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Six Français pour dix veulent la fin de l’emploi à vie des fonctionnaires et… se trompent non pas de réponse mais de question
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Sécurité de l'emploi

59 % des Français sont favorables à la fin de l’emploi à vie dans la fonction publique, selon un sondage récent. Mais ne faut-il pas différencier les fonctionnaires dont l'emploi à vie est légitime, de ceux dont il ne l'est pas ?

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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Selon un baromètre Odoxa pour BFM Business, Challenges et Aviva Assurances, publié ce jeudi, 59 % des Français sont favorables à la fin de l’emploi à vie dans la fonction publique. Selon vous, quels sont les fonctionnaires dont le statut à vie vous semble légitime, utile ?

Aurélien Véron : Absolument aucun. L'Etat et doit être considéré comme un producteur de services comme un autre, un petit nombre de domaines très spécifiques tels que celui de la justice mis à part. Par conséquent sa gestion financière et le management de son personnel ne devraient pas être différents de ceux des meilleures entreprises de service privées. L'Etat doit pouvoir aussi bien se séparer d'un agent qui ne fait pas son travail correctement, que réorganiser, voire supprimer des services administratifs devenus inutiles. Ou parfois tout simplement moins avantageux que le secteur privé en termes de qualité et de prix. Les citoyens contribuables méritent de bénéficier du meilleur rapport qualité/prix.

Aligner le statut public sur le contrat de droit privé présenterait de nombreux avantages tant pour l'emploi que pour la retraite ; y compris pour nombre de fonctionnaires. Les allers et retours du secteur public au secteur privé seraient facilités, ainsi que la mobilité au sein des différentes fonctions publiques, pas toujours simples aujourd'hui. Sujet récurrent en France, la peur du chômage engendre celle de perdre son emploi. Mais on oublie que des millions de Français sont malheureux dans leur emploi, les fonctionnaires ne font pas exception. Ils s'y accrochent par peur de ne pouvoir en retrouver ailleurs. Faire tomber les barrières statutaires qui limitent les possibilités d'évolution individuelle créerait de formidables opportunités pour les plus dynamiques d'entre eux. Cela engendrerait aussi de salutaires remises en questions chez ceux qui ne sont pas à leur place dans l'organisation actuelle. 

En contrepartie de la perte de la sécurité de l'emploi, l'Etat et les collectivités devraient s'engager sur deux points importants. Moins de fonctionnaires mieux payés signifie que les salaires du secteur public devraient être alignés sur le standards du privés par souci d'équité. Par ailleurs en cas de restructuration collective d'un service, le recours à des  cabinets de placement performants devrait aider chaque salarié concerné à rebondir . 

N'y a-t-il pas pourtant des fonctionnaires avec des missions spécifiques, pour qui un statut à vie pourrait avoir plus de sens ?

Bien sûr, certaines fonctions périlleuse exigent des agents qu'ils puissent mettre leur vie en danger. Des garanties particulières doivent être par conséquent fournies par l'employeur pour les couvrir ainsi que leur famille. Mais de tels engagements, aussi nobles soient-ils, ne justifient pas pour autant l'emploi à vie pour toutes les raisons évoquées plus haut. 

D'autres missions, enfin, exigent une réelle indépendance du pouvoir politique. C'est le cas de la magistrature. Un statut protégé de toute influence politique s'impose dans ces cas très spécifiques afin qu'un juge ou un policier enquêtant sur des affaires sensibles ne puissent être licencié par le pouvoir en place. Cela ne justifie pas plus l'emploi à vie, ni l'effet désastreux de ce principe sur les mentalités et le repli corporatiste. L'Etat devrait par exemple pouvoir embaucher comme juges nombre des vétérans aux carrières judiciaires reconnues plutôt que des jeunes démarrant sans expérience de la vie au sortir de l'école. En revanche, les suppressions d'emplois dans les domaines devraient être supervisées directement par la représentation nationale et assorties de garanties de procédure solides. 

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