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“Il n’y a pas d’alternative” : Alain Juppé se rend-il compte que ses vœux 2019 sont une dangereuse publicité pour renverser l’ordre établi ?
©GEORGES GOBET / AFP

Cercle de la raison

Lors de ses traditionnels "vœux à la presse", le maire de Bordeaux a aussi dénoncé "la dérive" des Républicains.

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli

Paul-François Paoli est l'auteur de nombreux essais, dont Malaise de l'Occident : vers une révolution conservatrice ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (2012) et Quand la gauche agonise (2016). En 2023, il a publié Une histoire de la Corse française (Tallandier). 

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Atlantico : En déclarant "qu'il n'y a pas d'autres alternatives" aux réformes, Alain Juppé n'incarne-t-il pas une incapacité à changer de logiciel de pensée face à un contexte inédit ?

Paul-François Paoli : Nul n'a jamais contesté qu'Alain Juppé est un homme de grande valeur et d'une grande intelligence. Ce qui est déplaisant dans ce type de déclaration est l'espèce d'OPA qu'il fait, lui avec d'autres, sur la rationalité en politique. Macron a entrepris des réformes justifiées, notamment celle de la SNCF. Il faudrait être démagogue jusqu'au dernier degré pour considérer comme normal que rien ne bouge dans ce pays. Oui, celui-ci a besoin d'être réformé, et oui le système de solidarité qui permet à des gens de vivre sans presque travailler est abusif.  "Qui ne travaille pas ne mange pas" proclamait Saint Paul dans un de ses épîtres. Un principe qui était même inscrit dans la constitution soviétique.

En France, le principe de solidarité a été détourné par une mentalité d'assisté qui prolifère un peu partout en particulier dans des régions comme la Réunion qui vient de soutenir massivement les Gilets Jaunes. Je pense aussi aux intermittents du spectacle dont certains bénéficient d'un système scandaleux de protection que Macron ne touchera pas car ils font partie de son électorat potentiel et sont les vaches sacrées du milieu bobo. Donc oui, ce pays est malade. Nonobstant, il y a réforme et réforme. Les réformes sociétales avalisées par Macron et prétendument non-négociables comme le mariage pour tous n'ont rien à voir avec les questions économiques et sociales. Elles relèvent de l'anthropologie et de la civilisation. Dire qu'une question est non négociable avant même d'entamer un débat, c'est intenter à la démocratie où tout doit être discutable.

Paradoxalement ce type de posture ne risque-t-il pas d'être introductif et d'embraser la situation.   

Oui, c'est une posture dangereuse. Un monde où il n'y a pas d'alternative : voilà qui est curieux pour un défenseur intraitable de la société ouverte. Juppé est un spécialiste de ce genre de chantages. Il y avait eu recours lors du référendum de Maastricht où il avait combattu à la suite de Chirac les options de Séguin et Chevènement. Comment affirmer que la France se porte mieux aujourd'hui que dans les années 80 ? Qu'a à dire Alain Juppé sur la désindustrialisation de la France ? Celle-ci est-elle sans rapport avec la politique néo-libérale de l'Europe où les économies ont été mises en concurrence avec un voisin, l'Allemagne, avec lequel elle n'était pas en mesure de lutter. Les souverainistes ont tort de prétendre qu'il suffit de revenir au franc pour sauver l'économie. Chacun sa démagogie. Mais il y a aussi une démagogie européiste. Il est dommage de voir un gaulliste s'y prêter. 

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