propagé dans le cœur de nombreux Français. Depuis cette nuit de feu, beaucoup redécouvrent combien sont inscrits dans notre inconscient collectif notre histoire, nos racines, l’héritage d’une civilisation qui font ce que nous sommes.

Laurence Trochu

Laurence Trochu

Laurence Trochu est présidente du Mouvement Conservateur.

Voir la bio »

Nous mesurons la fragilité d’un édifice qui a pourtant traversé le temps et résisté à bien des outrages. La flèche est tombée mais le socle demeure. Puisse cet enracinement civilisationnel éclairer les débats bioéthiques qui vont s’ouvrir pour que la dignité de la personne humaine soit préservée.

Quel que soit le nombre de députés LREM, la majorité gouvernementale ne peut interdire par un vote à l’Assemblée Nationale que s’exerce la loi de la gravitation. Pas plus qu’elle ne peut nier cette réalité charnelle, simple, naturelle, qu’un enfant naît d’une mère et d’un père. Quand des circonstances douloureuses séparent un enfant de sa mère et que, pour lui offrir la chance de vivre, elle le confie à l’adoption, cette filiation juridique vient donner des parents à un enfant.  

Cela n’a rien à voir avec cette pseudo-filiation qui veut offrir à prix fort à des “parents d’intention” un enfant, né d’un contrat de GPA à l’étranger. Dans le droit français, hérité du droit romain, “Mater semper certa est”. L’identité de la mère est toujours certaine. Dans le cas d’une gestation pour autrui (GPA), la mère de fait, qui est aussi la mère légale, abandonne pourtant ses droits et ce statut maternel au profit de ceux qui ont commandé le bébé. Elle disparaît au bénéfice d’une “mère d’intention” ou d’un père, parfois même de deux pères dont l’un est biologique, et l’autre “d’intention”. Cette filiation artificielle est reconnue dans le pays de naissance de l’enfant dans lequel la GPA est autorisée et a permis la signature du contrat marchand. Au regard du droit français, un tel contrat est nul, il n’existe pas, puisque la GPA est interdite. De ce fait, la filiation d’intention créée par ce contrat n’a aucune existence légale. 

Permettre la retranscription en France de l’état civil d’enfants nés à l’étranger par mère porteuse et autoriser le législateur à les remplacer par des “parents d’intention”, c’est nier que ces enfants ont un père et une mère biologiques. La Cour Européenne des Droits de l’Homme vient de reconnaître que les États n’ont pas l’obligation de procéder à cette transcription pour établir son lien de filiation avec le “parent d’intention”. Elle estime que l’adoption peut suffire à reconnaître ce lien. Maître Le Gouvello, avocat à la Cour, précise d’ailleurs que “ces enfants ont toujours eu un statut : acte de naissance établi dans le pays de naissance, nationalité du pays de naissance puis nationalité française automatiquement acquise au bout de 5 ans, la France n'ayant jamais dénié l'autorité parentale aux parents désignés dans l'acte de naissance étranger.” 

Mais ces solutions bricolées introduisent déjà en France la destruction de la filiation et ne doivent pas nous faire oublier que le fond du problème reste la reconnaissance de la filiation d’intention, une filiation totalement artificielle, visant à satisfaire la volonté des adultes, aux dépens des droits élémentaires de l’enfant, dans le contexte de la PMA sans père, comme dans celui de la GPA. Puisque la décision de la CEDH précise que ce sera à chaque Etat de décider des moyens légaux destinés à reconnaître le lien de filiation artificielle, il est à craindre que certains tenteront de pousser la France à accepter qu’il s’agisse d’une adoption plénière, ayant pour effet d’effacer la filiation naturelle d’origine. Les promoteurs sont déjà à la manœuvre en voulant amender l’article 47 du Code Civil, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique. Il est bien évident que chercher à encadrer les conséquences de la GPA, c’est déjà l’accepter, alors même qu’au nom des Droits de l’Homme, nous voulons crier que le commerce d’êtres humains ne s’encadre pas mais s’abolit. 

