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LR : Ce que la “chasse à François-Xavier Bellamy” révèle de l’état de la droite
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Névroses

Dans la perspective d'une tête de liste LR menée par François-Xavier Bellamy pour les élections européennes, certaines voix se délient pour critiquer ce choix incarnant pourtant le conservatisme.

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Atlantico: Derrière ces critiques, ne peut-on pas plutôt voir une problématique interne aux LR quand à son incapacité de proposer une personnalité alternative ?

Paul-François Paoli : Il est difficile dans cette polémique de dissocier ce qui relève des réserves concernant la personne de Bellamy et ce qui relève du fond. Il est évident qu'une sensibilité conservatrice existe en France qui ne se reconnait ni dans la libéral-républicanisme tempéré d'Edouard Philippe ni dans le national populisme de Marine Le Pen. Ce conservatisme qui s'est manifesté fortement lors des grandes manifs contre le mariage pour tous et n'est pas étranger à certaines revendications des Gilets jaunes déborde très largement le camp catholique ou même la droite de conviction. Il relève moins d'une posture idéologique que d'une inquiétude de fond quant à un monde marqué par le primat de la techno science et du culte narcissique de la performance. De ce point de vue un philosophe comme Bellamy est assez représentatif de cette sensibilité qui critique une certaine hyper modernité. Ceux qui, à droite, s'en inquiètent feraient bien de se tenir au courant de l'actualité philosophique. Plus un seul penseur n'est aujourd'hui naïvement progressiste. A moins de considérer Luc Chatel ou Chantal Jouanno comme des penseurs.

En quoi les critiques se méprennent-elles sur la capacité d'autres personnalités plus "modérées" à opérer le rassemblement recherché ?

Il faut bien admettre qu'il existe un véritable vide au niveau de l'offre politique. De plus à chaque fois qu'émerge une personnalité indépendante, je pense par exemple à des gens aussi remarquables qu'Hervé Mariton ou Jean Frédéric Poisson les fondamentalistes de la République montrent au front pour les affaiblir. L'héritage désastreux du chiraquisme, avec lequel la droite n'a pas rompu, empêche la formation d'un véritable conservatisme-libéral à la française qui refuse l'alternative mortifère entre un néo libéralisme qui érige le Marché en curseur ultime et un étatisme qui imagine que c'est en redistribuant des richesses que l'on a plus que l'on peut combattre le déclin d'une nation. 

Quelles sont les véritables causes internes de cette situation ? 

Il y a un déficit de pensée politique en France. Les hommes politiques n'ont, pour beaucoup, ni le temps de lire, ni celui de réfléchir car il sont généralement obsédés par leur réélection ou leurs petites affaires politiciennes. Les derniers hommes politiques qui avaient une vraie envergure, je pense à Villiers, à Bayrou ou à Chevènement appartiennent déjà au passé. A droite je ne vois guère que Bruno Le Maire ou Bruno Retailleau qui aient une très forte personnalité. Faire de la politique c'est être capable de penser l'avenir. Et pour penser tant soit peu l'avenir il faut connaitre le passé et être féru d'histoire. Il faut aussi connaitre l'histoire des idées. Quand on entend parler Castaner, B. Griveaux ou Darmanin on ne peut qu'être inquiet sur l'avenir de la classe politique française. 

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