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Incendies d’enfer en Californie : 5 mythes sur les feux de forêts
©Reuters

Fake

Des incendies de forêt font actuellement rage en Californie. Plus tôt cette année, une série d'incendies sur la côte grecque a tué 99 personnes, le plus meurtrier au monde depuis 2009. Mais à mesure que les incendies se multiplient, il en va de même pour les idées fausses les concernant.

Julien  Ruffault

Julien Ruffault

Julien Ruffault est chercheur postdoctoral au LABEX OT-Med (Objectif Terre - Bassin Méditerranéen).  Son travail concerne spécifiquement l’impact des changements globaux sur les incendies de forêt dans le bassin Méditerranéen.

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Atlantico : Parmi les différents mythes en rapport avec les incendies on cite notamment l'abattage comme moyen de les prévenir. Est-ce efficace ?

Julien Ruffault : C'est ce qu'on appelle le "logging", c'est une sorte d'entretien des forêts qui consiste à gérer le risque incendie en s'occupant principalement de la biomasse disponible. On coupe une partie des arbres ou on débroussaille. Les feux seront ainsi moins intenses et plus facilement contrôlables. Cette technique peut fonctionner à petite échelle autour des habitations ou dans des endroits critiques. On le fait en France mais c'est très compliqué à mettre en place par exemple à l'échelle de la Californie où l'on a des millions d'hectares potentiellement inflammables.

On a l'image d'une hausse de la fréquence et de l'intensité de ces incendies. Est-ce une impression réelle ?

Oui elle est réelle, pas partout mais dans certaines régions du monde elle est bien réelle et documentée. C'est notamment le cas en Californie. Ce n'est pas tant le nombre en lui-même qui est inquiétant mais plutôt le nombre d'incendies dits "extrêmes". On a montré que dans certaines régions du globe, on avait vraiment une augmentation significative de ce nombre d'incendies extrêmes.

Les causes sont variables et dépendent grandement de la région ou de l'écosystème concerné. La Californie, notamment, est une région très étudiée. Il y a de nombreux moyens investis sur les recherches – c'est moins le cas depuis Donald Trump – et les chercheurs américains ont pu démontrer que globalement on pouvait pointer trois causes majeures à cette augmentation d'incendies extrêmes.

La première c'est le changement climatique. Il a été montré que des températures plus hautes augmentaient la sécheresse de la biomasse et favorisaient donc des incendies plus extrêmes. C'est typiquement le cas avec les incendies qui viennent d'avoir lieu en Californie où les conditions de sécheresse ont atteint des niveaux jamais observées sur les 50 dernières années, soit depuis qu'on a des relevés fiables. Le deuxième effet de la hausse des températures est qu'elle créé de la matière morte sur pieds, qui est très favorable aux incendies. La troisième raison est l'allongement de la saison de feu. Vu qu'il fait chaud plus longtemps, la saison de feu est plus grande, tout simplement.

Une autre cause concerne le contexte particulier des Etats-Unis. Ils ont développé une politique très forte de suppression totale des incendies. Mais depuis les années 70/80, on a remarqué une recrudescence des incendies extrêmes et nous avons pu mettre en évidence qu'une des causes de cet accroissement est que la suppression totale des incendies provoquait une accumulation de biomasse dans des forêts plus denses. Lorsque le feu passe là, il est beaucoup plus intense et donc incontrôlable.

Le facteur humain est enfin un facteur crucial. Il y a plus d'humains et de manière plus homogène sur le territoire. Le nombre de foyers potentiels d'allumage d'incendies augmente donc et les dangers pour les humains aussi.

Ces feux de forêt, sont-ils seulement néfastes ou ont-ils leurs vertus dans l'équilibre de l'écosystème ?

Dans un certain nombre d'écosystème adaptés au feu, les incendies ont toujours régulé et dirigé l'évolution des plantes et des animaux. On a de nombreuses espèces dans la région méditerranéenne qui sont représentatives de ce qu'on appelle des espèces pyrophytes (adaptées au feu) : les pins d'Alep par exemple qui libèrent leurs graines après un incendie.

Les incendies permettent aussi de maintenir une diversité des environnements avec des milieux ouverts, semi-ouverts ou fermés. De nombreux facteurs qui permettent de conserver la biodiversité. Ensuite la question est de savoir en quoi la modification de la fréquence ou de l'intensité de ces incendies va perturber ces équilibres. Cela reste une grande question qui est en rapport avec le coût que l'on considère pour l'homme : comment concilier à la fois le maintien de cette biodiversité et l'activité humaine.

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