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Pourquoi la part de Neandertal demeurée présente chez les hommes d'aujourd’hui pourrait bien être un antivirus venu du fond des temps
©Allociné / Jacques Malaterre

ADN

Un article scientifique publié dans la revue Cell en octobre 2018 et signé des chercheurs américains Dmitri Petrov (Stanford) et David Enard (Université de l'Arizona) montre que le brassage génétique entre l'homme de Neandertal et l'Homo Sapiens ont eu pour conséquence de renforcer les capacités immunitaires des populations issues de cette rencontre il y a environ 40 000 ans. L'homme de Neandertal nous permettrait-il aujourd'hui de faire face à la grippe ?

Lluis Quintana-Murci

Lluis Quintana-Murci

Lluis Quitana-Murci est biologiste. Il dirige l'Unité de génétique évolutive humaine à l'Institut Pasteur. Il a également intégré le CNRS comme chercheur en génétique des populations humaines. 

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Atlantico : On a appris grâce à une étude publiée dans Science en 2010 que le patrimoine génétique de l'homme moderne, ou Homo Sapiens, est constitué à hauteur de 2% d'ADN néandertalien. Depuis, il importe pour les scientifiques de savoir quel est l'impact effectif de cet héritage sur notre phénotype. En quoi les travaux de Petrov et Enard apportent aujourd'hui une réponse à cette question ?

Lluis Quintana-Murci : Leurs travaux complètent merveilleusement d'autres travaux, dont les notres. Mais concrètement, les travaux de Petrov et Enrad ont montré d'une façon très élégante que le métissage de nos ancêtres avec Neandertal a introduit dans nos génomes des variations génétiques dans des gènes impliqués dans les réponses des virus ARN, comme la grippe.  

Ces travaux permettent assurément d'affiner notre connaissance de l'histoire de l'évolution humaine, permettent-ils également de progresser dans le domaine médical ? 

Tout à fait. En se focalisant sur une question purement fondamentale (l'introgression dans notre génome des segments d'ADN provenant de Neandertal), ça nous aide à identifier quels sont les gènes qui pourraient jouer un rôle dans nos défenses actuelles contre les infections, les virus à ARN en particulier. 

Quelles conséquences peut-on finalement tirer de cet ensemble d'études en ce qui concerne le rapport entre brassage génétique et survivance des populations humaines ?  

Que le métissage, le brassage, qu'il soit entre nos ancêtres les premiers hommes modernes en Eurasie et d'autres hominidés dont Neandertal ou simplement entre populations humaines modernes, est bénéfique. 

L'étude montre, au nombre de ses résultats, que les gènes protecteurs des infections virales issus de l'Homme de Neandertal sont présents chez tous les hommes modernes, à l'exception des Africains, dont les ancêtres ne se sont pas mélangés aux populations eurasiatiques. De tels résultats, et plus généralement tous les travaux scientifiques qui traitent de la génétique évolutionniste de l'homme, présentent-ils le risque d'être instrumentalisés par certains discours racialistes ?

Les racistes peuvent être racistes sans la génétique. Juste en regardant la couleur de la peau, ou même l'argent que l'on gagne, les gens avec des mauvaises intentions seront toujours là. En revanche, la génétique ne soutient en rien aucune théorie raciste. La génétique montre qu'il y a des différences surtout entre individus, et non pas entre populations. Et même s'il y a des différences entre populations (même quand on regarde le système immunitaire), il n'y a pas une hiérarchie dans ces différences (une "bonne" réponse immunitaire ou une "mauvaise" réponse immunitaire). 

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