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Arrêter de faire l’autruche face à l’islamisation
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Étude

Selon le très sérieux institut de recherche américain Pew Research Center, la population musulmane en France pourrait représenter jusqu’à 18% de la population totale en 2050 contre près de 9% aujourd’hui (soit 5,7 millions de personnes). Pour l’Europe entière, cette proportion passerait de 5% à 14%.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Selon cette étude, l’augmentation de la part de la population musulmane n’est pas directement liée à l’immigration à venir. Elle est de toute manière irréversible compte tenu de la dynamique démographique nettement plus forte des populations déjà présentes sur le territoire. Entre 2010 et 2016, la population non-musulmane en Europe a baissé en chiffre absolu (-1,7 millions) sous l’effet du déficit de natalité de cette catégorie de population non-compensé par les migrations non-musulmanes (1,3 millions d’arrivées). Au même moment, la population musulmane déjà installée s’accroissait de près de 3 millions, sans compter 3,5 millions de nouvelles arrivées. L’immigration nouvelle ne fait donc qu’ajouter à une tendance déjà lourde.

D’ici 2050, ce sont les populations musulmanes qui feront la croissance nette de la population européenne. Les non-musulmans passeront de 495 millions à 460 millions (-35 millions) car leur natalité est insuffisante, quand la population musulmane passera de 25 à près de 60 millions (75 millions dans un scénario d’immigration maximale). La rapidité du changement prévisible de la composition de la population européenne est très impressionnante.

En France, la présence d’une population musulmane déjà très importante (la première d’Europe en nombre et en proportion), plus jeune et plus féconde fera passer la part de cette population à près de 13% en l’absence de nouvelle migration et près de 18% dans un scénario d’immigration continue. Il pourrait y avoir entre 8,6 et 17,5 millions de musulmans en France en 2050.

Fait frappant, en revanche, les pays d’Europe centrale et orientale devraient pour leur part garder une structure de la population beaucoup plus homogène, la part des populations musulmanes ne dépassant pas 1% en 2050. C’est une ligne de fracture européenne déjà visible qui ne cessera de s’approfondir.

La portée de la publication de cette étude ne doit pas être minimisée. Il faut remercier les chercheurs américains – plus habitués à quantifier les « minorités » que les Européens – de mettre ces chiffres et tendances impressionnants dans le débat public.

On devine ce qui motive le silence assez général des médias bien-pensant à la lecture de ces recherches. Ces tendances étant irréversibles, il ne sert à rien de les mettre en pleine lumière sinon pour susciter la peur et le rejet de « l’Autre ». On peut accepter en outre en partie l’idée qu’une bonne partie des « musulmans » de l’Europe de demain chercheront à s’intégrer sans heurts dans une société démocratique « post-moderne » et prospère (Philippe d’Iribarne citait une enquête montrant que seulement 17% des musulmans en Europe se disent discriminés personnellement). Mais qui peut vraiment dire que la part des non-intégrés est réellement marginale ? En réalité, il n’existe aucun moyen sérieux de mesurer cette part et, de fait, un existe toute une gradation de l’intégration des musulmans à la société européenne.

Disons-le tout net, nous pensons qu’il est temps de regarder en face ce défi et les risques créés par le changement de la composition des sociétés pour la cohésion nationale, la sécurité et la prospérité. Car, on le sait maintenant, les fables de la bien-pensance n’ont aucune réalité.

Au plan économique, d’abord, il faut écouter les chercheurs américains ou britanniques qui admettent clairement que l’immigration de masse pèse à la baisse sur les salaires des classes populaires et ne résout pas à long-terme le déséquilibre des régimes sociaux.

Il faut écouter aussi les nombreux sociologues et anthropologues qui dénoncent la vision simpliste des partisans de la mondialisation sans frontières qui oublient l’attachement légitime des communautés humaines à leurs traditions et leur identité. Nier le droit des individus à vivre dans leur culture d’origine est une source de tensions dangereuses et source de conflit futur. C’est aussi désarmer les nations de leur force collective, en noyant les individus dans un grand tout indifférencié où seul domine l’individualisme.

Il faut écouter, enfin les spécialistes de l’Islam, qui insistent sur la grande cohérence et la solidité de la civilisation islamique dont les valeurs sont éloignées des nôtres dans des domaines fondamentaux comme la laïcité ou la place des femmes. Le poids des populations musulmanes en Europe est tel que le défi de l’intégration devient impossible. Nous connaîtrons donc un jour des partis confessionnels, voire des revendications séparatistes.

Face à ce défi, il est plus qu’urgent d’agir pour éviter le pire.

D’abord, le passage d’une immigration subie à une immigration choisie, discutée depuis si longtemps, devient indispensable pour espérer limiter la fragmentation de nos sociétés. L’immigration choisie est le gage d’une intégration individuelle réussie grâce à l’insertion professionnelle. Elle peut permettre aussi de diversifier le profil des pays d’origine.

Il faut en outre se donner les moyens de réussir l’intégration des populations musulmanes au même titre que les non-musulmans. Si l’islam et la masse humaine qu’il représente pose un défi particulier à l’Europe, il faut redoubler d’effort pour opposer avec force à toutes tentations communautaristes nos principes laïcs et démocratiques. Cela commence l’école.

Enfin, la politique familiale et le soutien à la natalité doivent être considérés comme des objectifs légitimes des politiques européennes. Une société sans enfants est une société qui refuse l’avenir. Penser défendre la civilisation européenne et ses valeurs en confiants à de nouveaux venus le soin de la perpétuer est une pensée naïve.

Grace au Pew Research Center, nous ne pouvons plus maintenant feindre de ne pas voir les risques graves de fragmentation qui menacent nous sociétés. Pour se dire « Européen », il est facile de pérorer sur des estrades. Mais l’Europe de demain se construit aujourd’hui en osant voir en face le défi de l’islamisation.

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