Cela est avant tout affaire de volonté politique, non seulement au niveau de chaque Etat, mais aussi à l’échelle européenne. En effet, dans un contexte de mondialisation des échanges, la France se doit, à l’instar de la proposition portée par Les Républicains, de lancer une initiative juridique européenne pour protéger la dignité humaine, en interdisant la Gestation pour autrui (GPA) et en luttant contre la marchandisation du corps humain et le trafic d’organes.

La négation de cette réalité au nom d’un progressisme illusoire, est l’illustration d’une lente dérive de l’exercice du pouvoir par une élite autoproclamée, au mépris de l’humain. Elle annonce l’avènement d’une Humanité à deux vitesses, où une partie de plus en plus nombreuse ne parvient plus à assumer ses besoins les plus fondamentaux, pendant qu’une partie de plus en plus restreinte assouvit ses désirs de plus en plus individualistes.

Elle annonce en réalité un retour en arrière pour l’Humanité, avec une nouvelle forme d’asservissement qu’on encadrerait pour le rendre « éthique ». Quel mensonge ! Nous refusons cette dérive. Les bien-pensants auront beau jeu de diffamer notre démarche, de la taxer d’homophobie pour la discréditer. Ils sèment la division et la haine par leur outrance. Chez Sens Commun, nous récusons cette manœuvre indigne, la même qui prétendait faire passer les gilets jaunes pour des antisémites, qui prétendait faire passer l’amour de la patrie pour un repli identitaire. Ils sont ceux qui, aujourd’hui au pouvoir, écrasent les Français sous les taxes, faute de réforme courageuse. Ceux qui ferment les yeux sur le suicide des agriculteurs, le malaise de forces de l’ordre, l’abandon du personnel hospitalier ou de l’administration pénitentiaire mais s’enorgueillissent de mobiliser le Parlement pour une loi contre la fessée. Ceux qui soufflent sur les braises du communautarisme, berceau de l’intégrisme et du totalitarisme islamistes. Ceux qui prétendent adapter l’homme à la mondialisation consumériste, plutôt qu’œuvrer au service de l’Homme, des hommes et des femmes, et particulièrement des plus petits et des plus faibles.

Nous supportons tant bien que mal leurs outrances, mais personne n’est dupe. La ficelle est trop grosse et le bon sens a encore droit de cité.

En démocratie, il est permis de préférer Marlène Schiappa à Alain Finkielkraut, d’écouter les Femens plutôt que lire Sylviane Agacinski, d’avoir tort avec Sartre plutôt que raison avec Aron et même de voter pour Benjamin Griveaux.

Mais tout cela n’est possible que dans le cadre de débats apaisés, respectueux de toutes les opinions, alors qu’aujourd’hui, tout n’est plus qu’anathèmes. Ce refus du débat d’idées sape les fondements de notre démocratie. Le Premier ministre a confirmé que le projet de PMA pour toutes les femmes, qui n’est rien d’autre que la fabrique d’enfants sans père, sera présenté au Conseil des ministres de juin. Il est grand temps de lui rappeler le résultat des États Généraux de la Bioéthique, qu’il aurait bien tort de mépriser au moment même où la sortie du Grand Débat le presse d’écouter le peuple : huit Français sur dix sont opposés à la PMA pour toutes. Il n’y aura pas d'échappatoire ni de “en même temps” possible, car un être humain ne peut être à fois sujet, et objet. 

« La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous l’allons montrer tout à l’heure ». Cette morale d’une fable de La Fontaine ressemble à celle qu’on veut nous imposer. Peu importe l’intérêt de l’enfant, si le plus fort veut faire triompher ses désirs, rien ne l’arrête et rien ne l’empêche d’avoir raison. C’est oublier que celui qui a recours à la force, même légale, montre par cela même qu’il n’a pas pour lui le droit. Lorsque Prométhée, enchaîné sur le rocher du Caucase, prédit à Jupiter la décadence de son Olympe, le dieu courroucé saisit son arme terrible. Prométhée lui cria alors : « Tu prends ta foudre, Jupiter, donc tu as tort ! » Aux raisons les plus pitoyables, sachons plus que jamais opposer le bon sens commun.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !