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Marginalisés en France, centraux en Europe : pourquoi Les Républicains sont le parti français qui pourrait le mieux tirer son épine du jeu des Européennes
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Nul n’est prophète en son pays

Si les Républicains sont plutôt bas dans les sondages des prochaines élections européennes, le trio qui va prendre la tête du parti de droite, François-Xavier Bellamy, Sophie Evren et Arnaud Danjean, devrait être officialisé ce mardi par la direction.

Florence Haegel

Florence Haegel

Florence Haegel est directrice de recherche au Centre d’études européennes de Sciences Po et auteur de Les droites en fusion, transformations de l’UMP

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Atlantico: Si les sondages montrent les LR derrière le RN et LREM, une liste rassembleuse de différents courants de la droite (Bellamy conservateur, mais les deux autres sont plus centristes, tout en écartant certaines personnalités plus clivantes).ne pourrait-elle pas permettre une stratégie de rassemblement plus large qu'anticipé pour les LR, tout en sauvegardant un ancrage au PPE leur permettant de peser plus fortement au sein du Parlement que leurs homologues de LREM et du RN ?

Florence Haegel: La question est de savoir ce que veut dire "un score décent". Ils seront de toute façon bien moins nombreux. Il y a des chances pour qu'ils soient peu nombreux. Cela va réduire leur capacité d'influence au sein du PPE. Même si on est autour du score des 8%. Même s'ils font un peu plus, cela restera une délégation nationale assez réduite, pour intervenir. Il faut aussi voir la constitution de la liste dans son ensemble. Pour le moment il y a un député qui est là depuis 2009 et qui a une certaine expérience du Parlement européen, c'est Arnaud Danjean. Le reste, ce sont des nouveaux venus. Il va y avoir un coût d'adaptation au fonctionnement du Parlement européen qui est tout sauf évident. On sait bien aussi que le problème des députés européens français c'est qu'ils n'ont pas une très grande longévité, or cela demande un coût d'adaptation. Peut-être que cela sera rééquilibré avec les autres colistiers. Généralement, on ne récompensait pas ceux qui s'étaient investis au Parlement. On renouvelait beaucoup. Il y a aussi un risque. Le PPE est très composite. Cela reste un groupe qui à cause de son envergure et de sa composition ne donne pas une ligne claire et évidente. Il n'y a pas de contrainte forte à s'adapter au PPE. Les députés pourront s'adapter dans une structure assez souple en réalité. L'un des enjeux a pu être le vote pour la sanction de Victor Orban avec l'article 7. On voit bien qu'au sein du groupe des Républicains affiliés au PPE il y a eu une diversité de vote. Rachida Dati, Nadine Morano, Bruce Hortefeux, Arnaud Danjean se sont en général abstenus lors de ce vote, alors qu'une partie des députés européens républicains ont voté pour le vote de l'article 7. Ceux qui sont renouvelés sont ceux qui se sont abstenus. Ils ont une volonté de ne pas stigmatiser.

Cet aspect composite pourrait être un handicap ?

Pour les Républicains je n'en suis pas sûr. Le vrai handicap sera leur nombre au sein du groupe. Le PPE va être sous pression des nouveaux élus de droite radicale ou populiste et la pression va peser sur ce groupe. Il va y avoir un renforcement des représentants de cette droite-là. Cela risque de créer des tensions et des antagonismes dans ce groupe car les lignes sont différentes entre ceux qui vont être très attentifs à se distinguer des droites populaires et radicales et ceux qui veulent s'en rapprocher.

A l'opposé, la constitution d'alliance pour les deux premiers partis de France est une affaire prioritaire : sont-ils capables de rassembler autour d'eux un vrai parti européen capable de peser ?

Ce sont des enjeux importants, parce que la droite radicale et populiste va avoir le vent en poupe mais a ses propres divisions, en particulier entre des personnes qui sont plutôt sur un enjeu nationaliste et d'autres qui ont une base régionaliste. Il y aura des tensions au sein de cette droite. Du côté de LREM, il faut savoir quels peuvent être les alliés centristes, sachant que ça sera des petits effectifs. Il y aura peut-être un groupe assez conséquent de LREM, mais l'enjeu est de trouver ces groupes. Je pense que c'est toujours difficile la constitution de ces groupes au Parlement européen. On va avoir des cartes rebattues. On avait deux grands groupes, on entre sur une nouvelle configuration et le vrai enjeu va être plutôt de savoir si le pari de Macron va réussir. Les conditions ne sont pas optimales pour qu'il réussisse.

Le 3e de la liste, Arnaud Danjean, a pris ses distances avec son ancien mentor, Alain Juppé, et a critiqué la polarisation Macron vs extrêmes qu'entretiennent Emmanuel Macron et cette polarisation correspond-t-elle, et pourrait-elle correspondre à ce qu'est le fonctionnement du parlement européen ?

Pas du tout. Le Parlement fonctionnait assez peu sur des logiques de polarisation. Il fonctionnait comme l'Allemagne avec des logiques de grandes coalitions avec un accord entre la gauche et la droite. Cela a été jusqu'à présent la matrice du Parlement européen. La question va être : est-ce que la présence d'une droite radicale populiste va créer ou transformer les choses ? Je pense qu'il faut voir comment les représentants de la droite populiste vont s'unir ou pas, ou éventuellement créer des réactions chez les autres ou s'ils vont être divisés ou s'ils vont ou pas créer une force polarisante. Ce qui est sûr c'est que ça va changer le fonctionnement du Parlement européen et au-delà, du système européen. Si on a des commissaires européens issus de la droite populiste, les choses vont changer.

Les questions qui ont traversé les pays européens - la question migratoire par exemple - ne vont-elles pas redéfinir les forces ?

Je pense que ça a été moins été le cas jusqu'à présent, hormis dans les scènes politiques nationales, mais ça va l'être. Ce qui me semble assez important dans le choix de a lise des républicains, c'est qu'avec le choix de Bellamy, on met en avant le renouvellement, certes, mais c'est un pari de Laurent Wauquiez de dire quelle dimension sociétale et culturelle va être centrale. Ce qui caractérise Bellamy ce sont ses positions sur le clivage culture et non le clivage socio-économique. C'est un pari de se dire qu'on va le mettre en avant avec ces questions morales, de mœurs, de religion. C'est un pari osé. On l'a bien vu avec les gilets jaunes, les enjeux socio-économiques sont revenus sur le devant de la scène.

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