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La femme, icône et martyr des tyrannies
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Etre une femme libérée

Le 2ème colloque Femmes contre le Totalitarisme a lieu du 19 au 21 mars. Deux dates significatives. En effet, le 19 fut, historiquement, la vraie date de la journée des femmes, y compris dans les milieux socialistes. On y célébra, il y a un siècle, les trois premières femmes élues au suffrage universel, en l’occurrence trois Finlandaises.

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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C’est seulement après la révolution bolchevique que le 8 mars s’imposa. Quant au 21, c’est le commencement la fête juive de Pourim, qui symbolise l’audace d'une femme déjouant un plan génocidaire.

Dans l’Antiquité, Léaïna, sommée de dénoncer ses complices, "refusa et tint bon", souligne Plutarque, tandis que Pline l'Ancien loue son courage "éclatant". En 1730, la Protestante Marie Durand est arrêtée pour avoir reçu chez elle une assemblée illicite de fidèles et passe 38 ans en prison. En 1931, jeanne Bouvier publié « Les femmes pendant la Révolution française. Leur actions politiques sociales économiques militaire, leur courage devant l'échafaud ». En Italie, on a récemment redécouvert l'exemple d'une directrice adjointe d'un laboratoire de recherche qui, lorsque sa directrice fut chassée de son poste en raison de lois antisémites, refusa de prendre sa place. Autre personne admirable, une française juive fut arrêtée, déportée et assassinée pour avoir cousu les couleurs bleue-blanc-rouge du drapeau français sous son étoile jaune.

Ce courage ne fut pas toujours payé de retour et valorisé. Défense de la France, célèbre journal résistant, était essentiellement composé par deux étudiantes, Charlotte Nodel et Hélène Morkdovitch. On pourrait multiplier les exemples de ces petites mains si précieuses. Leur action correspond à ce qu’une rescapée des camps analyse comme « intelligence et esprit d'organisation », spécificité féminine parvenant à élaborer cours de langue, chorales, prières, conférences, confection d'objets de fortune (Marie-José Chombart de Lauwe).

Si l’historien Jacques Bainville est fondé à évoquer, dans les années 20, une « tyrannie de toutes les minutes, la plus sanglante qu’aucun peuple ait jamais subie », c’est parce que le bolchevisme avait mis en place une configuration propice au meurtre de masse. Bourgeois et Koulacks sont marqués d’une tare originelle inexpiable : « ils ne peuvent échapper à leur nature ». De plus, être libéré de prison implique l'avis unanime de la commission d'enquête... appellation pudique de la police politique qui, naturellement, lorsqu’elle tient un os, ne le lâche plus. La place finissant par manquer, observe un témoin, « le meurtre devient presque une nécessité » (Chessin). 

Un membre de l’Alliance israélite universelle (D. Sasson, en 1919) observe une volonté d’ « éteindre la race arménienne », par le glaive ou la famine, et énonce deux caractéristiques. Primo : « jamais barbarie ne s’exerça avec tant de cruauté sur femmes et enfants ». Secundo : « comble d’horreur, il était défendu de s’émouvoir, de manifester de la pitié ». Ce dispositif ne laisse presqu’aucun échappatoire.

D’autant que l’Etat totalitaire actionne un effet domino et Saturne. Bien avant le mot célèbre d'un pasteur antinazi, dès que les bolcheviques jetèrent les bases du totalitarisme en réprimant le parti de droite libérale Cadet, le journal Novaïa Jizn avait dénoncé l’engrenage : « Après les Cadets ce sera le tour de l'aile droite des socialistes-révolutionnaires, puis celui des social-démocrates, et ainsi de suite jusqu'à l'anéantissement intégral de toute l'opposition ».

Arrestation, internement, torture, assassinat ou exil frappèrent des proches du Parti Cadet (Sophie Panine, Zinaïda Hippius, Catherine Kouskova, Adriana Vladimirovna Tyrkova), des Mencheviques (Eva Brodo, Olga Kolbassine-Tchernoff), de socialistes-révolutionnaires de droite (Nadedja Brioullova-Chaskolskaïa), des SR de gauche (Fanny Kaplan, Alexandra Ismaïlovitch) et de Bolcheviques (Maria Spiridonova). 


Le totalitarisme s’en prend indistinctement, d’une part aux femmes, enfants, vieillards et, d’autre part, à toutes les nuances du spectre de l’éventail politique. Dépourvu de l’inhibition que les nazis eurent -dans un premier temps seulement- à réprimer les femmes (Claudia Koonz), lecommunisme se prétendit féministe pour avoir instauré divorce et avortement. Mais dans pareil pays ces possibilités furent longtemps formelles, factices ou réservées aux riches.

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