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Persécution record des chrétiens dans le monde : un signe de la brutalisation des sociétés
©SAFIN HAMED / AFP

Comme aux premiers temps ?

En un an, dans le monde, le nombre de chrétiens tués en raison de leur foi a augmenté de 40 % et le nombre d'églises vandalisées, fermées ou brûlées a doublé.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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Atlantico : Il résulte de la synthèse annuelle sur la persécution des Chrétiens que ceux-ci sont de plus en plus persécutés. En effet, en un an, le nombre de chrétiens tués en raison de leur foi a augmenté de 40 % et le nombre d'églises vandalisées, fermées ou brûlées a doublé. Qu'est-ce qui explique ce bond ? 

Bernard Lecomte : La violence progresse partout, les Chrétiens n’en sont pas les seules victimes. La crise morale des pays démocratiques, des coups de gueule imprévisibles de Donald Trump jusqu’aux réflexes anti-migrants de notre vieille Europe, n’incite pas le reste du monde à s’inspirer de ces vieux Etats qui ont inventé, il y a longtemps, les droits de l’homme et la liberté individuelle. En outre, les anciens pays du tiers monde constataient naguère que le pluralisme et le rejet de la violence allaient de pair avec la prospérité, et cela les incitaient à devenir des Etats de droit faisant cohabiter les communautés les plus diverses. Aujourd’hui, le seul exemple de la Chine montre qu’on peut gouverner sans partage, corseter la société, enfermer ses dissidents, éliminer les opposants… et devenir le pays le plus puissant de la planète !

Outre la hausse des persécutions, c'est aussi sa cartographie qui interpelle. On constate ainsi que les pays d'Afrique et d'Asie caracolent en tête. Mais une nouvelle vague a atteint l'Amérique Latine. Dans quelles mesures faut-il s'inquiéter de cette répartition des violences à l'égard des chrétiens ? 

Si la hausse des persécutions religieuses est partout en augmentation, leurs causes n’en sont pas les mêmes. Passons sur le cas unique de la Corée du Nord, qui prolonge jusqu’à nos jours l’aversion brutale du régime communiste pour les religions. Passons aussi sur le cas particulier des chrétiens d’Orient, victimes de conflits qui les dépassent. Mais distinguons, par exemple, les pays d’Afrique où l’Islam est de plus en plus intolérant (comme le Mali ou le Nigeria), les pays d’Asie où le nationalisme commande d’éliminer toute influence étrangère (comme la Chine ou l’Inde), et les pays d’Amérique latine dont les peuples ont été longtemps tenus par la morale chrétienne, et qui subissent, à leur tour, une sécularisation où les commandements de la Bible (« Tu ne tueras point ») n’influencent plus la société comme avant. 

Peut-on établir un parallèle entre l'augmentation des persécutions et la montée en puissance des régimes politiques autoritaires à travers le globe ?

Le nombre des dictatures, majoritaires sur la planète, n’a pas beaucoup changé depuis, disons, la chute du Mur de Berlin. Ce qui a changé, c’est la démographie : d’un côté, les vieilles démocraties occidentales, où l’on ne persécute personne, où la vie de l’homme est encore sacrée, font de moins en moins d’enfants ; de l’autre, les pays émergents, presque tous autoritaires ou dictatoriaux, ont doublé, voire triplé leur population, tout comme certains pays d’Afrique noire à la démographie galopante. La moyenne est facile à faire, et elle est inquiétante ! Non seulement ce qu’on appelait naguère l’Occident chrétien, ce petit pourcentage de pays qui va de l’Alaska à la Grèce en englobant les Pays baltes, l’Australie et quelques autres, voit ses valeurs humanistes battues en brèche, mais il se racornit d’année en année…  

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