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Entrée en service des bus électriques chinois : ce (contre)choc pétrolier que personne ne voyait venir
©Anthony WALLACE / AFP

Plus fort que Tesla

Selon une analyse conduite par Bloomberg, la mise en service de la flotte de bus électriques en Chine conduirait à une réduction de la demande de pétrole de l'ordre de 270 000 barils d'ici à la fin de l'année, soit trois fois plus que l'impact de la totalité du parc des voitures électriques.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico : Faut-il y voir ldans cette démarche chinoise le véritable premier acte d'une concurrence électrique au pétrole ? 

Jean-Pierre Favennec :  Le pétrole représente encore près du tiers de la demande totale d'énergie dans le monde. Sur une consommation totale de 100 millions de barils par jour, 60 % sont utilisés comme carburants:  essence auto, gazole, carburéacteur, fuel pour les navires. Le développement des véhicules électriques - voitures voire bus - est indéniable mais demeure limité. Les immatriculations de véhicules électriques restent faibles, et représentent en France par exemple moins de 1% des ventes. La situation est semblable dans la plupart des pays, seuls les pays scandinaves atteignant des pourcentages importants de véhicules électriques dans le parc global. Le faible développement du parc de véhicules électriques tient en particulier au coût de ces véhicules qui reste très  supérieur à celui des véhicules thermiques utilisant de l'essence ou du gazole. Il tient également à une moindre autonomie des véhicules et à la nécessité de mettre en place des bornes de rechargement. On notera que sous le terme "véhicule électrique" on englobe à la fois les véhicules hybrides qui disposent d'un moteur thermique et d'un moteur électrique qui est rechargé pendant certaines phases de fonctionnement du véhicule et les véhicules purement électriques qui fonctionnent avec des batteries. Le  développement des véhicules électriques nécessite des subventions pour compenser au moins partiellement les différences de prix.

A partir de quel moment la progression du marché des véhicules électriques pourrait il avoir un impact "sérieux" sur les marchés pétroliers ? 

La progression de la demande de pétrole est de 1 à 2 % par an et pourrait continuer à ce rythme pendant plusieurs années. La demande reste forte dans les pays émergents comme la Chine, l'Inde et d'autres pays d'Asie, d'Amérique Latine, voire d'Afrique. On estime que vers 2040 le développement du parc de véhicules électriques se traduira par une diminution de quelques millions de barils par jour (quelques pour cent ) de la demande totale de pétrole qui commencera alors à se réduire.

Au regard des besoins financiers des pays producteurs de pétrole, quel pourrait être l'horizon critique les concernant ?

Les pays producteurs de pétrole sont conscients des menaces qui pèsent sur leur avenir. La demande adressée aux principaux producteurs et en particulier aux pays membres de l'OPEP n'augmente pas malgré l'augmentation de la demande globale du fait de la croissance de la production des pétroles de schistes aux Etats Unis. En outre à moyen terme la transition énergétique se traduira par un plafonnement de la production pétrolière. Les grands producteurs, du Moyen Orient en particulier, sont donc confrontés à la nécessité de diversifier leurs économies. Mais l'expérience montre que l'exercice est très complexe et que peu de pays ont pu rapidement sortir d'une dépendance aux recettes des ventes d'hydrocarbures.

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