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COP 24 : comment gérer désormais le défi climatique en pleine crise existentielle du multilatéralisme ?
©GUILLAUME SOUVANT / AFP

Climat de rejet

A l'heure du rejet des instances multilatérales, harmoniser le combat contre les émissions de gaz à effet de serre est une gageure.

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal

Jean-Paul Maréchal est Maître de conférences en Science économique à lUniversité Paris Sud. Il est l'auteur de l'ouvrage Chine/USA. Le climat en jeu, Paris, Choiseul, 2011, 116 p.

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Atlantico : Le climat et la lutte contre le réchauffement climatique sont par définition un enjeu mondial. A l'heure du rejet des instances multilatérales, comment harmoniser ce combat contre les émissions de gaz à effet de serre ?

Jean-Paul Marechal : Il faut faire attention. Je ne suis pas sûr qu'il y ait un rejet global des instances multilatérales. Les Etats-Unis ont décidé de sortir de l'accord de Paris mais pour l'instant ils restent les seuls dans ce cas.

Les Etats-Unis sont sortis de l'accord de Paris mais on observe un grand nombre de villes et d'entreprises américaines qui ont affiché leur volonté de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et ont décidé de s'en tenir aux accords de Paris. Ensuite, la Chine a un comportement qui prête à discussion. En interne, elle semble avoir pour objectif de se conformer à ses engagements. Même si on peut noter des efforts, il convient aussi de souligner qu'elle continue d'exporter des centrales à charbon et délocalise une activité industrielle polluante. Quant au Brésil, on verra bien ce que cela va donner mais l'élection de Bolsonaro est effectivement inquiétante.

Mais même si le contexte est inquiétant, le rejet des instances multilatérales reste relatif.

Légiférer sur l'interdiction du charbon au niveau européen pourrait-il faire pencher la balance dans le bon sens ?

Si l'on interdisait le charbon au niveau européen, ce serait plutôt une bonne chose, mais force est de constater que l'on est loin du compte. Les grands pays charbonniers comme la Pologne auront du mal à franchir le cap et ceux qui, comme l'Allemagne après Fukushima, ont décidé de fermer leurs centrales nucléaires au profit des centrales à charbon seront difficiles à convaincre.

Les énergies renouvelables pâtissent de leur faible rendement par rapport au charbon. S'orienter vers un nucléaire plus efficace et compétitif ne serait-il pas un moyen de convaincre les pays pollueurs agissant souvent par simple pragmatisme ?

En France, les énergies renouvelables ne permettent pas de réduire les émissions de CO2 liées à la production d'énergie puisque notre production d'énergie ne dépend pas de ressources carbonnées. En gros, vous pouvez mettre autant de panneaux solaires que vous voulez, cela ne réduit pas les émissions de CO2 liée à la production d'électricité puisqu'elles sont dans leur quasi-totalité déjà produites par des énergies qui n'émettent pas de CO2 : le nucléaire, l'éolien, le salaire, l'hydroélectrique. Nous n'avons que deux grosses centrales à charbon qui vont être fermées : c'est insignifiant.

En revanche dans un certain nombre de pays comme l'Allemagne où le mix énergétique est plus carbonné qu'en France, les énergies renouvelables sont une des solutions possibles. L'idée pour ces pays serait de modifier leur mix énergétique, mais à partir du moment où l'Allemagne a renoncé au nucléaire, il ne lui reste plus que les énergies renouvelables. Et le charbon. Les Allemands sont coincés en ne s'étant pas donné un moment de respiration avec le nucléaire. Ils sont obligés de palier la production par le nucléaire par la production par le charbon.

Le nucléaire peut-il être plus séduisant ?

Le nucléaire est séduisant pour les Chinois. Ils ont un mix énergétique global fondé à 66% sur le charbon. Ce qui signifie que leur électricité est produite à plus de 80% avec du charbon. Comme ils veulent lutter contre la pollution de l'air, il va falloir fermer des centrales à charbon ou mettre en place des centrales à charbon qui capte le CO2 et les poussières, ce qui signifie une diminution du rendement. Cela demande des investissements considérables. Le choix des Chinois est de diversifier leur mix énergétique pour réduire la part de charbon et augmenter la part de ce qu'ils appellent les énergies vertes. Les Chinois mettent le nucléaire dans les énergies vertes. Il ne faut renoncer à aucune source de production d'électricité.

De plus, il faut savoir qu'en matière de production d'électricité, il y a des sources pilotables et d'autres non. L'éolien et le solaire n'est pas pilotable, il dépend des conditions météorologiques. C'est pourquoi ces énergies demandent 4 Gigawatt de capacité de production pour 1 gigawatt de produit. Les sources pilotables demandent 1 Gigawatt de capacité pour 1 gigawatt de produit. Comparer les deux sources, pilotables ou non pilotables, n'est pas faisable. C'est un élément de complexité supplémentaire. 

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