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Macron ou Gilets jaunes, qui aura marqué des points ce soir dans la bataille des légitimités ?
©LUCAS BARIOULET / AFP

3e samedi jaune

Aujourd’hui venus de toute la France, des milliers de Gilets Jaunes ont convergé vers Paris, en route vers l’Elysée. A 10h du matin, ils sont déjà plus d’un millier sur les Champs Elysées. Chantant la Marseillaise. Ce chant de guerre des révolutionnaires de 1789 les porte. Ils avancent face aux CRS aux cris de « Macron démission! ».

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Force est désormais de constater que le « ni droite, ni gauche » du mouvement En Marche d’Emmanuel Macron a conduit la France au chaos. Ou alors, à un peu plus d’an après son élection, à la dissolution de l’Assemblée nationale comme le proposent la plupart des Gilets Jaunes. Cette République qualifiable de centriste, réformiste et techniciste, « on n’en veut plus », disent-ils. 

La France des plus démunis des classes moyennes qui ne finissent pas les fins de mois, rejointe par celle des restos du coeur et soutenue par près de 80% des Français, est en colère.

La France a mal, la France souffre, et quand l’Etat-Providence se meurt, l’Etat-nation se révolte.

Mais la situation est tristement claire. Personne ne peut plus douter que l’Elysée, le gouvernement et sa majorité ont opté pour un bras de fer contre ce mouvement populaire : 80.000 forces de l’ordre mobilisées dont 8000 déployées à Paris. Durant la semaine qui vient de s’écouler le silence assourdissant du Président de la République et l’impression laissée par Edouard Philippe d’avoir à regret lâché du leste sur les taxes, le pouvoir a choisi l’affrontement. La voie sécuritaire plutôt qu’une réponse politique.

D’abord la guerre ensuite l’annonce ? Le Président de la République a fait savoir qu’il parlerait en début de semaine prochaine.

Dans un premier temps,  il a décidé de relever le défi et fait le choix funeste du jusqu’au boutisme, malgré les alertes sur les dangers de cette troisième grande manifestation.

Au Paris brulé, Paris saccagé, Paris dévasté du samedi 1er décembre répond, ce 8 décembre, un Paris barricadé par les forces de l’ordre et des dizaines de véhicules blindés, inspectés hier par Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur.

En ce troisième samedi de mobilisation la capitale semble déclarée ville morte. Encerclée par les barrages des dispositifs de sécurités qui bloquent quatorze quartiers déclarés « à risque ». En prévention d’une émeute que le pouvoir anticipe sanglante : « comme je dis la guerre ça fait peur, mais ils y sont allé quand même » répond Baptiste au journaliste qui l’a interrogé dans le bus qui le conduisait très tôt ce matin depuis Roanne à Paris, avec deux fois plus de Gilets Jaunes que samedi dernier.

Barricadé en son Palais de l’Elysée, entouré d’un énorme dispositif de forces de sécurité, Emmanuel Macron entend bien résister à ceux que ces ministres appellent les « séditieux » les « factieux »  les « putschistes », ces milliers d’hommes et de femmes venus manifester, à la fois, leur rejet de sa politique et leur volonté d’en finir avec ce que Macron a voulu remplacer : les élites politiques et les partis, mais aussi les syndicats, la droite et la gauche.

A-t’il conscience aujourd’hui d’avoir préparé le terrain à ceux qui l’affrontent aujourd’hui ? Les extrêmes, les ultras de droite et de gauche et le peuple Français tout entier, dont, au fond, les Gilets Jaunes sont devenus une sorte d’avant-garde révolutionnaire?

L’histoire se rappellera que le Président et le gouvernement ont fait le choix funeste du jusqu’au boutisme, malgré les alertes sur les dangers de cette troisième grande manifestation avec marche sur la capitale là où vit celui que le peuple au Suffrage Universel.

Tout se passe en réalité comme si le Président de la République était incapable de comprendre le sens historique de ce qu’il a provoqué par sa gouvernance ses choix politiques : son fameux cap écologiste d’une relance économique fort maladroitement menée.

Gouverner n’est pas gérer, telle est la leçon qui lui est infligée après seulement 18 mois de pouvoir. L’entendra-t’il ?

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