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La PMA pour toutes ou la tentation du « meilleur des mondes »
©LOIC VENANCE / AFP

Dystopique

La question de l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes mérite une réflexion menée au-delà des considérations religieuses et des clivages politiques.

Valérie Debord

Valérie Debord

Valérie Debord est 1ere Vice-Présidente de la Région Grand Est.

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S’opposer à la PMA pour toutes ne constitue pas de facto un enfermement dans une posture hostile au progrès. Une question aussi complexe qui comprend des aspects issus à la fois de la science, de la sphère de l’intime, du droit et de l’éthique ne doit pas faire l’objet d’un procès simpliste et obscène. Nous avons, au contraire, le devoir de nous affranchir de la dichotomie entre « réacs » et « progressistes » et de conduire un débat exempt de toute instrumentalisation partisane.

Aujourd’hui, la médecine dans sa stricte mission de réparation permet de  corriger une incapacité ou une pathologie dans le cadre d’un couple hétérosexuel. La généralisation de la PMA consisterait à aller au-delà de cet objectif en remettant en question de manière radicale la nature même de l’intervention médicale. Il reviendrait ainsi à faire perdre à la médecine sa qualité curative et à établir un « droit à l’enfant » pour tous.
Dès lors, la satisfaction d’un désir d’avoir un enfant se placerait au-dessus de toute préoccupation quant à l’avenir de celui-ci. Pourtant, certaines inquiétudes sont majeures et doivent être placées au cœur de nos réflexions. La création, délibérée, d’orphelins de père ne peut être considérée comme un progrès pour la société.

Il est primordial de rappeler l’importance du rôle paternel dans le développement de l’enfant. 

L’amour qui lui sera donné, aussi fort soit-il, ne sera jamais en mesure de pallier l’absence de représentation du père et la nécessaire altérité qui participe de la construction d’un enfant.

Méconnaître ou ignorer cela risque de générer des conséquences néfastes et des répercutions incertaines. Nous devons donc placer l’enfant au centre de ce débat en veillant à ce que la primauté des « droits de l'enfant » sur l’inconcevable « droit à l’enfant » soit sauvegardée.

Invoquer « l’égalité » comme fondement de la revendication pour la généralisation de la PMA à toutes les femmes me paraît inopportun voire dangereux. En effet, nous avons ici la responsabilité de ne pas confondre certaines notions en vue d’éviter de commettre des erreurs sur une question sociétale d’une telle ampleur. La procréation ne constitue pas un concept en rapport avec l’égalité. En l’espèce, il est difficile de penser que les hommes seuls puissent faire des enfants de même que les femmes seules puissent devenir parturientes sans intervention masculine. 

La nature, telle qu’elle est faite, n’est pas dans « l’égalité » mais exige la complémentarité. 

L’heureuse prise de conscience de la nécessité de la préservation des richesses de la nature et de notre environnement a incité nos sociétés à adopter de nouveaux comportements qualifiés d’écologiques, il serait paradoxal que parallèlement à cette prise de conscience l’Homme contrevienne à cet ordre naturel par un artifice technologique au nom de cette pseudo égalité.

Il y a une contradiction absolue à militer pour la préservation du milieu face à certains  errements du progrès scientifique et de l’innovation, et à vouloir dans le même temps bousculer les règles naturelles élémentaires de la procréation. Ce sont malheureusement souvent les défenseurs revendiqués de l’écologie qui versent dans ce paradoxe. 

Ce constat doit à mon sens nous alerter sur l’orientation et les décisions que nous sommes amenés à prendre sur l’espèce humaine. N’agissons pas uniquement au nom de l’égalité et du progrès, mais au contraire, revenons aux fondamentaux et fixons les limites pour éviter toute dérive potentiellement irréversible.

Évitons que les hérauts de la bonne conscience deviennent les créateurs du « Meilleur des mondes ». 

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