Macron : il y a vraiment des choses qu’un Président ne devrait jamais dire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Macron : il y a vraiment des choses qu’un Président ne devrait jamais dire
©LUDOVIC MARIN / AFP

Le juste mot

Après un long silence, le président de la République va s'exprimer ce lundi soir à la télévision. L'occasion de ne pas commettre les mêmes erreurs langagières commises auparavant.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

Voir la bio »

Au bout de dix-huit mois de pouvoir, le pouvoir macronien est à l’agonie. L’ampleur du soutien populaire aux « Gilets jaunes » traduit évidemment un désespoir profond lié à la dégradation toujours plus grande des conditions de vie matérielle d’un bon nombre de nos concitoyens. Mais il veut dire aussi autre chose.

Disons-le tout net : on ne peut pas comprendre l’effondrement brutal de la popularité du Président de la République sans ajouter une dimension émotionnelle forte. La rupture totale du lien entre Emmanuel Macron et les Français est une affaire d’amour et de haine. Pour nous, l’erreur fondamentale de l’élection de 2017 aura été de porter à l’Elysée un Président qui n’aime ni la France, ni les Français. Son échec, désormais avéré aux yeux des plus crédules, était certain.

En 2017, dès la campagne électorale, il régnait sur la campagne du candidat « en marche » un sentiment diffus de malaise avec la perception d’un candidat à la fonction suprême en France qui n’aimait pas la France. C’est ainsi qu’il fallait saisir ses déclarations scandaleuses et sans aucune nuance sur la colonisation et les crimes contre l’humanité. Il déclara encore qu’il « n’y a pas de culture française ». Certains voulaient y voir des dérapages sans conséquences. C’était en réalité le révélateur d’une personnalité et d’une pensée véritablement anti- nationales. Car qu’étaient les discours de campagne du candidat Macron, sinon des prêches illuminés sur l’amour de l’universalisme, de l’Europe fédérale et la réussite des start-uppers déracinés. Pour nous, rares à le dire à l’époque, tout était déjà écrit.

Malgré tout, une fois passée l’élection, les Français ont voulu donner sa chance au jeune Président. Pour un temps, l’opinion a salué le retour d’une incarnation verticale de la présidence de la République et le maniement, avec un certain talent, des symboles du pouvoir national français et de sa tradition historique (Versailles, le 14 juillet, le Louvre, le Fort de Brégançon, le discours aux Catholiques…). Mais déjà, beaucoup de gestes sonnaient faux, à commencer par la photo présidentielle, toute en arrogance, la relégation du bureau du général de Gaulle au rang d’un studio vidéo pour signer « à l’américaine » les textes de lois devant les caméras et la décoration de l’Elysée en hall d’hôtel aseptisé du monde global.

Ces signes avant-coureurs n’étaient rien avant que la personnalité profonde d’Emmanuel Macron ne reprenne vraiment le dessus et exprime ouvertement son désintérêt profond pour la France et son mépris pour bon nombre des Français. 

Très vite, le Président Macron nous a clairement signifié que son regard était porté sur des horizons bien plus lointains et exaltants que les médiocres réalités françaises. Quand a-t-on vu un président enthousiaste, exalté, inspiré et prêcheur ? Pour parler de l’Europe lors de discours fleuves (Athènes, la Sorbonne), de la réussite par l’argent et de la planète (« make our planet great again »), mais jamais pour la France, le pays dont pourtant un Président de la République a d’abord et avant tout la charge. Ce dédain pour la France est naturel dès lors qu’elle se rapporte à la dimension nationale que Macron entend rejeter dans toutes ses dimensions (les frontières, la culture, la fierté,) au nom de la lutte contre l’esprit de « fermeture » et de « repli sur soi ».

Emmanuel Macron est allé encore plus loin, en prenant la parole publiquement, à plusieurs reprises depuis l’étranger, pour critiquer vertement la France et les Français. A l’ONU, en septembre, il désigne la France comme un pays ayant « fait beaucoup d’erreurs ». Au Bundestag, il y a quelques semaines, il condamne le « rapport à la règle » des Français et vante l’esprit de discipline allemand, révélant ainsi la tendance naturelle d’une certaine élite française à se soumettre à l’Allemagne par détestation de son propre pays. Au Danemark, il moque les « Gaulois rétifs au changement ». Plus tôt, il avait tancé un chômeur qui peut « trouver un travail en traversant la rue » et déclaré sans aucune précaution que les gens qui ne font pas d’argent « ne sont rien ». 

C’est avec une véritable hargne qu’Emmanuel Macron s’est efforcé de saper les symboles et les occasions de fierté nationale. Sa récupération de la victoire française en Coupe du monde de football fut honteuse, privant la foule de la célébration de ses héros. Son discours du Vel d’Hiv, en juillet 2017, fut d’un simplisme idiot et d’une violence hallucinante (Vichy, c’était la France), sur un sujet qui porte au cœur de la mystique nationale et qui mérite beaucoup de tact. L’affaire Benalla, la fête de la musique, ont été aussi ressenties comme une désacralisation du pouvoir présidentiel.

Au fond, le pays commence à se rendre compte que l’élection de 2017 n’a été qu’une grossière erreur de casting. Comment peut-on qualifier autrement l’arrivée à l’Elysée d’un Président de la République française dont rien, ou si peu, dans ses idées, ses attachements idéologiques et ses rêves d’avenir n’accorde la moindre importance à la nation française ? Depuis dix-huit mois, Emmanuel Macron s’est comporté comme un patron venu d’ailleurs, sans aucun attachement particulier au pays dont il a la charge et aux habitants qu’il a la responsabilité de protéger. Comment bien gouverner son pays sans l’aimer et sans le lui dire ? Comment convaincre les citoyens de le suivre et d’accepter des efforts si ce n’est pas pour s’occuper d’abord et avant tout de leur pays, de leur patrie, de leur réalité ? Emmanuel Macron n’a de grands mots que pour l’ailleurs, l’étranger, le global. Cette négation du national a viré à l’acharnement. 

La haine qui s’exprime dans nos rues à l’encontre du Chef de l’Etat, bien loin de rester circonscrite aux casseurs et autres voyous que notre Etat faible tolère depuis trop longtemps, traduit cette incompréhension radicale du peuple français à l’égard d’un Président (et d’une élite globalisée qu’il incarne de manière chimiquement pure) qui n’a jamais aimé son pays. 

La leçon des derniers jours est bien qu’il n’est pas de changement possible dans notre pays sans une fidélité des gouvernants à ce qui fait la France. On ne gouverne bien la France qu’en assurant d’abord les Français que la grandeur du pays et le bien être du pays sont bien les seuls critères pour conduire une politique. C’est en rassurant les Français sur leur valeur, c’est en les aimant, que les responsables publics remettront la France sur le chemin de la réussite. L’équipe actuelle en est, hélas, radicalement incapable. Il faut donc en changer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !