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 Pourquoi la banque centrale européenne abandonne son programme d'aide anti-crise malgré les nuages qui s'accumulent  sur l'économie du vieux continent
©DANIEL ROLAND / AFP

Europe

La BCE renonce à sa politique de soutien de l’économie au moment où la conjoncture européenne s’affaisse.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est un tournant historique dans la politique monétaire de la banque centrale européenne. Elle a confirmé hier son intention de renoncer à ses achats d’actifs qui lui avaient permis en moins de quatre ans de déverser 2600 milliards de liquidités sur les marchés pour soutenir une croissance qui avait besoin de carburant. Le moment choisi ne manque pas de surprendre certains économistes alors que la conjoncture commence à donner quelques signes de faiblesse. Pourtant cette décision paraissait irréfutable car la BCE se trouvait le dos au mur. Elle ne pouvait faire baisser davantage les taux d’intérêt qui flirtaient déjà avec le zéro, à moins de créer des taux négatifs d’ailleurs apparus à plusieurs reprises notamment pour l’Allemagne, alors que les Etats-Unis s’étaient engagés dans un processus de relèvement du loyer de l’argent. Le cours de l’euro a ainsi perdu vingt pour cent depuis 2014 face au dollar, à la grande faveur des exportations, mais ce qui renchérissait les importations et contribuait à accroître le déficit des échanges français avec l’étranger. Pour se recréer une marge de manœuvre, le président Mario Draghi a donc décidé de cesser les rachats d’actifs des pays membres dès le 31 décembre. En cas de besoin, la BCE disposera alors toujours de munitions pour apporter secours à un Etat en difficulté. En clair elle va rester l’arme au pied pour intervenir en cas de rechute, ce qui lui conférera un rôle d’équilibriste, attitude dans laquelle Maio Draghi dont le mandat expirera l’an prochain était passé maître.
Ce changement de cap n’est pas sans risque. Parce que les marchés du vieux continent  étaient devenus véritablement drogués aux liquidités de la BCE et auront du mal à se dégager de cette addiction. D’autant que la conjoncture est à la décélération. Les bourses ont donné le signal du retournement par des prises de bénéfices au départ, mais en prenant ensuite en compte les menaces de la situation géopolitique avec notamment les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, la politique commerciale agressive de Donald Trump, les incertitudes concernant le Brexit, et aussi les difficultés rencontrées par l’Allemagne et l’Italie, auxquelles s’ajoute désormais la France depuis la jacquerie conduite par les » gilets jaunes ». Cela conduit Emmanuel Macron à se rendre à Bruxelles comme d’autres se sont  rendus à Canossa pour plaider le dossier difficile de celui qui se met en contravention avec les engagements européens, alors que cyniquement l’Italie invoque le cas français pour tenter de se faire concéder par la Commission l’autorisation d’un déficit supérieur de se comptes publics. La France va sans doute obtenir un traitement de faveur en raison de la gravité de la situation actuelle et pour éviter que celle-ci entraîne une contagion à d’autres territoires. Mais elle fera l’objet d’une surveillance attentive, qui va aussi brider les initiatives de l‘Elysée dans sa politique européenne.   Il y avait pourtant urgence à agir. La dizaine de milliards d’euros au bas mot qui vont être injectés rapidement dans l’hexagone devraient permettre d’étendre l’incendie au prix d’un déficit qui pourrait dépasser largement la règle des trois pour cent. Mais ils donneraient un coup de fouet à l’activité, en particulier à la consommation et entraîner des recettes supplémentaires dans un deuxième temps.  Ils juguleraient le mouvement de ralentissement dénoncé par la Banque de France qui chiffrait la croissance à 0,2% seulement au quatrième trimestre au lieu de 0,4 prévus avec l’hypothèse de revenir autour d’un et demi pour cent pour l’ensemble de l’année, contre plus de deux pour cent l’an dernier, ce qui ferait renaitre le danger d‘une remontée du chômage. Les mesures gouvernementales seront ainsi sans doute fortuites à court terme, à condition que l’on ne s’installe pas dans la durée comme on en a trop  souvent l’habitude en France, en évitant de remettre sur la table le lancinant dossier de la baisse de la dépense publique et de la réforme de l’Etat.

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