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Comment Valéry Giscard d'Estaing a réussi à casser les codes monarchiques de la présidence tout en entretenant un étrange et complexe rapport à l'histoire de France
©JEAN-CLAUDE DELMAS / AFP

Bonnes feuilles

De Louis XVIII à la victoire de François Fillon lors de la Primaire de 2016, à travers l’avènement du général de Gaulle en 1958 ou bien encore avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, Jérôme Besnard revient sur deux cents ans de déchirements, de réconciliations et d’unions des conservateurs en France dans le cadre de son dernier ouvrage, "La droite imaginaire, de Chateaubriand à François Fillon" publié aux éditions du Cerf. Il revient notamment sur l'histoire, l'identité intellectuelle, artistique et culturelle partagées par cette famille politique. Extrait 2/2

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard

Jérôme Besnard est journaliste, essayiste (La droite imaginaire, 2018) et chargé d’enseignements en droit constitutionnel à l’Université de Paris.

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Au‑delà de sa mise en pratique du libéralisme avancé, l’homme appelle un jugement plus nuancé. C’est ce qui explique qu’un vrai conservateur comme l’ancien ministre de la Défense Charles Millon reste envers et contre tout fidèle à l’homme qui l’a lancé en politique à la fin des années 1970, comme lui était resté fidèle le député‑maire monarchiste de Charenton, Alain Griotteray : « Je suis giscardien parce que Giscard est le plus intelligent, comme j’étais gaulliste parce que le Général donnait de la grandeur à tous ses gestes. » 

Étrange et complexe rapport à l’histoire de France que celui de Giscard, préoccupé de ses châteaux, capable d’expliquer dans Le Point, en juillet 2015, que les islamistes de l’État islamique ayant détruit les ruines de Palmyre sont des parents idéologiques des révolutionnaires de 1789 martelant les armoiries et les fleurs de lys des manoirs et des églises, fier d’avoir épousé une descendante de Charles X par une des filles du duc de Berry et d’Amy Brown. Avec le comte de Paris ce sera toujours l’incompréhension : Giscard lui refuse les marques de respect qu’adressait régulièrement de Gaulle au chef de la Maison de France. Dans le même temps, Giscard casse les codes monarchiques de la présidence, en commençant par la photo officielle où il a abandonné l’habit et le collier de grand‑maître de la Légion d’honneur : « Avec Giscard, la subversion des codes n’est pas le simple caprice d’un homme épris d’innovation, elle traduit un changement de perspective, un glissement du centre de gravité. Plus de signe d’apparat, ni de décoration apparente, le nouveau président plastronne en costume de ville. La verticalité a pris congé de l’image présidentielle qui se donne à voir dans les grandes largeurs du format télévisuel. La République descend de la cimaise pour se répandre sur les écrans. » Aristocrate de cœur et de tempérament, Giscard est évidemment de la veine de Tocqueville et non de celles de Bonald ou de Chateaubriand. Cette filiation tocquevillienne, il la revendiquera notamment le 5 décembre 1980 à Valognes, lors de la remise du Prix Tocqueville au sociologue David Riesman.

Extrait de "La droite imaginaire, de Chateaubriand à François Fillon", de Jérôme Besnard, publié aux éditions du Cerf.

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