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Emmanuel Macron tourne la page. Pas sûr qu'il écrive la suivante à lui seul...
©MICHEL EULER / POOL / AFP

Voeux présidentiels

Comme le veut la tradition, Emmanuel Macron s'est adressé à tous les Français pour leur souhaiter une bonne nouvelle année. Cette année, il s'agissait aussi de clore la précédente pour notre Président.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour présenter ses voeux aux Français, Emmanuel Macron a parlé debout depuis l'Elysée. Cela lui a permis d'apparaître moins figé que lors de ses dernières allocutions où il s'exprimait assis à son bureau, la mine tendue, comme sonné par des manifestations d'une violence inouïe et inédite en France ces dernières décennies. Une rupture de forme pour montrer qu'on tourne une page ? Sans aucun doute. Emmanuel Macron  souhaite passer à l'étape suivante et dans cet exercice convenu que sont les voeux présidentiels, la forme  n'est pas anodine. D'autant que, ce moment de passage de 2018 à 2019 a un caractère inédit : il se déroule dans un contexte de crise sociale exprimée par les Gilets Jaunes, (-dont Emmanuel Macron n'a pas prononcé le nom), et de crise politique qui se traduit par une  impopularité record du chef de l'Etat et  de l'exécutif, voire par une défiance d'une partie des Français vis à vis de tout ce qui représente l'Etat ou l'autorité.

Emmanuel Macron a voulu montrer qu'il a compris " l'impatience des Français et qu'il la partage". Pour positiver , il pense que " cette colère contre les injustices, contre le cours d’une mondialisation parfois incompréhensible ,colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance , colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens,  a dit une chose..., quels que soient ses excès et ses débordements : nous ne sommes pas résignés, notre pays veut bâtir un avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d’être ensemble" ...Fort de cet enseignement, Emmanuel Macron veut montrer  qu'il est prêt à remonter la pente, s'efforçant  d'apparaitre  dynamique, offensif,  pour  rompre avec l'image d'un président de la République qui réagit sous la pression, accablé par une situation  qui semble lui échapper comme ce fut le cas le 10 décembre dernier . A-t-il répondu à toutes attentes ? Certainement pas; il a tenté de rassurer sur " sa détermination à transformer" le pays, mais aussi de rappeler qu' "on ne bâtit rien sur des mensonges ou des ambiguïtés. Or, je dois bien dire que depuis des années, nous nous sommes installés dans un déni parfois flagrant de réalité. On ne peut pas travailler moins, gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses, ne rien changer à nos habitudes et respirer un air plus pur ! Non, il faut tout de même sur ces sujets que nous nous regardions tels que nous sommes et que nous acceptions en face les réalités". Pas sûr que ce discours de raison soit parfaitement audible alors que les esprits sont encore à vif. Ils devraient s'apaiser avec le Grand Débat national qui va se dérouler entre la mi janvier et la mi-mars et dont le dénouement devrait aboutir à un " nouvel ordre démocratique ", plus participatif. .Emmanuel Macron va écrire aux Français pour dire ce qu'il en attend , comme s'il souhaitait en restreindre le champ. Et c'est là que le bât blesse: craint-il d'être débordé par les voeux  qui seront formulés, voeux qui deviendront des exigences, car le mouvement est  profond ? La colère  s'essouffle mais n'est pas éteinte  et l' "avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d’être ensemble " ne va pas soudain jaillir d'une pétition ; ça va encore turbuler sur les ronds-points ou dans les mairies. Emmanuel Macron le pressent, mais la machine est lancée. La page deux du quinquennat en dépit des réformes annoncées, est vierge. Le Président de la République aimerait tenir le stylo, mais pour écrire la suite, il va devoir  le partager.

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