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Traque à Strasbourg : révélations sur l’itinéraire de Chérif Chekatt
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Cafouillage des forces de l’ordre

Cafouillage, avant, pendant et après l'attentat du marché de Noël de Strasbourg.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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D'abord une incompréhension : comment M. Nunez, vice-ministre de l'Intérieur et ex-patron de la DGSI, peut-il douter de la nature hybride-terroriste, de Cherif Chekatt ? Le matin-même de l'attentat, ce dernier doit être arrêté à 6 heure du matin, pour affaire criminelle. Or selon des sources précises, les gendarmes opérant ce matin-là ont à leurs côtés des policiers de la DGSI. Ces derniers se déplacent-ils d'usage pour arrêter des voleurs de poules ?

Ensuite, une confusion fâcheuse, quelques instants, entre deux banlieues de Strasbourg au nom proche : Neudorf et Neuhof.

Surtout, une énorme question : dès la perquisition matinale chez Chekatt, qui est absent, les gendarmes transmettent à tous services de gendarmerie/police un avis d'individu recherché-dangereux-en-fuite, avec signalement et photo. Dès 7 du matin environ, le mercredi 12 décembre, la fiche d'alerte-recherche figure au premier niveau des terminaux fixes, portables ou tablettes, de tous les services. 

Accéléré avant. Vers 19h40 le même jour, Chekatt franchit le pont du Corbeau, (couvert par une caméra de surveillance), vers le centre-ville et le marché de Noël.  A l'orée de la rue "du Vieux marché aux poissons" menant au centre, un poste de surveillance de la police, avec camionnette et terminal permettant en direct de vérifier les identités. 

Comment Chekatt (portant une arme à feu et une arme blanche) signalé en fuite-dangereux, peut-il impunément passer ce contrôle vers 19h40 ? Et ouvrir le feu dix minutes plus tard ? Le point-de contrôle était-il bien en place ? La vidéo du Pont-du-Corbeau permettrait de vérifier ce point crucial - car bien sûr, si Chekatt y est bloqué, le massacre est évité.

Sur l'attaque même et la riposte qui s'ensuit, un expert de haut niveau en matière d'armes à feu m'écrit ceci : "On reste confondu de ce que, face à un tel dispositif (avant l'attentat, et après) un homme seul, armé d'un couteau et d'une arme antique (revolver 1892), puisse agir pendant 10 à 20 mn (donc en pratique, plusieurs rechargements d'un revolver à six coups) et enfin s'échappe après au moins deux échanges de tirs avec les forces de sécurité, sans avoir mis hors d'état de nuire".

Malgré tout, il est certain désormais que Chekatt est blessé. Une balle de 5.56 Famas à haute vélocité, au coude - donc un bras inerte.

Deux signalements de sa présence en Allemagne, non confirmés, n'écartent pas la crainte majeure des services : que Cherif et son frère aîné S... encore libre et, disent ces services, plus fanatique encore que Cherif, ne soient réfugiés, autour de la ville-même, chez des Tchétchènes de Strasbourg. 

D'abord, la fort complexe fratrie Chekatt. le père (curieusement prénommé Ange-Gabriel pour un musulman d'origine algérienne) a eu plusieurs femmes et une ribambelle d'enfants dont certains, comme S..., plutôt problématiques.

Surtout, la redoutable nébuleuse salafiste des environs de Strasbourg, dont provient notamment Khamzat Azimov qui, en mai dernier, assassine au nom de l'Etat islamique un homme de 29 ans dans le quartier de l'Opéra à Paris.
Le projecteur était alors braqué sur ce foyer djihadiste tchétchène, notamment sur deux frères, Abdulhakim et Abdulmalik Anaiev, signalés, malgré leur jeune âge, comme aguerris et dangereux (FSPRT, fiches S, etc.). 
Si tel était le cas, chercher Cherif et peut-être son frère, parmi des fanatiques issus d'un pays longtemps en guerre civile, serait tout sauf une affaire facile.

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