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Baisse du prix du pétrole : Arabie saoudite et gilets jaunes même combat ?
©Reuters

Atlantico business

Les prix du pétrole ont beaucoup baissé depuis un mois. Les pays pétroliers ont compris qu’il leur fallait garder leurs clients.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si la revendication première des Gilets jaunes porte sur l’abaissement de la facture énergétique, la baisse du prix du baril depuis un mois devrait théoriquement sauver la mise au gouvernement. 
En moins d’un mois, les prix ont baissé de plus de 20%, passant de 86 à 60 dollars du baril. Ce qui aurait de quoi amortir et même effacer la totalité de l’effet de la taxe carbone. Alors, les économistes sérieux vont nous expliquer que cette baisse du prix du pétrole est liée à un affaissement de la demande, notamment dans les pays émergents dont la Chine. Le ralentissement économique est lié à l'effet de cycle, lié aussi et surtout aux menaces de protectionnisme qui pèsent désormais sur le commerce mondial. Toujours est-il que la demande en provenance de Pékin a beaucoup, beaucoup baissé. 
La demande étant notoirement inférieure à l’offre, les pays producteurs peuvent toujours réduire leur offre. Ça ne change pas grand chose à la tendance lourde à long terme.
D’autant, et c’est l’élément nouveau, que tous les pays de l’OPEP, l’Arabie saoudite en tête, ont très bien compris que le monde développé s’était engagé dans une transition énergétique dont le but numéro un était de s’affranchir des énergies fossiles, comme le charbon et surtout le pétrole. 
Les pays producteurs ne peuvent pas ne pas avoir compris que le monde occidental s’engageait vers d’autres sources d’énergie qui produiraient de l’électricité. Aussi, ils savent que les constructeurs automobile travaillent d’arrache pied à convertir la circulation automobile au tout électrique. 
Ajoutons enfin que les pays producteurs ont compris que cette transition énergétique vers l’électrique était poussée par les consommateurs eux-mêmes et qu’elle était inéluctable. Ils ont bien compris que la majorité des peuples occidentaux étaient coincés entre le prix de l’énergie et les taxes de transition. 
Or, cette transition est aujourd’hui de très mauvaise augure pour tous les pays qui vivent de la rente pétrolière, parce qu’il est évident que le passage au tout électrique des voitures automobiles va hypothéquer leur rente, alors même qu’ils n'ont pas engagé l'évolution de leur propre modèle économique. 
La transition énergétique de l’Occident, puis des pays émergents, est une très mauvaise nouvelle pour l’Arabie saoudite et pour tous les pays du Golfe. 
D‘où la nécessité pour eux de tout faire pour la retarder. Plus longtemps ils pourront vendre du pétrole, plus longtemps ils pourront profiter de leur rente. Le problème n’est plus l’épuisement des réserves naturelles, le problème pour eux, c’est l’extinction de la demande. 
Les pays producteurs de pétrole ont donc tout intérêt à retarder la transition énergétique, et le meilleur moyen est encore de modérer et de stabiliser leur prix. 
A la limite, l’Arabie saoudite et les Gilets jaunes ont la même préoccupation, le même combat. Les producteurs doivent tenir les prix pour que les acheteurs supportent les factures et continuent à acheter. 
Du même coup, en baissant le prix du pétrole, les pays de l’OPEP rendent un sacré service à Emmanuel Macron. Si toutefois la revendication principale porte encore aujourd’hui effectivement sur le prix jugé excessif du gasoil.

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